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BUREAU DES ETUDIANTS

Facs bloquées : partiels ou pas ? Cinq scénarios possibles

Examens repoussés, délocalisés sur internet ou dans un bar… Pour sortir de la crise, les universités rivalisent d’imagination.
Photo : Frederick Florin / AFP

Oui, la fac de Tolbiac a été évacuée la semaine dernière. Mais cela ne signifie pas que le mouvement de blocage des universités s’essouffle. Au contraire, la dernière carte publiée par le syndicat Solidaire Étudiant montre que plusieurs facs sont encore entièrement bloquées comme celle de Censier, à Paris ou à Lyon, Marseille ou Lille – ou partiellement, comme à Brest ou à Besançon.

Alors que la saison des partiels approche (et a même parfois commencé), présidents d’universités et étudiants phosphorent tous azimuts pour trouver une solution qui permette de ménager les objectifs de chacun des protagonistes. Les présidents de facs veulent donner l’image d’une sortie par le haut, les étudiants grévistes espèrent que leur engagement politique ne les pénalisera pas et les non-grévistes, eux, craignent une dévalorisation de leur diplôme. Et puisque satisfaire des intérêts aussi irréconciliables relève de la mission impossible, il est fort probable que la solution retenue ne plaise, au final… à personne.

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Passage en revue des différentes pistes envisagées.

Option n° 1 : le semestre blanc

Ils sont pour. Les étudiants de l’université Paul Valéry, à Montpellier, ont voté lors de leur dernière assemblée générale en faveur du « 10 améliorable », autrement appelé « semestre blanc ». Le principe ? Donner la moyenne à tous les étudiants. Pas de partiel, et tout le monde valide son semestre. La piste a le mérite de ne pénaliser personne : les non grévistes auront leur diplôme et les bloqueurs peuvent continuer de participer au mouvement sans craindre le redoublement.

Il est contre. Patrick Dili, le président de l’université Paul Valéry, retiré en cellule de crise, a opposé une fin de non-recevoir aux demandes des étudiants.

Taux de probabilité : 0 %. Historien de l’éducation, Sylvain Wagnon est formel : « le 10/20 attribué automatiquement à tous les étudiants est un mythe ». Voilà, c’est dit.

Option n° 2 : organiser les partiels en ligne

C’est son souhait. Pour Patrick Dili, c’est LA parade pour que les partiels se tiennent malgré le blocage de sa fac. Une solution inédite qui aurait le mérite de ne pas pénaliser les étudiants qui voudraient s’inscrire dans d’autres filières et doivent pour se faire remplir et déposer leurs dossiers avant l’été.

Ils n’en veulent pas. Un choix « scandaleux » pour le Syndicat de Combat Universitaires de Montpellier (SCUM) qui dénonce une rupture du principe d’égalité devant le service public puisque, assurent-ils : « nous n’avons pas tous accès à un ordinateur ou une bonne connexion internet ». Le SCUM y voit même une sorte de « tri social » déguisé entre les étudiants.

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Probabilité : 10 %. L’option pose de nombreux problèmes techniques : « comment savoir si l’étudiant est seul derrière son ordinateur ? Ou s’il ne se sert pas d’un moteur de recherche pour s’aider pendant l’examen ? », s’interroge Isabelle Bon, professeur de droit à la fac de Lyon-2, où l’on réfléchit, là aussi, à un tel scénario.

Option n° 3 : le 20/20

Ils l’ont proposé. Le Comité de mobilisation de Nanterre l’a fait savoir très officiellement : « nous espérons l’annulation totale des partiels et la validation automatique de nos semestres, afin de nous libérer du temps pour militer contre la loi sur la sélection à l’université ». L’idée séduit certains étudiants : « ça serait la première fois de ma vie que j’aurai 20/20. Ma mère serait fière ! », fantasme Anouk, étudiante en deuxième année de droit à Nanterre.

Il l’a exclu. « Il n’y aura pas d’examen en chocolat », a assuré Emmanuel Macron, lors de son interview par Jean-Pierre Pernaut.

Taux de probabilité : Officiellement : 0 %. Officieusement : 50 % car les étudiants peuvent compter sur la complicité d’enseignants favorables au mouvement. A Nanterre, des chargés de TD de droit administratif ont ainsi déjà commencé à mettre des 16/20 à tout le monde.

Option n° 4 : délocaliser les examens

Ils l’envisagent. Plusieurs universités y pensent sérieusement. Reste à trouver le lieu : bibliothèque municipale ? Gymnase ? Bar du coin ? Toutes les options sont étudiées.

Ils préparent l’offensive. Sur le campus de Nanterre, ou l’option est envisagée, la réponse étudiante est claire : « on bloquera les lieux réquisitionnés, comme on a bloqué la fac », lance un gréviste qui préfère garder l’anonymat.

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Probabilité : 2 %. Quand Rennes 2 a organisé un examen dans une autre fac… les bloqueurs s’y sont déplacés et ont perturbé son déroulement.

Option n° 5 : repousser les exams

Ça les soulagerait. Les petites mains qui, en coulisses, tentent de réorganiser le planning des partiels. À Toulouse Jean Jaurès, l’administration a d’ores et déjà décidé de décaler les examens au mois de juin… voir à septembre si la fac n’est pas débloquée d’ici la.

Ça les déprime. Tous ceux qui espéraient profiter pleinement des traditionnels trois mois de vacances estudiantines – et qui vont devoir en sacrifier une partie pour réviser. Sans parler de ceux qui devront potasser le soir, en rentrant de leur job d’été.

Taux de probabilité : 80 %. En coulisses, la plupart des présidents d’universités misent sur une cession générale en septembre, dans un climat qu’ils espèrent (à tort ou à raison) plus apaisé.