Pêche écologique
Camille pêche à bord du ligneur « Les Alizées ». Toutes les photos sont de l'auteur.
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Avec ceux qui pêchent moins pour pêcher mieux

À bord de leur ligneur, Les Alizées, Breandan et Camille pratiquent une pêche qu'ils décrivent comme « écologique ».

Sur une mer d’huile, une coque verte vient tracer son sillon à la sortie du port de Lanildut, dans le Finistère, direction le large et l’île d’Ouessant. Ça n’est pas un voilier, mais le bateau Les Alizés qui fend l’eau, poussé par un vent nouveau dans la pêche artisanale. A bord, Breandan O’Gealladhain le patron, et Camille Omnes, son matelot, font une pêche qu’ils revendiquent
« écologique » : pêcher moins pour pêcher mieux.

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Concrètement, ils essayent de préserver les ressources de l’océan en respectant leur repos biologique. Ils cherchent aussi à réduire la souffrance animale en utilisant la technique japonaise Ikejime, de plus en plus répandue dans l’Hexagone. Cette technique d'abattage du poisson consiste à neutraliser le système nerveux de l’animal vivant avant de le saigner. Ce qui a pour effet de réduire le stress et la douleur du poisson tout en garantissant une chair de qualité.

Pêche écologique bateau nuit

Breandan et Camille chargent le bateau avant de partir en mer, port de Lanildut, juin 2020. Photo Vassili Feodoroff

Breandan est Irlandais. Avant de traverser la Manche il y a 10 ans, il était pêcheur à Dingle, sa ville natale. En France, il a d'abord bossé dans des pubs à Brest et dans les alentours, puis a renoué sur un ligneur avec l’activité qu’il a commencée adolescent. Breandan partait seul en mer sur L’Abalone jusqu’à ce que, suite à un dysfonctionnement du pilote automatique, le bateau s’échoue dans les cailloux à l’entrée du port et coule. Camille est lui un enfant du pays. Il était dans la conchyliculture [l’élevage des coquillages, NDLR] avant de revenir à la pêche, son premier amour. Les deux se sont naturellement associés pour travailler ensemble, de la conception à la mise à l’eau du bateau Les Alizés en décembre 2019.

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Camille lors de son quart en route pour le premier lieu de pêche à 4 heures de Lanildut.

Les Alizés est un ligneur, un bateau long de 8 mètres, petit et rapide, adapté à la pêche avec hameçons, ce qui permet à Breandan et Camille de mieux cibler les poissons et de ne choisir que certaines espèces en particulier. Le gros de la pêche se fait ainsi sur le lieu jaune, qu’on trouve notamment dans les « carcasses », ces épaves qui gisent sous les eaux de la mer d’Iroise. Pour Breandan, pêcher à l'hameçon permet d’être plus précis et d’éviter d’attraper des poissons qui ne seraient pas visés.

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Une fois sur zone, Breandan sonde les fonds afin de savoir où il peut lancer sa ligne.

De décembre à avril, les deux marins respectent la période de repos biologique du lieu et vont donc pêcher à la canne ou à la palangre (une autre technique de pêche à l’hameçon) pour viser d’autres poissons comme le congre ou des poissons de roche. Ils ont également pour principe de ne pas pêcher de bar, un poisson très demandé dont la pérennité est en danger.

Le poisson des Alizés est distribué et vendu localement, dans des supérettes, des restaurants et à la criée. À Saint Renan, à quelques kilomètres de Lanildut, Julien Marsault, chef du restaurant Partage et ancien étoilé (avec le restaurant du Château de Sable à Porspoder), se fournit essentiellement auprès de Breandan pour son poisson, invoquant sa pratique de l’Ikejime qui, selon lui, préserve bien mieux la qualité du poisson.

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