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Le city guide de Sam Partaix en banlieue parisienne

Loin des spots habituels de Paris, Sam nous a emmenés en banlieue à la découverte d'endroits méconnus assez excitants à skater.
Photos Vincent Coupeau

J'ai appelé le skateur Sam Partaix alors qu'il était en trip au Portugal avec la surfeuse Lee Ann Curren et deux autres pros pour tourner une vidéo qu'on peut suivre grâce au hashtag #radiocamping. Il m'a brièvement parlé d'un « Airbnb avec des camping-car », du Hellfest, le festival de metal auquel il se rend presque tous les ans avec son sponsor Antiz, et du concours Sosh Highlight, organisé par Sosh, un autre de ses sponsors. En plus des équipes de pros invitées par Sam, deux équipes de « wildcards » seront sélectionnées pour participer au concours. Afin de rejoindre les pros, il vous faudra filmer au smartphone une vidéo de deux minutes, aussi convaincante que possible.

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Du coup, pour filer un petit coup de main aux participants, Sam a décidé de présenter cinq de ses spots préférés en région parisienne. En 17 années de skate et vu sa carrière, Sam Partaix a eu l'occasion de faire rouler sa planche à peu près partout sur la planète, de sa ville de Tours à la Birmanie, mais les cinq clichés qui suivent ont tous été pris à quelques arrêts de RER de la capitale, par le photographe Vincent Coupeau. Et que ce soit à Paris ou à l'autre bout du monde, derrière les tricks et les spots, il y a une bonne anecdote à raconter. Voilà donc cinq spots pour vous inspirer… à vos risques et périls.

Au coeur des Fauvettes, une cité de Neuilly-sur-Marne (93). Photo Vincent Coupeau.

Sam Partaix : Ça, c'est dans une cité mais je me souviens plus où !
VICE Sports : C'est les Fauvettes, d'après le nom du fichier.
Ah ouais, c'est un ghetto de fou. Ce spot est connu parce que les anciens du skatepark de Chelles y allaient mais il se trouve que… Un jour, un skater s'est fait tirer dessus. Il y a un voisin qui n'a pas kiffé, il lui a tiré dessus. C'est un coupe-gorge, parce que t'es dans un carré : c'est entouré par la cité donc tu te fais caillasser et tout. Donc c'est vraiment un truc chaud, personne n'y va. Et nous, on est arrivés en bande : on était à peu près 12, avec des bières, des bons gaillards. On était bien nombreux, donc les gars nous ont regardé, on faisait le spectacle. Tout allait bien, mais les flics sont passés et ils se sont fait caillasser direct. Les gamins leur jetaient des cailloux et tout… Donc je pense que c'est pas forcément un spot à recommander aux enfants ! Mais c'est un spot incroyable, vachement photogénique, avec les courbes. Et ça permet vraiment de faire des images de folie.

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Rock n roll sur l'arête du mur à Sainte-Geneviève-des-Bois (91). Photo Vincent Coupeau.

Ça, c'est aussi dans une cité. Vincent m'a emmené là-bas, on pensait pas vraiment trouver un spot, mais il connaissait cette courbe et c'était parfait : on a réussi à faire une petite photo. J'étais content parce que c'était pas évident : la courbe est très petite, mais très raide, vraiment pas facile à skater.

C'est pour ça qu'on va en banlieue : c'est pour trouver de nouveaux spots, qui n'ont jamais été skatés. À Paris, dès qu'il y a un nouveau spot, tout le monde y va. Comme en ce moment avec République, tout le monde va là-bas depuis un an.

En banlieue, tu vas vraiment chercher les spots. Un peu comme tu peux le faire dans le surf ou le snowboard. Il faut essayer de trouver des spots qui n'ont pas trop été ridés avant. Et dans une ville, ça construit, ça détruit, donc il y a toujours de nouveaux trucs. Faut juste avoir des potes de banlieue, parce que sinon, c'est rare d'aller faire des tours à Sainte-Geneviève-des-Bois.

Un ceiling Wallride (ou wallride au plafond) à Bondy (93). Photo Vincent Coupeau.

Ce spot est assez récent. C'est à Bondy. C'est un spot magnifique dans un tunnel qui est emprunté par les piétons. Il y a une grosse route qui passe au-dessus. C'est au pied de la cité. Il vaut mieux y aller le matin, sinon t'as tous les dealers… Et quand tu as du matos photo et vidéo, ça fait un peu peur. Ce spot fait un peu flipper parce que tu sens que t'es pas forcément le bienvenu, mais étant donné qu'on skate et qu'on fait un peu les fous, les gamins regardent, ils sont contents. De l'autre côté du tunnel, il y a eu une bagarre entre des gitans la dernière fois, c'était assez flippant.

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J'y vais souvent parce que c'est un peu atypique. Ils ont eu du budget pour réaménager le quartier et ils ont fait un skatepark avec des belles couleurs, c'est jaune, orange et bleu et c'est vraiment bien pour le quartier, ça donne des couleurs.

Avec cette photo, j'ai fait la couv' du magazine européen Kingpin. J'ai posté une photo du spot sur Instagram et le rédac chef m'a demandé : « T'es pas chaud de faire wallride sur le plafond ? » Et je lui ai dit : « Ben je viens de le faire ! » Du coup, Vincent est rentré chez lui et lui a envoyé la photo ! Après, j'y suis retourné et je l'ai fait de l'autre côté, en front.

Layback Five O au coeur d'une cité à Villeparisis (77). Photo Vincent Coupeau.

C'était en plein été. Plein cagnard, personne dans la rue parce qu'il faisait trop chaud. Il y a des espèces de courbes naturelles, là-bas. On essaie de trouver des petits spots comme ça parce que ça permet de faire des photos originales, dans des quartiers un peu laissés à l'abandon. C'est aussi ça que je recherche dans le skate : découvrir des nouveau quartiers, de nouveaux spots. Donc on se met des motives en banlieue : on fait partie de ces gens qui aiment bien prendre le RER et se bouger le cul pour aller un peu plus loin que Paris intramuros.

C'était super dur à skater, mais il y avait ce truc et on a commencé à délirer. Et Vincent m'a dit : « Je ferais bien une photo, ça pourrait être cool. » Du coup, on a fait cette photo, qui est un peu un mélange de hip-hop et de skate.

Backside Smith Grind quelque part vers Sainte-Geneviève-des-Bois (91). Photo Vincent Coupeau.

Il y a un mec qui s'appelle Romain Covolan, il a un spot dans son jardin qui s'appelle Covoland. C'est un bowl en béton, un truc raide. Tout le monde va chez lui parce qu'il y est souvent et on adore skater son spot, même si c'est super dur. Chez lui, c'est incroyable : t'es dans son jardin en banlieue, à côté de Paris, et t'as ce truc en béton énorme. C'est vraiment atypique, comme spot. On peut faire des barbecues, il a des poules dans son jardin… T'as l'impression d'être en pleine campagne ! Et donc le spot sur cette photo, c'est pas très loin de chez Romain. J'avais vu une photo de lui [sur ce spot] donc on y est allés. Et depuis, on y va régulièrement parce que c'est vraiment incroyable à skater : ça fait comme une courbe naturelle. Tu dois faire un ollie pour monter dessus, et ensuite tu skates le truc, donc il y a une difficulté et un côté vachement photogénique parce qu'il n'y a pas deux spots comme ça dans le monde. Ça fait un peu comme un bowl avec une margelle de piscine. Donc c'est des méchantes sensass'. La petite anecdote, c'est que je suis allé le faire, je l'ai rentré mais il y avait pas de caméraman, du coup, on a juste fait la photo. J'y suis donc retourné pour le filmer et je me suis mis une énorme boîte. J'ai bloqué en repartant, je suis tombé sur le dos après. Ça m'a un peu calmé, ce back smith, mais depuis je suis allé faire d'autres tricks, pour la vidéo Vans de ma chaussure notamment.

Voilà. Tous ces spots-là sont des spots de banlieue que j'ai fait avec Vincent. C'est vraiment des spots qui me ressemblent dans ma manière de skater, avec des courbes, parce que j'essaie de rechercher des courbes naturelles, dans la ville, plutôt que d'aller au skatepark. Mais c'est vrai qu'il y a plein de nouveaux skateparks vraiment bien en banlieue parisienne. Des skateparks à l'américaine, en béton, avec des bowls et tout. Le nouveau skatepark de Meudon est incroyable, par exemple. À Maisons-Alfort, il y a un bowl génial. Et sous un pont, à Arcueil, à côté de chez Orange : un truc de malade. C'est un skatepark sous une autoroute… T'as vraiment l'impression d'être aux US, c'est trop bien.

Vincent Coupeau est sur Instagram.