vie sexuelle

Des sexologues belges nous parlent de leur vie sexuelle

« Mon travail ne rend pas ma vie sexuelle plus intéressante, bien au contraire. »
Arkasha Keysers
Antwerp, BE
sexologues sur leur vie sexuelle
Gauche: © Ben Kwanten Photography. Centre : © Medialaan

Problèmes d'érection, infidélités ou mois d'abstinence : les sexologues sont constamment informés de ce qui ne va pas sous nos draps. Mais quelle influence cela a-t-il sur leurs propres relations et vies sexuelles ? Appliquent-ils aussi leurs bons conseils ? Sont-ils plus ouverts à l'expérimentation que nous ? Nous avons posé ces questions à trois sexologues belges. On a discuté des préjugés idiots sur leur profession, du fait de se lasser du sexe et des défis de la monogamie.

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Lotte Vanwezemael (26 ans) - Sexologue à la radio Generation M

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© Ben Kwanten Photography

« Les sexologues sont des chaudasses ». C'est la réaction typique que j'ai eue pendant mes études. Et aussi : « Tu étudies ce à quoi tu es bonne. » Certaines personnes pensent que je place la barre très haut dans mon pieu et que je suis une maniaque du sexe. Ils pensent que les sexologues sont principalement concernés par l’enseignement de toutes les positions du Kamasutra. Les sexologues masculins sont moins embêtés par cette stigmatisation. En tout cas, c'est ce que je remarque dans les réactions que je lis en ligne. Mais maintenant, je m'en fiche. Si les gens veulent penser que je suis douée au lit, je les laisse dire. Ils ne sauront jamais, haha. »

« J'essaie de suivre les conseils que je donne, mais ça ne marche pas toujours. »

« J'essaie d'appliquer moi-même mes propres conseils, mais ça ne marche pas toujours. Ce n’est pas parce qu'on vous raconte beaucoup de choses et que savez tout que vous aurez vous-même la garantie du succès. Chaque relation a des hauts et des bas. Et ce n’est pas parce que je recommande des choses que je les essaye toutes moi-même dans ma chambre à coucher. »

« Mon mec pense que c'est normal pour moi d'entendre tant d'histoires sur le sexe. Nous sommes ensemble depuis longtemps et entre-temps, il s’y est habitué. On reçoit beaucoup de commentaires d'amis et de collègues. Ils nous demandent si on essaye à la maison tout ce que je publie en ligne. Heureusement, mon copain reste cool. Il respecte mon métier et ne me force pas à expérimenter quoi que ce soit. Et j'essaie de ne pas comparer ma propre vie et ma relation avec ce que j'entends pendant mon travail. »

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« Je n'ai pas mes livres dans la tête quand je vais au lit. J'essaie juste de ne pas penser à la théorie pendant la pratique, parce que c'est à ce moment-là que beaucoup de gens ont des problèmes. Ils pensent trop à ce que pense leur partenaire. Mon petit ami et moi essayons parfois d'expérimenter et nous sommes ouverts à d'autres choses, mais nous ne faisons que vivre une vie sexuelle standard. Nous avons tous deux clairement défini nos limites. Un de nos accords est que nous n'allons pas vous confier en détails ce que nos expériences impliquent, haha.»

Wim Slabbinck (36 ans) - Sexologue dans l'émission ‘Blind Getrouwd’

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© Medialaan

« Mon intérêt pour la sexologie a commencé dans ma jeunesse. Mon père possédait un livre sur la sexologie et ça me fascinait énormément. À 14 ans, je suis soudainement passé d'une école de garçons à une école de filles. Soudain, le comportement de coq et la violence n'étaient plus un problème. J'ai trouvé ça fascinant. Je dois admettre que lorsque j'étudiais la sexologie, j'avais moi-même beaucoup de questions, car entre 20 et 27 ans, je n'ai eu que quelques relations courtes et donc peu de relations sexuelles. »

« Quand lors d'une soirée, j'ai confié à une étudiante que j'étudiais la sexologie, les filles ont commencé à se comporter différemment. Certaines étaient très intéressées, d'autres m'ont simplement tourné le dos parce qu'elles pensaient que c'était une astuce ou parce que ça les stressait. »

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« Ma copine a une curiosité saine à propos des histoires sexuelles que j'entends, mais elle n'est pas jalouse. »

« Je serais très mauvais en tromperies, parce que je n'aime pas avoir de relations sexuelles lors d'un premier rendez-vous. J'ai besoin de temps pour m'habituer à quelqu'un. Pendant longtemps, j'ai pensé que c'était bizarre. Maintenant, je sais que ce n'est pas le cas: beaucoup de mes clients me disent la même chose. Ma petite amie actuelle m'a donné du temps. Nous sommes ensemble depuis huit ans maintenant. Appliquer mes conseils à ma propre relation n’est pas toujours possible. Mais entendre de nombreuses histoires d'autres personnes m'aide à mettre les choses en perspective. Si nous ne faisons pas l'amour pendant un moment, je ne suis pas vraiment inquiet. Ma vie est très variée, ce qui signifie que je subis moins de stress et c'est bénéfique pour ma vie sexuelle. Je fais également beaucoup de sport. On pense tous trop souvent que notre partenaire devrait nous rendre heureux, mais c'est quelque chose que l'on doit faire soi-même. Pour laisser notre partenaire en profiter. »

« Ma copine trouve ça intéressant que j'entende constamment des histoires de sexe. Elle aime bien : elle a une curiosité saine mais elle n'est pas jalouse. Elle aime avoir du temps pour elle et je trouve ça génial dans notre relation, j'ai droit à beaucoup de liberté. Ce n'est pas quelqu'un qui me réclame constamment. J'apprécie vraiment ça chez elle. »

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« Je n'ai pas du tout besoin de penser à la théorie pendant la pratique. C'est complètement différent. Quand je travaille, je pense. Et faire l'amour, c'est ressentir. Plus vous vous sentez bien, plus ce sera meilleur. »

« Quand des amis me demandent des conseils, je réponds aussi en tant qu'ami. Je ne les recevrais jamais dans mon cabinet. Plutôt dans un café. Je fais une distinction à cet égard. Si des connaissances éloignées me contactent, je les renvoie vers un thérapeute. Je remarque dans de telles conversations que des formes de relations autres que la monogamie sont souvent encore très tabou. Une personne infidèle peut également vouloir rester à long terme avec son partenaire actuel. Mais l'infidélité fait qu'on peut voir une relation de 30 ans se détruire en cinq minutes. En fait, c'est étrange que quand on se marie, on signe un contrat, mais personne ne parle de ses désirs ou de la façon dont le couple fonctionne. J'ai moi aussi une relation monogame, mais c'est un choix conscient. Et on a convenu que si nos désirs changeaient, on en parlerait ouvertement. »

Charlotte Ledent (43 ans) - Sexologue et propriétaire du Love Shop Eva Luna à Bruxelles

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« Je ne pourrais pas être avec quelqu'un qui n'a pas l'esprit ouvert. Pour moi, la sexualité n'est qu'un des composants de notre humanité. Mon partenaire le pense aussi. Certaines personnes viennent se plaindre et me parler d'histoires qui, selon elles, ne concernent que le sexe, mais je trouve que c'est irréaliste. Leur histoire ou leurs problèmes font souvent partie d’un ensemble plus vaste. »

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« Si je ne faisais pas attention, je me lasserais de tout ce qui concerne le sexe. »

« Mon travail ne rend pas ma vie sexuelle plus intéressante, bien au contraire. Si je ne faisais pas attention, je me lasserais de tout ce qui concerne le sexe. Les gens rient encore de la sexualité, mais si vous bossez dans un Love Shop cinq jours semaine, vous en aurez vite marre. »

« Je pense que si vous travaillez en tant que psychologue ou sexologue, vous pouvez toujours être influencée par les histoires des autres. C'est pourquoi vous avez besoin de quelqu'un pour superviser votre méthode de travail. Parce que tout le monde a des angles morts, moi y compris. Parfois, il est nécessaire que quelqu'un vous le signale. Donc, je discute aussi de mes propres doutes avec un professionnel. »

« Les gens peuvent imaginer qu'en tant que sexologue, vous êtes plus ouverte. Dans cette profession, vous apprenez à voir les choses différemment, comme l'infidélité, les pratiques sexuelles rares ou la manière dont les gens vivent avec leur partenaire. J'ai une perspective large sur la sexualité, c'est pourquoi j'aime aider mes amis avec des conseils sexuels. Si vous avez un ami avocat, vous allez aussi lui demander des conseils juridiques, non ? »

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