Life

J’ai pris des cours de masturbation féminine

Du « humping » au « full finger » en passant par « La robe d'ouverture », j'ai testé une nouvelle technique par jour pendant une semaine.
masturbation féminine clitoris
Image via Unsplash

J’ai Au bout des doigts entre les mains. C’est un « petit guide de la masturbation féminine » imaginé par Julia Pietri. Elle écrit : « La masturbation, c’est comme faire l’amour à quelqu’un, sauf que la personne avec qui on fait l’amour, c’est nous. » Moi, depuis quelques années, quand je me fais l’amour, je suis accompagnée. Accompagnée d’un petit objet. On est devenus tellement copains qu’il a même remplacé mes mains. Alors aujourd’hui, en ouvrant ce livre, mon objectif est simple : casser ma routine masturbatoire. J'ai envie de me surprendre.

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Pour concevoir ce guide, Julia Pietri a recueilli 6 345 témoignages de femmes sur Instagram, qui lui ont raconté leurs habitudes autoérotiques. Elle en a fait des statistiques, pour certaines édifiantes : 64,5 % des femmes se masturbent toutes les semaines ; pour d’autres étonnantes : 3,7 % le font principalement avec une brosse à dents électrique. Mais surtout, elle en a tiré des conseils. Investigation au pays de la masturbation, je me lance le défi de tous les appliquer. Puisque l’auteure recense sept techniques principales pour bien se masturber, je décide d’en tester une par jour pendant sept jours.

Le humping

Le premier soir, je revois les bases : « Soyez vous-même avec vous-même ». Cette phrase me fait beaucoup (trop) réfléchir. « Créez votre chambre à vous comme vous le désirez : musique, silence, lumière, obscurité, porno, fantasme… » : lumières tamisées, Cigarettes After Sex et bougies parfumées, je mets toutes les chances dans mon doigté. Quoique. Ce soir, je vais pratiquer le humping : la masturbation sans les mains et sans pénétration ; c’est l’une des méthodes les plus courantes. D’ailleurs, elle me rappelle mes jeunes années, car c’est en me frottant par hasard à un coussin que j’ai découvert comment me faire du bien. « Vous pouvez également essayer de placer différentes choses comme des peluches ou une serviette de bain pour différentes sensations. » Alors d’accord, je suis célibataire, mais de là à me taper mon nounours… Non.

Je passe à l’action. Je me fatigue rapidement, je trouve que le humping réclame beaucoup d’efforts, bien plus d’efforts que dans mes souvenirs, je commence à me demander si je suis en train de brûler des calories, s’il y a moyen que cette position me muscle les cuisses, fasse travailler mes abdos, si je ne suis pas trop vieille pour cela. Je perds ma concentration. Et ma motivation.

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Le kiff de l’iceberg

Quand je découvre la pratique du jour, mon sang ne fait qu’un tour. Le kiff de l’iceberg ? Je redoute alors de devoir m’enfoncer un bâtonnet gelé. Mais en fait, c’est le nom que Julia Pietri a donné à la technique la plus simple du monde : se concentrer sur le gland du clitoris, c’est-à-dire sa partie externe, et le caresser à différentes vitesses. Facile. En plus, cette histoire d’iceberg m’a fait penser à Titanic, alors je me lance dans un scénario ultra-chaud où je brise la glace avec Leonardo DiCaprio…

Je corse l’exercice. À la question « Quelles sont les positions qui favorisent la venue de l’orgasme ? », 49 % des femmes ont répondu « jambes et pointes tendues ». Façon petit rat de l’opéra, je teste ça… et je suis très surprise de constater que ça fonctionne.

32,9 % ont aussi suggéré d’être « allongée sur le ventre ». Consciencieuse, je me retourne, mais c’est nettement moins confortable. Bientôt, je ne sens plus ma main. Et comme je suis enrhumée, je n’arrive plus à respirer. Leonardo tombe au fond de l’eau.

Le full finger

Après deux soirées décevantes, je suis plus motivée que jamais. J’ai hâte de découvrir en quoi consiste le full finger. Il s’agit de « maintenir ses quatre doigts ensemble et les frotter contre sa vulve dans un mouvement circulaire ». Avec certains partenaires, cette sinistre technique me donne souvent le sentiment d’avoir entre les jambes la lampe d’Aladdin. On la frotte, on la frotte… sans jamais faire sortir le moindre génie. Je me dis immédiatement que l’essai ne sera pas concluant. Alors j’essaie. Longuement. Mais après une bonne vingtaine de minutes, mon vœu finit par se réaliser : je prends mon pied.

La robe d’ouverture

La pratique qui m’attend le quatrième jour a des airs de consigne de professeur de SVT avant la dissection d’une grenouille décongelée : il faut « stimuler la zone semi-ouverte de notre vulve, celle qui se cache sous nos lèvres, sans pour autant se pénétrer ». Je ne comprends pas tellement ce que je suis censée faire, où je suis censée le faire, et je prends conscience de ma méconnaissance concernant mon propre corps. Je parcours un autre chapitre du guide et tombe sur cette question : « Avez-vous déjà dit bonjour à votre sexe ? ». La réponse est non.

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Je décide de mettre sur pause mon défi et de me la jouer Fred et Jamy. Je m’inspecte dans le miroir, et je passe un temps fou sur la vision 3D du clitoris créée en 2016 par la chercheuse indépendante Odile Fillod. « Pilier droit », « pilier gauche », « bulbe », « plexus de Kobelt » : je n’avais jamais croisé ces termes auparavant, et je ne trouve pas ça normal. J’apprends aussi que l’anatomie complète du clitoris n’a été découverte qu’en 1998. Alors ce soir, à défaut de me faire jouir, je mets le doigt sur des sujets qui me tiennent éveillée une bonne partie de la nuit.

La douchette

Aujourd’hui, je varie les plaisirs et décide de pratiquer de bon matin. La douchette, de même que le humping, est une méthode très répandue qui utilise la pomme de douche comme stimulateur. Beaucoup d’amies m’en ont parlé mais, personnellement, je n’y suis jamais arrivé. Je me lance. Je change la pression de l’eau… je joue un peu avec sa température… c’est agréable mais pas très efficace. Julia Pietri conseille : « Vous pouvez aussi dévisser la douchette et jouer avec le tuyau. » Je choisis de m’éviter un coup de fil au plombier.

Le clit sandwich

« Prendre sa vulve en sandwich pour stimuler son sexe dans son entièreté » : dit ainsi, le clit sandwich ne donne pas forcément faim, mais cette technique me permet d’assouvir mon appétit. J’y ajoute un supplément de “edging” - encore un terme anglais, à croire que toutes ces délices n’intéressent pas les Français - ce qui requiert de faire monter le plaisir et s’arrêter juste avant l’orgasme, puis de recommencer pour faire durer. Grâce à cette recette, ce samedi-là, j’ai vraiment bien mangé !

Le dimanche, c’est « sex toy »

Hasard ou coïncidence : dans le planning que je me suis composé, l’usage du sex toy tombe le jour du seigneur. Après six jours de travaux manuels, je ressors mon fidèle allié, celui qui ne me lâche jamais (enfin, sauf quand il n’a plus de batterie et qu’il faut le recharger), j’ai nommé : mon stimulateur clitoridien. Dans son guide, Julia Pietri liste les avantages du sex-toy électrique. Parmi eux : “C’est mécanique et automatique. On peut atteindre l’orgasme très facilement sans faire grand-chose.” Quel joli résumé.

Avant de poursuivre ma lecture, je lance la divine machine. En quelques minutes - très facilement et sans faire grand-chose, donc - je suis transportée. Finalement, c’est tout ce que j’attends de la masturbation. Mais dans ce qu’elle appelle les inconvénients du sex-toy électrique, l’auteure explique également que cela « uniformise notre sexualité. Ce qui peut, par la suite, nous désorienter quand on revient à la main ou avec un/une partenaire. » Et c’est vrai, cette semaine, j’ai été désorientée. Je ne me suis pas trouvée très douée. Seulement 24,1 % des femmes interrogées déclarent se masturber davantage avec des sextoys, contre 82,8 % avec les mains. Face à ces chiffres, j’en viens presque à culpabiliser. Mais heureusement, elle écrit ceci : « La quête de l'orgasme n'est pas une compétition. Ce n'est pas une question de performance ! La masturbation n’est pas un sport… Je dirais que la masturbation est un art. »

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