Cannabis

Dix questions que vous avez toujours voulu poser à une prof de ganja yoga

Oui, Cynthia Pétrin de Green Yoga Montréal fume aussi du weed avant d’enseigner son cours.
Dix questions que vous avez toujours voulu poser à une prof de ganja yoga
Photo fournie par Cynthia Pétrin

L’an dernier, une amie m’a invitée à suivre un cours de yoga avec des chèvres. J’y suis allée parce que j’avais besoin de relaxer et parce que je considère que les biquettes sont les animaux les plus attendrissants du monde. Toutefois, à mon grand étonnement, il s’est avéré ultra-stressant de tenter de maintenir des positions de yoga en recevant des coups de sabot dans le dos ainsi que des petites crottes et de l’urine sur les doigts.

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Récemment, j’ai appris l’existence du ganja yoga, une autre forme de yoga décalée. Comme je ne fume pas, je n’ai pas essayé cette activité qui mêle cannabis et sport, mais le concept a piqué ma curiosité. Ai-je manqué quelque chose? Qui enseigne le yoga bien buzzé? Comment ça se passe? Afin de m’éclairer, j’ai cru bon de poser 10 questions à Cynthia Pétrin de Green Yoga Montréal, une prof de ganja yoga.

VICE : Quelle est ta relation avec le weed?

Cynthia Pétrin : Je consomme depuis environ 10 ans. J’ai arrêté pendant quelques années et après c’était juste récréationnel, mais là, ça fait près de quatre ans que je fume mon joint à chaque jour. J’ai fait des petites détox à travers ça pour permettre à mon corps de se reposer ou pour faire des tests, mais quand j’arrête je ne me sens pas en carence. C’est un outil qui m’aide à gérer mon stress, mes douleurs musculaires et mon anxiété sociale. Quand je fume du cannabis, je suis capable d’être plus à l’écoute de mon corps et de ma respiration. Ça me permet de me sentir mieux émotionnellement.

Comment t’es venue l’idée de donner des cours de ganja yoga?

Ça faisait un bout que je fumais avant d’aller au studio de yoga ou au gym et je me disais : « Crime, j’aime tellement ça, me semble qu’il y aurait quelque chose à faire avec ça. » J’ai fait des recherches en ligne et je me suis rendu compte que ça existait déjà, qu’il y avait même un mouvement derrière ça et qu’on pouvait suivre une formation de « ganja yoga » approuvée par la Yoga Alliance. Je me suis inscrite et j’ai suivi les 50 heures de cours à Los Angeles avec Dee Dussault, la créatrice du ganja yoga. Avec elle, j’ai beaucoup appris sur le système endocannabinoïde, le THC, le CBD , le système nerveux, le système musculaire et la biomécanique du corps humain.

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Comment se déroulent tes workshops de ganja? À quoi ressemble ta clientèle?

La première demi-heure, j’accueille les gens. On s’assoit et on jase. Je mène la conversation, je donne de l’information sur le cannabis, je parle de ma propre consommation et les participants s’ouvrent sur leurs habitudes à eux. On roule nos joints et on sort dehors fumer. Ensuite, on rentre, je mets de la musique instrumentale pour créer une dynamique relaxante. Puis, on s’installe, on fait une heure de yoga et on médite. Pour ce qui est de ma clientèle type : les gens dans mes cours sont très ouverts. Ils n’ont pas nécessairement de discipline fixe. Ils font du sport, ils vont un peu au gym. Ils fument un peu. Il y a un fil conducteur dans la clientèle que je vais rejoindre, et ça permet de créer de belles conversations et des beaux moments.

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Photo fournie par Cynthia Pétrin

Est-ce que le weed est fourni?

Non. C’est « bring your own weed », mais j’apporte toujours un petit quelque chose de spécial à partager. Hier, j’ai offert du thé de cannabis : j’aime essayer des produits avec mes élèves. Ce n’est jamais dans le but d’en faire la promotion, mais plutôt pour informer les gens.

Quel style de yoga est-ce que tu privilégies dans tes workshops?

Le yoga que je pratique est très méditatif, ça ressemble à du yin. Au niveau des postures, on peut rester environ cinq minutes dans la même position. Ma priorité, c’est la respiration des participants. Je les invite à observer leurs pensées, à prendre conscience de leurs tensions et des douleurs qu’ils peuvent ressentir. C’est beaucoup plus lent que le vinyasa ou le power yoga qui exigent une respiration pour chaque mouvement et qui peuvent être difficiles pour certains. Le but de mes workshops n’est pas de pousser les participants à suer et à se dépasser, mais plutôt qu’ils se détendent en tenant compte de leur mode de vie.

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Es-tu toujours high quand tu donnes tes cours?

Oui, je suis high, mais jamais trop. Au début, je fumais moins. Je pratiquais le microdosage parce que je voulais vraiment que tout se passe bien. Mais avec l’expérience, j’arrive à être vraiment dans ma zone, et je me sens en confiance, que je sois gelée ou non, alors je ne me limite plus vraiment quand je donne un cours.

As-tu déjà eu à gérer une situation étrange ou un élève qui a un badtrip?

Non, pas que je me souvienne. Mais c’est arrivé qu’une étudiante vienne me voir pour me dire qu’elle avait trop fumé. Comme on était dans une conversation de groupe, je l’ai invitée à partager son expérience avec les autres. Je ne l’ai pas forcée à le faire, parce que je sais que les gens n’osent pas nécessairement s’afficher, mais je lui ai suggéré de partager ça parce que je me disais que ça pourrait lui faire du bien. Elle s’est confiée et les autres participants se sont montrés super bienveillants : quelqu’un lui a apporté un verre d’eau, un autre élève a installé son tapis et tout s’est bien passé, finalement.

Quelle sorte de weed suggères-tu de fumer avant tes workshops?

J’aime beaucoup le kush et l’huile de CBD. Si quelqu’un veut la combinaison parfaite, pour moi, c’est une dose de CBD pis un mini-joint de kush, et t’as le meilleur cours de ta vie.

Est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise idée de manger des jujubes ou des brownies au pot avant un workshop?

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Ça dépend de la durée du workshop parce qu’il y a des gens qui vont ressentir les effets des edibles après 20 minutes et d’autres pour qui ça va prendre deux heures. C’est rare que je fais des versions du cours avec juste des edibles, parce que ça se pourrait que quelqu’un commence à ressentir son buzz seulement en se levant à la fin du cours. D’ailleurs, une fois la méditation terminée, je demande toujours aux participants s’ils se sentent assez bien pour rentrer chez eux. Je fais très attention à ça. Pour moi, tout est dans l’équilibre et la confiance. Je ne veux pas qu’ils repartent complètement paf, alors au niveau des edibles, j’encourage le microdosage.

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Le yoga est généralement associé à la bonne santé. Est-ce que ce n’est pas contraire à la philosophie, de fumer avant un cours?

Moi, je ne fais pas la promotion du weed, mais j’invite ceux qui en consomment déjà à le faire de façon intelligente. Les gens ont beaucoup de préjugés sur le ganja yoga, mais le weed, c’est une plante. C’est quelque chose de naturel. T’as probablement des huiles essentielles chez toi et tu utilises peut-être de la lavande pour te calmer ou du citron pour te donner de l’énergie. Moi, j’utilise la plante de cannabis pour gérer mon stress, mes douleurs musculaires et mon anxiété sociale. Je veux amener les gens à réfléchir aux bénéfices que le cannabis peut leur apporter. Pour moi, ce n’est pas quelque chose de dangereux et je ne pense pas que ce soit contraire à la philosophie du yoga. Il y a d’ailleurs des écrits qui prouvent que ça se pratiquait il y a des milliers d’années en Inde. Les gens consommaient des cocktails, des lassis, dans lesquels on mettait des plantes qui réduisaient l’anxiété et qui amélioraient leur expérience, et moi, je suis convaincue que c’était du ganja.

VICE Québec présente le Warm-up Chromatic, samedi le 11 mai à 15h. Cynthia Pétrin de Green Yoga Montreal sera présente dans le jardin de l'Usine C pour une séance de ganja yoga. Attention, les places sont limitées. Inscris-toi juste ici.