Santé

Comment affronter le pire jour de la semaine, selon les experts

Lundi, mercredi ou dimanche : tout le monde a sa journée la plus difficile en termes de santé mentale, d’endurance et de productivité.
Vincenzo Ligresti
Milan, IT
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
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L'obsession de l'humanité pour la mesure du temps est aussi vieille que le temps lui-même, n’en démontre la semaine de sept jours qui existe depuis l’Antiquité : les premières traces de ce concept sont apparues il y a plus de 4 000 ans en Mésopotamie. Le calendrier mésopotamien s'est ensuite répandu en Grèce et au Moyen-Orient, avant que, vers le VIe siècle avant J.-C., la Bible n'introduise un jour de repos, le samedi. Grâce en grande partie aux mouvements ouvriers des XIXe et XXe siècles, ce jour de congé est passé à deux. 

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Tout le monde a sa journée la moins appréciée en termes de santé mentale, d’endurance et de productivité. Le lundi a mauvaise réputation parce qu’il recommence un nouveau cycle, mais il peut aussi être l’occasion de prendre nouveau départ. Certaines personnes détestent le dimanche parce qu’il marque la fin des loisirs et de la liberté ; d’autres ne supportent pas le mercredi parce que leur énergie est au plus bas.

La morsure de la solitude

Annalisa Stella, coach en productivité, explique que le lundi est le moment où ses clients ont le plus de mal. « Le lundi est perçu comme un jour excitant pour démarrer de nouveaux projets, dit-elle. En même temps, il génère la peur de ne pas être à la hauteur pour la semaine à venir. » Parfois, le lundi sert aussi à boucler les tâches qui n'ont pas été terminées la semaine précédente, ce qui peut entraîner « du stress, des problèmes de concentration, des tensions musculaires, de l'agitation ou de l'apathie, le tout exacerbé par le changement de rythme par rapport au week-end », souligne Stella. 

Si les lundis vous dépassent, il peut être utile de consulter un thérapeute. Dans les situations plus faciles à gérer, Stella conseille de « travailler régulièrement et patiemment sur vos compétences en matière de planification ». Par exemple, dressez une liste exhaustive des tâches à accomplir la semaine suivante dès que vous considérez que votre liste actuelle est terminée. Cela vous aidera à passer à autre chose et à profiter de votre temps de repos. Attention : il ne s’agit pas de nourrir une obsession pour l’hyperproductivité, mais plutôt de développer des compétences qui vous aideront à accomplir vos tâches de la façon la plus calme et la plus organisée possible. 

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Certains clients de Stella ressentent un malaise généralisé le dimanche après-midi s'ils savent que la semaine à venir va être difficile. Bien souvent, le jour du Seigneur n'est pas vraiment reposant, mais constitue plutôt une transition entre le week-end (toujours trop court) et la semaine (toujours trop longue). 

« Les dimanches ressemblent de plus en plus à des jours de semaine », déplore Marilena Iasevoli, psychologue basée à Rome. Les étudiants sont souvent occupés par leurs cours, tandis que les adultes passent la journée à s'occuper des tâches ménagères ou à se sentir coupables de les avoir négligées. Certains ne se déconnectent jamais vraiment du travail, d'autres sont submergés par des sentiments négatifs parce qu’ils ont la sensation d’avoir « gaspillé » leur précieux temps libre. 

Selon Iasevoli, le dimanche s’accompagne souvent d’une « tristesse mêlée d'une anxiété croissante » à l'approche de la semaine. Si nous ne sommes pas occupés le dimanche après-midi, notre esprit a tendance à réfléchir à des questions auxquelles on ne s’attarde pas forcément pendant la semaine. « C'est dans ces moments-là que l'on se sent le plus mal, car on a plus de temps pour réfléchir », explique le Dr Iasevoli.

Une astuce pour réduire cette négativité consiste à occuper son temps avec des activités régulièrement programmées. « Une étude a montré que ceux qui vont à la messe le dimanche connaissent des niveaux de bien-être plus élevés, dit Iasevoli. La question ici n’est pas la religion, mais le fait est que des rendez-vous fixes et répétés aident vraiment à donner un sens à la journée. » 

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Une étude réalisée en 2015 par l'université de Lincoln au Royaume-Uni a montré que nous avons tendance à considérer le mardi, le mercredi et le jeudi comme un seul bloc. C'est précisément pour cette raison que Claudia Curunella, professeure de yoga et experte en pleine conscience, pense que les mercredis sont les pires. Elle enseigne le yoga les lundis, mercredis et vendredis et constate que la fréquentation baisse toujours en milieu de semaine. C'est à ce moment-là que l'on peut se rendre compte que « l'on n'a pas la force ou la clarté » pour atteindre les objectifs que l'on s'est fixés cette semaine-là. 

Les lundis peuvent être difficiles, mais au moins nous avons eu le temps de nous reposer et de nous ressourcer pendant le week-end. « Mais le mercredi, on se réveille le matin et on se dit : “Quoi, on en est encore là ? Il reste encore autant de temps avant le week-end ?” » dit Curunella. Cette étape intermédiaire peut saper la motivation que vous aviez au début de la semaine et conduire à un sentiment de découragement ou d'échec. Même s'il est naturel de se sentir mal de ne pas avoir atteint ses objectifs, il est également important de comprendre que vos énergies mentale et physique ne sont pas infinies, et il peut être judicieux de réévaluer vos plans. 

Curunella pense qu'il est essentiel de travailler sur son intelligence émotionnelle. « C'est la capacité à réguler les émotions pour favoriser le développement. Elle peut être affinée par la méditation. » En bref, il faut être conscient de ses propres limites. « Je n'enseigne pas aux gens à réprimer leurs émotions, seulement à les gérer », conclut Curunella.

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