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Spencer Tunick, 100 femmes nues et 100 miroirs contre Trump

Cent femmes nues dans Cleveland, en plein Ohio où les lois contre la nudité publique sont aussi permissives que les idées du parti républicain sur l’immigration. C’est l’idée que Spencer Tunick a mis à exécution dimanche matin devant le Cleveland Convention Center où est actuellement organisée la Convention Nationale du Parti républicain. Cette performance intitulée Everything She Says Means Everything est, malgré tout ce qu’en a dit la presse, bien plus qu’une simple manifestation pour choquer les puritains — pour Tunick, c’est de l’art en action. 

« Une manifestation, lorsque vous y allez, vous savez qu’il y aura une confrontation, vous êtes prêt à l’affronter pour soutenir vos idées. Une performance comme celle-ci est plus conceptuelle. Je ne fais que de l’art ici. J’affirme quelque chose, je donne des informations pour comprendre ce qu’il se passe », explique l’artiste superstar à The Creators Project.

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« Je voulais un rendu final qui ait du sens pour moi, et c’est ce que j’ai l’impression d’avoir fait. C’est un travail de groupe. Ces femmes sont des héroïnes. » Beaucoup dans le groupe ont déjà été publiquement critiquées sur leur physique, c’est une revanche que leur propose Tunick, et ce, face à ce que l’Amérique offre de plus borné. Symbole évident, elles portaient toutes un miroir qu’elles ont ensuite tourné vers Trump. Une façon comme une autre de dénoncer les propos misogynes du candidat, notamment concernant Rosie O’Donnell, Megyn Kelly et Hillary Clinton.

« En tant qu’être humain, j’ai voulu me dresser contre Trump et les autres républicains qui attisent la haine envers les femmes, les immigrants, les communautés LGBT et tous les ‘autres’. Ces discours empoisonnent notre société », peut-on lire sur le site d’une des participantes

Depuis 1992, Tunick a été arrêté cinq fois pour des actions similaires. En 2000 cependant, il gagne un procès dans l’État de New York. Depuis, on lui fout à peu près la paix. Du coup, il est devenu un peu ambitieux et n’hésite pas à voir grand et fort. En 2003, il soutient l’artiste Wendy Tremayne dans son combat contre la guerre en Irak : un groupe de femmes nues formaient alors les mots « No Bush » dans la neige de Central Park. 

Cette fois-ci, c’est un peu plus subtil, puisqu’il encourage les femmes à prendre elles-mêmes la parole plutôt que de véhiculer celle de l’artiste. Madison Johnson, une des participantes, nous raconte : « J’avais simplement envie d’être là. Je n’avais jamais vu 100 femmes nues. Pour moi c’est une façon de s’exprimer, de protester ou quelque chose du genre. Et puis c’est de l’art, ça commence en voulant être quelque chose et ça finit forcément par en être une autre. »

Pour Daija Averyheart, c’est une autre histoire « Une performance comme celle-ci permet de porter un message à un grand nombre de personnes. On a attiré l’attention de beaucoup de monde à cause de la manière dont on a fait cette performance. Parce qu’on a surpris beaucoup de monde et qu’aujourd’hui nous sommes disponibles pour en parler. »

Depuis Everything She Says Means Everything, les tensions montent entre les pro et anti-Trump. On commence à manquer de doigts pour compter les arrestations. Étonnamment, ce n’est pas la première fois que Tunick s’en prend à Trump. En 1994, il avait déjoué les caméras de surveillance du Trump Taj Mahal Hotel pour se faire photographier comme Le Penseur de Rodin. Une histoire à suivre donc, on attend le prochain épisode.

Spencer Tunick et sa femme Kristin ont deux livres qui viennent de sortir, Reaction Zone et Participant, vous pouvez les retrouver sur leur site.