Football

Bobby Allain raconte son Red Star

Le gardien de Dijon a évolué quatre ans au Red Star entre 2011 et 2015. Un club où son oncle, Xavier Perez, a également joué (1976-1987), et pour qui il conserve une tendresse particulière.
AB
propos rapportés par Alexis Billebault
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Photo Red Star

Je suis né à Clamart, je suis donc un vrai Francilien. Le Red Star a toujours fait partie de ma vie, et cela avant même que j’y signe un contrat en 2011. En effet, mon oncle, Xavier Perez, y a joué plusieurs années (1976-1987). Et lui aussi était gardien de but. Evidemment, je ne l’ai jamais vu jouer, mais mon père allait souvent voir des matches au stade Bauer. Et mon oncle m’a souvent parlé de ce club à part, du stade, de l’ambiance, de ce maillot mythique.

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Mon premier club, quand j’avais 5 ans, fût Châtillon. Puis j’ai commencé à faire le tour de l’Île-de-France, à Montrouge et à l’AC Boulogne-Billancourt notamment. Par la suite, j’ai failli m’engager avec Créteil. Cela ne s'était pas fait, du coup, je suis parti en vacances en Ecosse – ma mère est Ecossaise. Mon père connaissait le club de Clyde, j’y ai fait un essai et j’ai signé un contrat de stagiaire professionnel. J'y suis resté sept ou huit mois, car le club a connu de gros soucis financiers. Je suis revenu à Paris, et j’ai signé à Ivry, qui évoluait en CFA 2 à l’époque. J’étais jeune, j’avais 18 ans, et pour moi, c’était une réelle opportunité de jouer à ce niveau.

« Pour le premier match à Bauer, je n’étais pas dans le groupe, mais dans les tribunes. Il y avait une vraie ferveur populaire. C’était rempli de vie. Je me suis mis à imaginer ce que ça devait être quand le club était un des meilleurs de France »

Est venue ensuite cette opportunité de signer au Red Star. Mon oncle avait parlé de moi aux dirigeants. Quand il a appris que j’allais jouer pour ce club, mon père était très heureux, très ému. Je l’étais également. Le Red Star, créé par Jules Rimet, c’est un palmarès (un championnat, cinq Coupes de France), mais aussi un stade ! Bauer… Quand j’étais plus jeune, on venait jouer à côté de cette enceinte si particulière. Mais quand j’y suis entré pour la première fois, il s’est passé quelque chose, alors qu’il était vide. J’ai eu l’impression d’être en Angleterre, avec ses tribunes si proches du terrain. Je me suis mis à imaginer l’ambiance qui pouvait y régner. Quand j’ai signé, le club venait de remonter en National. Pour le premier match à Bauer, je n’étais pas dans le groupe, mais dans les tribunes. Il y avait une vraie ferveur populaire. C’était rempli de vie. Je me suis mis à imaginer ce que ça devait être quand le club était un des meilleurs de France. Et puis, il y a les anciens supporters qui sont toujours là. Ils racontent leurs anecdotes, leurs souvenirs. Le cadre est particulier. Il y a ce stade entouré d’immeubles. Il y a des gens qui suivent les matches depuis les fenêtres de leur appartement. On appelle cela les loges. Les supporters du Red Star sont des connaisseurs. Ils sont exigeants. Quand on perd, quand ils ne sont pas contents, ils viennent te le dire franchement, où ils utilisent les réseaux sociaux. Je sais qu’il y a certains joueurs qui ont parfois été surpris. Et quand les résultats sont là, qu’ils sont contents, ils viennent te le dire. Il m’est arrivé d’aller boire un coup avec certains à l’Olympic, le café situé juste en face du stade, l’endroit où les fans aiment se retrouver.

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« Moi, je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas toucher à ce stade. Il est mythique, il a une histoire »

Je suis resté de 2011 à 2016 au Red Star. Quand je suis arrivé, j’ai joué avec Steve Marlet, un ancien international français, Vincent Doukantie, qui a disputé la CAN avec le Mali, Franck Queudrue, et le gardien Vincent Planté, un type adorable, avec qui j’ai beaucoup appris. Il a dû disputer plus de 200 matches en pros, j’avais du mal à réaliser que j’allais bosser avec lui. J’ai vu le club évoluer, améliorer ses structures. Quand on est monté en Ligue 2, c’était difficile car il fallait aller s’entraîner à Saint-Leu-la-Forêt. Comme Bauer dispose d’un synthétique pas vraiment neuf et que les clubs de Ligue 2 ont tous des pelouses naturelles, il fallait s’entraîner sur du gazon. On partait donc à Saint-Leu, avec des petites camionnettes. Et comme on jouait nos matches de championnat à domicile à Beauvais, j’avais l’impression d’être toujours en déplacement.

Je n’ai pas beaucoup joué au Red Star avec l’équipe première – douze matches en championnat, onze en coupes nationales. C’est pour cela que j’avais demandé à être prêté à Mulhouse, en 2015. Sauf que j’ai vite compris que l’entraîneur ne voulait pas vraiment de moi. Je suis rentré à Saint-Ouen. Quand j’ai eu l’opportunité de signer à Dijon, qui venait de monter en Ligue 1, je n’ai pas hésité. J’ai eu le statut de numéro 3, derrière Baptiste Reynet et Benjamin Leroy. Cette saison, j’ai débuté en numéro 2, et j’ai joué plusieurs matches en Ligue 1. Depuis Dijon, je continue de suivre les résultats du Red Star. Je suis évidemment triste car c’est une saison difficile. Ce dont le club a besoin, à mon avis, c’est d’un peu plus de stabilité au niveau de l’effectif. Tous les étés, il y a beaucoup d’arrivées, beaucoup de départs. Ce serait bien qu’un jour, le club monte en Ligue 1, mais j’ai toujours eu l’impression que le Paris Saint-Germain ne voyait pas cela d’un très bon œil.

Bauer ? Moi, je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas toucher à ce stade. Il est mythique, il a une histoire. Et de toute manière, je sais que beaucoup de supporters n’accepteraient pas qu’il soit démoli.

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Cet article est publié dans le cadre du partenariat entre VICE et le Red Star et a été réalisé en tout indépendance.