Des MST aux syllabi en passant par les TD et l’assiette de pâtes au ketchup, VICE plonge dans la vie étudiante. Retrouvez nos articles dans le Guide VICE de l’étudiant.
Il existe deux types d’étudiants : ceux qui sont en kot et ceux qui ne sauront jamais ce qu’est la vraie vie étudiante. Même si vous avez des parents aimants et compréhensifs à la maison, de ceux qui font votre lessive et vous préparent de bons petits plats, et que votre chambre d’enfant est plus grande que la pièce pour laquelle d’autres engouffrent tout un salaire, il n’y a rien de mieux pour s’amuser que de vivre seul avec huit autres personnes. La seule chose qui pourrait éventuellement être mieux que d’avoir un kot, c’est d’avoir un proprio à qui vous pouvez faire confiance. Malheureusement, c’est très rare. Il y a eu beaucoup d’articles dans la presse belge à propos d’Arnold Appeltans, le « proprio le plus célèbre de Louvain ». Malheureusement, il est loin d’être le seul à mettre des biens en location de la manière la plus sournoise qui soit.
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À titre d’avertissement, d’enseignement et de divertissement, on a discuté avec un certain nombre d’étudiants experts en rats, problèmes de garantie et WC bouchés inondant leur royaume.
Jonas (22 ans) étudiant en sciences-po et Laurens (23 ans), étudiant en journalisme à Bruxelles
Il y a deux ans, on a loué un duplex à Lemonnier. Notre première impression était très bonne : l’appartement était magnifique, l’emplacement central et le loyer relativement bas. C’était peut-être trop beau pour être vrai. Au début, nous n’avons eu aucun problème, mis à part le fait qu’il était mal isolé et que notre voisin du bas se plaignait régulièrement de la musique. Ok, parfois ça allait vraiment fort et j’avoue que ses plaintes n’étaient pas complètement injustifiées. Les problèmes ne sont apparus que lorsque Jonas a pris un bain et que le voisin du rez-de-chaussée m’a appelé tout paniqué. L’eau du bain de Jonas s’était infiltrée par le sol dans ses lampes et sa salle de bains. Les lampes étaient foutues et tout était sous eau.
« Si on voulait prendre un bain, on devait faire chauffer de l’eau dans une bouilloire. »
La proprio n’a pas été très compréhensive et nous a tout remis sur le dos, même si nous n’y avions pas vécu très longtemps. Un peu après, on a été deux mois sans eau chaude. La proprio n’utilisait pas d’adoucisseur d’eau et les conduites étaient pleines de calcaire. Si on voulait prendre un bain, on devait faire chauffer de l’eau dans une bouilloire. C’est nous qui avons dû appeler et payer le plombier. On a eu beaucoup de mal à récupérer cet argent. Les WC aussi, la chasse ne marchait plus, on devait verser des seaux d’eau pour la faire fonctionner. Après un an, nous avons décidé de quitter l’appartement, mais comme on avait un contrat de trois ans, on a dû chercher nous-mêmes des nouveaux locataires. Quand quelqu’un venait pour une visite, on remplissait la cuvette de chasse d’eau des toilettes au cas où ils l’auraient testée. Ce genre de trucs, c’est peut-être arrivé à pas mal de gens, mais on voulait vraiment se débarrasser de cet appart.
Michiel (31 ans) ex-étudiant en linguistique et littérature à Louvain
Il y a treize ans, j’ai loué un kot à l’homme qui est maintenant l’un des plus célèbre proprio de Louvain. À l’époque, il n’était pas aussi mafieux qu’aujourd’hui, mais rétrospectivement, les circonstances n’étaient pas super nettes. J’ai visité l’appartement en été et tout semblait ok. Quand j’ai emménagé en septembre, la cour était remplie de déchets des étudiants de l’année précédente. On a du faire une énorme opération nettoyage là-bas. C’était sa tactique : pendant l’été, il y avait une femme de ménage, mais le restant de l’année, c’était une véritable porcherie. Pas vraiment étonnant, avec 23 étudiants sous le même toit. On a eu pas mal de problèmes avec les rats et la vermine.
« Un de mes colocs à carrément traversé le sol car il y avait une poutre pourrie au plafond. »
Mais il n’y avait pas uniquement ces problèmes d’insalubrité. Par exemple, prendre une douche chaude de sept minutes nous coûtait 50 cents. En 2006, pour la Coupe du monde, on a pris une télévision et on a appris par la suite qu’elle était aussi utilisée par les voisins. Un de mes colocs à carrément traversé le sol car il y avait une poutre pourrie au plafond. Parfois, l’électricité se coupait parce qu’il utilisait un compteur budgétaire. Mais dans l’ensemble, on en a juste bien rigolé. La chambre était belle, le reste l’était moins. Croyez-le ou non, à cette époque on connaissait tous des immeubles où la situation était encore bien pire. Je suis parti après trois ans. Le dernier rat que j’ai dû chasser du comptoir de la cuisine, ça a été celui de trop.
Arkasha (30 ans), ex-étudiante en management culturel à Anvers
De 2010 à 2011, j’ai loué un super kot avec un ami, sur l’Oude Korenmarkt à Anvers. Notre appartement était sous les toits et notre propriétaire a soudain décidé de rénover le toit au beau milieu de l’hiver. Il faisait un froid glacial et on devait foutre le chauffage à fond pour tenter de rester au chaud. On a bien sûr essayé de négocier un rabais sur le loyer, mais le proprio n’était pas vraiment ouvert à la discussion. Quand on a voulu quitter l’appart, on l’a appelé pour le lui dire. Il nous a dit que c’était en ordre, donc on n’a pas envoyé de lettre recommandée car on pensait que c’était suffisant comme ça.
« Il nous a facturé 100 euros en plus pour ‘les problèmes qu’il avait eu avec nous.’ »
Il a soudainement décidé qu’on devrait payer un mois de loyer supplémentaire. On avait déjà trouvé de nouveaux locataires qui pourraient prendre la relève en septembre. Il n’en a pas tenu compte et a entre-temps trouvé lui-même quelqu’un, même si ce dernier ne pouvait reprendre le kot qu’à partir d’octobre. On l’a invité à venir voir l’appart fin août car on avait fait un grand ménage. Il l’a inspecté, a vu que tout était nickel, mais il n’a pas répondu à mes questions sur le loyer supplémentaire même quand je me tenais droit devant lui. Il m’a complètement ignorée, a pris son vélo et est parti. Finalement, on n’a pas payé le loyer de septembre car il a eu une discussion avec nos parents, mais par après il nous a facturé 100 euros pour « les problèmes qu’il avait eu avec nous ». C’est dommage qu’à l’époque je ne savais pas que je pouvais juridiquement me plaindre de ce genre de pratiques en tant qu’étudiante. Rétrospectivement, j’aurais déposé plainte, c’est sûr.
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Emma* (23 ans), étudiante en communication à Bruxelles
Depuis l’année dernière, je loue un kot via l’organisation Xior à Bruxelles. J’avais choisi cet appart parce qu’il n’y avait rien de moins cher qui soit aussi bien placé. À première vue ça avait l’air bien, mais il y avait bien sur anguille sous roche. Par exemple, il m’a fallu un mois pour pouvoir éteindre mon chauffage. Il faisait toujours super chaud dans ma chambre. L’un des murs de ma chambre est quant à lui toujours humide et tout moisi. Un type est venu voir, mais rien n’a été fait pour régler le problème. « C’est à cause de la condensation. Vous devriez aérer votre chambre plus souvent ». C’est la seule chose qu’il m’a dit. Et ça, ce ne sont que les petits problèmes.
Notre chaudière a un an. Ce truc doit être remplacé, mais personne ne fait rien. Pour avoir de l’eau chaude, on doit réinitialiser la chaudière à chaque fois. Ou bien l’électricité saute dès qu’on utilise les plaques de cuisson. L’année passée, après une grosse drache, la cuisine était inondée. On a appelé le numéro d’urgence de Xior, mais l’homme qu’on a eu en ligne était juste furax de constater qu’il avait pris l’appel en dehors de ses heures de bureau. Sa solution pour notre cuisine inondée ? « Mettez des torchons. On va envoyer quelqu’un cette semaine pour nettoyer. » C’est ça le plus chiant. Si on arrive à avoir quelqu’un en ligne, nos problèmes sont rejetés et rarement résolus. Et on a eu tellement de problèmes qu’au bout d’un moment, on a dû faire une sélection entre ceux qu’on voulait absolument résoudre et ceux pour lesquels on acceptait de mordre sur notre chique pendant encore six mois. Par exemple, la chasse coule toujours, mais le problème de chaudière était beaucoup plus important.
Eline (26 ans), ex-étudiante en assistance sociale à Anvers
À dix-huit ans, j’ai loué mon premier appart à Anvers. Je devais faire un peu attention à mon budget, alors j’ai choisi un kot pas cher dans la rue Montigny. La chambre était assez petite, mais ça ne me dérangeait pas. Quand je suis réellement arrivée dans ce kot, j’ai remarqué que l’un des murs était en carton. À l’origine, il s’agissait d’une pièce plus grande divisée en deux avec un faux mur. L’ennui, c’est que du coup j’entendais tout ce que faisait mon voisin. C’était un putain de gamer qui ne lâchait pas son ordi et jouait comme un fou jusqu’à pas d’heure. Les fenêtres de ma chambre étaient en simple vitrage et l’immeuble se trouvait à un croisement très fréquenté. J’avais pas mal de bruits et de chauffards qui klaxonnaient.
Aussi, il était prévu que ma proprio viendrait nettoyer le kot chaque semaine avec son fils. Ça me semblait super cool, jusqu’à ce que je pige que ce serait tous les mardis à sept heures du matin. Elle n’en avait rien à foutre de faire du bruit, et elle réveillait tout le monde en cognant contre les portes avec son aspirateur. Il arrivait souvent que son fils aille faire pipi dans nos toilettes – avec la porte grande ouverte. On ne pouvait pas faire dormir des potes dans nos chambres, et la proprio vérifiait vraiment. Elle était déjà là chaque semaine pour nettoyer, mais elle revenait aussi régulièrement pour récurer le sol et jeter un coup d’œil. Quand je l’entendais passer l’aspirateur, je devais vite cacher mon copain. L’année précédente, elle a mis quelqu’un à la porte parce qu’il n’avait pas respecté cette foutue règle.
* Le vrai prénom est connu de le rédaction
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