Pour d’autres, l’histoire se termine bien, comme dans le cas d’Agnès, ex-surveillante de prison, actuellement mariée à Gabriel, ancien prisonnier qui a tué sa précédente femme. Si les deux filent le parfait amour et composent une famille soudée, ce choix de vie représente souvent un sujet tabou qui n’est pas toujours simple à accepter pour les familles et l’entourage du couple. La mère d’Agnès l’a, par exemple, rejetée et elle ne l’a pas vu depuis des années, tandis que son père continue de la voir mais refuse d’entendre parler de son mari.« J’ai tout perdu : mon travail, ma maison, et ça a entraîné une situation de surendettement. J’étais loin d’imaginer toutes ces conséquences. J’avoue que je suis allée trop loin ».
Parmi les nombreux témoignages présents dans l’ouvrage, une relation est vouée à une issue fatale d’avance : celle de Claudine, tombée amoureuse d’un homme condamné à mort. Engagée dans une association qui aide les condamnés à mort aux États-Unis, elle a débuté une correspondance avec Ronnie. Très rapidement, les deux se sont charmés à travers des photos et des messages quasi quotidiens jusqu’à la première rencontre qui les a décidé à se marier. Pour lui permettre de la voir plus régulièrement, Claudine a fait le choix de demander un visa, qu’elle devrait obtenir très prochainement, pour vivre aux États-Unis.« Être femme de criminel, cela nécessite d’admettre le jugement, mais il faut aussi supporter le système carcéral et avoir beaucoup de courage, de patience. Le monde ne nous fait pas de cadeau. Les gens pensent que nous sommes des folles, c’est triste. »
« Notre espoir aujourd’hui est de vivre l’un près de l’autre de façon à profiter de chaque instant que la vie nous offre, et espérer que tout cela nous remplira suffisamment de bonheur pour y repenser et survivre lorsque l’un de nous partira. »
Les droits des couples en prison restent extrêmement limités. Les rencontres se font généralement au parloir. Certaines prisons sont dotées d’unités familiales, avec des appartements indépendants à l’intérieur de la prison pour permettre aux familles ou aux couples de se retrouver quelques heures totalement seules. « Il y a une excitation et une attente toute la semaine puisque généralement les couples se voient le week-end. Quand c’est au parloir, on n’a pas le droit d’avoir une intimité, ça peut être très frustrant alors certains franchissent la ligne rouge et s’autorisent à avoir des relations intimes au parloir au risque de se faire surprendre par les gardiens », affirme la journaliste Marine Mazéas.Pour l’autrice, entretenir une relation amoureuse permet de se réinsérer plus facilement une fois sorti de prison. Beaucoup de prisonniers aspirent ensuite à une vie calme lorsqu’ils savent qu’une vie de famille les attend dehors : « Pour nous la routine de monsieur de madame Tout-le-monde, on l’a beaucoup attendue, alors on est heureux de la vivre », déclare Agnès, ancienne surveillante, dans le livre.Qu’elles soient encore ou non en couple avec un prisonnier, toutes ces femmes restent marquées à jamais par une relation qu’elles n’auraient jamais imaginé. Certaines se remettent difficilement, même après avoir refait leur vie, d’autres ont la chance d’avoir réussi à dépasser à deux les difficultés associée à la prison.Parmi toutes ces histoires, Marine Mazéas a relevé un point en commun chez ces femmes : la compassion. « Quand on dit que l’amour rend aveugle c’est un adage qui n’est pas tout à fait faux. Quand on est amoureux, on enjolive la personnalité de celui qu’on a en face de soi, et quand c’est un criminel ça prend tout son sens. Ces femmes ne se voilaient pas la face, elles avaient bien conscience des crimes commis par leur compagnon. En revanche elles ont voulu voir le meilleur côté d’eux et surtout croire en leur bonne volonté ».« Certains franchissent la ligne rouge et s’autorisent à avoir des relations intimes au parloir au risque de se faire surprendre par les gardiens ».