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Music

Vous pouvez désormais écouter l’ADN d’une tomate

Mais ce n’est pas franchement mélodieux.
The MinION. Photo courtesy of Oxford Nanopore Technologies

« Ce que vous venez d’entendre est l’ADN d’une tomate traversant un nanopore », a déclaré David Eccles au public de TEDxWellington, après avoir fait écouter le morceau ci-dessus. Ce vaillant bioinformaticien, quoiqu’un peu masochiste sur les bords — il a choisi d’étudier la biologie parce que c’était son point faible au lycée —, originaire de Nouvelle-Zélande, a récemment travaillé sur le séquençage génétique, et plus particulièrement avec le plus petit et rentable séquenceur ADN du moment, MinION.

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Des chercheurs ont utilisé MinION pour étudier le virus Ebola en Afrique et les rainettes dans leur habitat naturel dans la forêt de Tanzanie. Le MinION a rendu tout cela possible ces deux dernières années. Eccles, entouré d’un groupe éclectique d’intellectuels au TEDxWellington, dit avoir eu une toute autre inspiration. « J’aime penser hors du cadre. Quand je vois des choses ondulées, je pense au son. Aux ondes sonores. Et si on pouvait écouter l’ADN ? », décrit-il durant sa conférence.

Quand l’ADN est séquencé à l’aide de la technologie des nanopores, le rendement brut est un fichier qui ressemble à une onde sonore. Eccles a chargé les données collectées d’un ADN séquencé sur Audacity et a ensuite modulé la fréquence jusqu’à obtenir le résultat présent. Il a été décidé de transformer une séquence ADN en son après avoir écouté la conférence « Begin to Obsolescence » d’un confrère au TEDxWellington, Asher alias Skymning, dont l’exposé a principalement consisté en une performance de musique analogique et qui a invité Eccles à faire du son à Ableton.

Sans surprise, la séquence sonne comme un morceau expérimental au synthé en accéléré. Eccles a posté le fichier sur le forum bioinformatique de Reddit. Il avoue que « si on ralentit le morceau 10 à 40 fois, ça devient un peu plus mélodieux ».

Le sample de tomate d'Eccles. Capture d'écran de TEDxWellington

On a donc le son de l’ADN d’une tomate, mais quid de l’ADN humain ? Eccles raconte à The Creators Project que les deux seraient tout à fait à leur place sur le même album. « Les séquences ADN sont généralement dues au hasard, mais il y a des contraintes variées qui impliquent qu’il y aura une structure similaire au niveau du séquençage », explique-t-il.

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« Nous partageons un peu le même principe vital : les humains et les tomates ont besoin de survivre dans ce monde — nous respirons l’air, nous nous reproduisons et nous avons des demandes en énergie par exemple — nous avons donc en commun plus que des points en commun biologiques. »

Le modèle à double hélice de l'ADN. Capture d'écran de TEDxWellington

Au-delà de la nouveauté du rendement sonore de l’ADN, un modèle sonore peut être utile pour les chercheurs. « Nous ne pouvons pas encore examiner les séquences ADN, du moins pas dans leur intégralité. Toutes les recherches technologiques actuelles de séquençage cherchent à convertir l’objet physique de l’ADN en modèle. […] Le modèle électrique qu’Oxford Nanopore a développé est le plus proche qu’on ait aujourd’hui pour examiner l’ADN. J’ai utilisé le son comme proxy pour visualisation car le signal électrique se traduit bien en son. »

Un condensé de la conférence est disponible en ligne. Allez à 1:29:00 pour voir Eccles dans la vidéo ci-dessus, et à 5:26:15 pour écouter Skymning.