graffiti metro stib bruxelles
Toutes les photos sont de l'Herboriste
Culture

Les graffeurs de métros bruxellois se portent bien, merci pour eux

« C’est un monde invisible où y’a plus d’adrénaline qu’ailleurs. »
Gen Ueda
Brussels, BE

Ça doit probablement faire un bon demi-siècle que les gens ont commencé à graffer dans des trains et sur leurs parois extérieures. C’est en tous cas au début des années 1970 que John Lindsay, le maire de New York, a déclaré la guerre aux graffitis, à coups de millions de dollars, sans nul doute après avoir pété une durite à la vue de tous ces gribouillis sauvages posés sur les trains de la ville.

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Une cinquantaine d’années plus tard, le monde entier est devenu un réseau ferroviaire new-yorkais. À Bruxelles par exemple, y’a parfois des mecs qui s'immiscent en petits groupes dans les sous-sols de la ville et recouvrent une rame de métro pour en faire un truc très éphémère. Dans ces cas-là, le véhicule est généralement retiré de la circulation le lendemain matin suite à l’éventuel signalement d’un conducteur, avant d’être envoyé au nettoyage. 

« C’est un peu une conquête de l’inutile, lance l’Herboriste, qui suit de près les graffeurs depuis un bail. C’est un monde invisible où y’a plus d’adrénaline qu’ailleurs. C’est pour les graffeurs qui ne veulent pas spécialement se faire connaître comme en rue. » Après que le graff l’a fait voyager un peu partout, ça fait maintenant quelques mois que le Covid a forcé le photographe à se poser un peu. Depuis, il prend le temps de préparer un livre sur les graffeurs de métros et trains à travers le monde. Parmi la masse de photos qu’il a en stock, il y en a évidemment plein qui ont été prises dans le réseau souterrain du métro bruxellois. 

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Quant à la STIB, elle se motive elle aussi à garder une trace de tous les graffitis pour constituer des dossiers et espérer combattre le fléau un jour. En 2020, l’enlèvement de peintures sur les seules rames des métros aurait nécessité 215 000 euros de dépenses et 333 auteurs auraient été identifiés. 

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Le truc, c’est que des premiers billets de Lindsay en 1973 à ceux de la STIB en 2020, les graffeurs du monde entier ont toujours su s’adapter pour mieux laisser leurs traqueurs sur le cul. « C’est suffisamment organisé pour pouvoir se réinventer en fonction de la façon dont la sécu évolue », remet l’Herboriste. Après les attentats de Paris en 2015, la STIB avait décidé de renforcer sa sécurité alors que la menace terroriste à Bruxelles avait atteint le niveau 4. Mais il n’a visiblement pas fallu beaucoup de temps pour que l’équipe que suit l’Herboriste, et les autres, trouvent de nouveaux réflexes. 

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On vous passe les détails techniques, mais depuis, les graffeurs de métros doivent notamment s’armer de pas mal de patience : « Parfois, ils doivent attendre 7 heures, cachés dans les tunnels, juste pour 15 minutes de peinture. »

Le ratio risque/bénéf semble niqué pour toute personne extérieure à ces expéditions, mais l’Herboriste est assez clair concernant l’aboutissement potentiel de ces quêtes : « En soi, le graffiti ça prend du temps, ça coûte de l'argent, de la patience, des problèmes et tout le reste mais il y a tous ces souvenirs et ces moments qui resteront : des rencontres et des voyages. Le projet de mon livre est de parler de tout ce qu'il y a en dehors de l'action de peindre, comme l'ambiance, la préparation, le style de vie, la reconstruction identitaire autour des codes de ce milieu, les remises en question, l'errance, la perdition... J'ai abordé le sujet avec un point de vue presque sociologique en axant la structure sur la construction identitaire de l'individu à travers un groupe marginalisé. J’évoquerai tout ça dans mon livre à travers des textes, des poèmes et des photos. » 

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Son livre Something We Lost est en cours de conception. On vous reparle probablement d’ici fin 2022.

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