L'affaire était presque passée inaperçue. Du moins, le dramatique attentat du 14 juillet à Nice avait eu pour conséquence d'étouffer très rapidement la polémique. Quelques jours seulement après la défaite de l'équipe de France en finale de « son » Euro, le célèbre quotidien allemand Bild lâchait une bombe : les Bleus étaient dopés lors de la demi-finale contre l'Allemagne, remportée 2-0. Après un tel effet d'annonce, on s'attendait évidemment au pire. Les journalistes allemands avaient-ils trouvé le matériel nécessaire à des transfusions sanguines dans les vestiaires du stade Vélodrome ? Des seringues usagées ayant servi à des injections d'EPO ? Des restes de « pot belge » ? Non, rien de tout ça. Photo à l'appui, Bild précisait avoir retrouvé un tube vide de Guronsan. Et c'est tout.Nach #EM-Halbfinale: @SPORTBILD findet Aufputschmittel in #FRA-Kabine! #GERFRA https://t.co/4vuvJgdiID pic.twitter.com/VLRburf8QO
— SPORT BILD (@SPORTBILD) 13 juillet 2016
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Dans le cadre de son « enquête », Bild a interrogé le professeur Fritz Sörgel qui, lui, ne prend pas de pincettes quand il s'exprime sur le sujet. Selon ses dires, « d'après le code antidopage de l'AMA, tout effort pour obtenir des avantages sur ses concurrents autres que par la puissance du corps est considéré comme du dopage. » Y aurait-il dans ces déclarations une once de mauvaise foi liée à la défaite de son pays au terme de cette rencontre ? Sans doute.En revanche, le professeur Sörgel a raison sur un point essentiel : le Guronsan est un produit efficace quand il s'agit d'améliorer les performances lors d'un rendez-vous sportif. Dans le monde du sport amateur, le produit est largement répandu. Sous couvert d'anonymat, un ancien cycliste amateur de bon niveau évoque sa consommation de Guronsan : « J'en prenais souvent pendant les années 1980, c'était assez efficace ». Efficace, mais pas sans danger. « Un jour, j'en ai pris beaucoup – six comprimés, m'a-t-il confié. Je suis devenu tout gris. Aujourd'hui, je souffre d'ulcère. Je me demande si ce n'est pas à cause de ça. »« Aujourd'hui, chez les amateurs, c'est tout simple, au départ on vous fait prendre des vitamines telles que le "Guronsan", puis après des anabolisants puis l'entraîneur vous dit peu à peu que la piqûre est plus efficace. » –Docteur De Mondenard
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Il y a un an, le nom du Guronsan est apparu lors d'affaires sans rapport avec le sport. Comme le révélait l'hebdomadaire L'Express, près d'un étudiant en médecine sur trois consommerait des médicaments susceptibles d'améliorer l'attention, et ce afin d'obtenir de meilleurs résultats. Mais c'est dans une enquête du Figaro que le Guronsan refait clairement surface. Léa, jeune étudiante en sciences politiques, affirme la chose suivante : « En période d'examens, j'en prends tous les jours. C'est avant tout pour me rassurer. Mais tout le monde le fait ! » Il faut dire que le médicament a tout pour séduire l'étudiant lambda. Il n'est pas dangereux pour peu que l'on respecte les doses prescrites et est efficace. Que demander de plus quand on s'apprête à plancher pendant quatre heures sur le système bicaméral américain ?Près d'un étudiant en médecine sur trois consommerait des médicaments susceptibles d'améliorer l'attention, et ce afin d'obtenir de meilleurs résultats.
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Ces agissements, de plus en plus répandus dans une société qui encourage l'efficacité et le sacrifice au nom de la réussite, pourraient sans doute être enrayés avec un poil de pédagogie et de prévention. Les étudiants, livrés à eux-mêmes en ce qui concerne les problèmes de santé, cherchent des réponses un peu partout. En fouillant sur Doctissimo, il n'est pas rare de tomber sur des threads créés par des jeunes en manque d'informations. Si, sur le site, une majorité d'internautes conseillent d'éviter le Guronsan, on peut tout de même se demander si ce vaste cloaque qu'est Internet est le meilleur endroit pour trouver des réponses à des questions qui mettent en jeu l'intégrité physique des jeunes.Et, sinon, pour en revenir à Pogba, Griezmann et compagnie : non, la découverte d'un tube vide de Guronsan ne sera jamais une preuve suffisante pour accuser de dopage l'Équipe de France, quand bien même celle-ci consommerait effectivement ce médicament pour améliorer ses performances. Malgré tout, on peut s'interroger sur une chose : pourquoi un produit dont un comprimé contient autant de caféine que 250 millilitres de Red Bull n'est-il pas soumis à un contrôle plus strict ? À moins que l'industrie pharmaceutique n'ait quelque chose à voir avec cette bizarrerie…Suivez Hugo sur Twitter.VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.On peut se demander pourquoi un produit dont un comprimé contient autant de caféine que 250 millilitres de Red Bull n'est pas soumis à un contrôle plus strict.