La règle principale des MGTOW, c'est que les femmes ne sont pas autorisées à entrer dans leur cercle – ce qui est différent de la démarche des MRA. Le groupe a aussi un penchant pour la rhétorique anti-gouvernement, mais, honnêtement, ce n'est pas vraiment une grosse surprise. Aussi, il est impossible de se revendiquer MGTOW. Chaque nouveau membre doit respecter certaines étapes. Il est possible de suivre sa progression avec ce qu'on appelle « Les étapes du MGTOW » sur cette route sans soutien-gorge, ni porte-jarretelles.
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Une majeure partie des MGTOWs ne s'impliquera pas dans n'importe quel type de relation avec une femme. Ils prêchent la recherche « d'activités productives » (le travail, j'imagine ?) et l'amitié de leurs frères d'armes. Il existe cependant un problème : il est impossible de passer complètement outre sa libido. Les pulsions sexuelles ne peuvent pas se satisfaire elles-mêmes, peu importe le temps que vous passez entre couilles. Il est légitime de se poser la question : comment les MGTOW prennent-ils leur pied ? De nombreuses techniques sont proposées sur le forum de MGTOW.com, leur QG. Certains misent sur les coups d'un soir, d'autres sur la masturbation compulsive ou la fréquentation occasionnelle de prostituées. L'idée qui règne sur le forum a été très bien résumée par Charlie Sheen devant le juge : « Je ne paye pas pour que les [prostituées] viennent, je paye pour qu'elles partent. » « Pour moi, c'est soit le flirt, soit les call-girls », a écrit un membre. « Je ne perds pas mon temps à flirter et je ne suis pas intéressé par une vie d'abstinence en ce moment. » Le célibat, qu'ils appellent « Devenir moine » (Men Going Monk), est une autre option souvent suggérée sur les forums, en particulier chez les dévots qui ont choisi leur propre voie. Pour les plus religieux, être MGTOW est un vrai casse-tête. Il est interdit de faire l'amour avant le mariage, mais vous avez aussi juré de ne pas vous marier. Vous vous retrouvez la queue entre les jambes et le cul entre deux chaises. « Devenir moine » n'est pas seulement une voie pour les plus zélés – certains sont convaincus que l'abstinence est la meilleure solution, parce qu'ils ne peuvent faire l'amour sans aimer, mais ne peuvent aimer une femme. « Je déteste être associé à des femmes d'une quelconque manière, que ce soit dans une relation amicale ou sexuelle. En plus, je ne peux pas faire l'amour avec une femme que je n'aime pas », a écrit le membre rorick. « Je suis peut-être vieux-jeu, ou tout simplement né comme ça. Pour faire l'amour, je dois aimer. Pour aimer une fille, je devrais m'arrêter de raisonner et me rendre à Vaginland, ce qui ne m'attire pas du tout. J'ai donc choisi de rester vierge. »
« Alors que les autres sites me disaient que je me faisais simplement rejeter parce que les femmes ne sont pas intéressées par moi, CETTE page me disait qu'elles sont naturellement trompeuses et mentent afin de se sortir de n'importe quelle situation », a-t-il écrit. « Les mecs [MGTOW], vous êtes honnêtes, vraiment directs (ce que j'apprécie, au passage). L'autre site [MRA] insistait en me disant que j'étais juste moche. » Il a continué en écrivant : « Ce site nous dit plutôt que ce n'est pas nous le problème, ce sont les femmes. Faites ce que VOUS voulez pour devenir meilleurs, mais ne faites surtout pas attention à ces gueuses. » Les MRA n'accueillent pas les MGTOW qui tiennent ce genre de propos avec bienveillance. Il existe une certaine animosité entre les deux groupes. Mais il existe aussi un autre type de mecs qui les voient comme un mouvement de seconde classe : les pick-up artists. La culture « ultra-masculine » des pick-up artists n'a plus rien à voir avec celle de ceux qui ont choisi de ne pas interagir avec les femmes. Un article sur Return of Kings, un site de pick-up artists, dénonce « Le culte de la médiocrité chez les mecs » en prenant MGTOW en exemple, allant même jusqu'à dénigrer la communauté. « Comme cette communauté existe en tant que telle, MGTOW est devenu un club des coeurs brisés pour ceux qui refusent d'assumer leurs rôles d'hommes », a écrit Matt Forney, l'auteur de l'article. « Non seulement ces puceaux revendiquent leur propre voie de losers, mais leur philosophie n'a ni queue ni tête. » La « manosphere » commence à ne plus tourner rond. L'histoire de la communauté MGTOW est trouble, mais il ne fait aucun doute que le mouvement est né au début des années 2000 et a été créé par deux hommes qui se font appeler Solaris et Ragnar. Il y a à peu près dix ans, un manifeste MGTOW a été publié. Ce manifeste original contraste la définition offerte aujourd'hui par MGTOW.com. Il commence par cette déclaration : « Le but est d'instiller une masculinité chez les hommes, une féminité chez les femmes, et de lutter pour un gouvernement au pouvoir limité ! » Ensuite, il est dit que pour que les hommes deviennent plus masculins, les femmes doivent perdre ce qu'elles ont de masculin. Plus tard, on peut lire : « Les femmes qui ont d'autres qualités n'intéressent pas les hommes parce qu'ils n'en ont pas besoin ! La féminité sera le prix à payer pour les femmes qui souhaitent que les hommes soient plus masculins. » Depuis sa création, le mouvement a explosé dans les pays anglophones occidentalisés comme les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Grande-Bretagne. D'après MGTOW.com, l'épicentre des « hommes choisissant leur voie » est à Toronto, parce que c'est « le pire endroit au monde où être un homme. » La communauté a discrètement disparu du radar public pendant un temps, étant mentionnée par des publications politiquement à droite comme Breitbart, qui a appelé le mouvement le « Sexodous », et Info Wars, un site web dirigé par Alex Jones, un adepte de la théorie du complot. (Les deux ont un penchant antiféministe.) Cependant, MGTOW n'a rien à voir avec le mouvement révolutionnaire que ses adeptes revendiquent, ni avec un nouveau concept. Avec le temps sont nés des mouvements similaires, dont la vocation est d'annihiler tout progrès engendré par le féminisme. Des groupes comme MGTOW et MRA existaient à l'époque du mouvement des suffragettes, quand les femmes ont commencé à s'impliquer dans la main-d'œuvre et autres moments clefs de la lutte pour le droit des femmes. Dans les années 1980 et 1990, le mouvement mythopoétique s'est développé en réponse à la deuxième vague féministe. Ce sont des mouvements réactionnaires. Le Dr. Tristan Bridges est un professeur assistant en sociologie au collège de Brockport qui écrit dans le journal universitaire Men, Masculinities, and Methodologies. Le travail de Bridges est centré autour des questions liées au genre, et en particulier à la masculinité. Je lui ai demandé d'expliquer MGTOW et l'histoire de mouvements similaires, depuis son point de vue universitaire. « Quand on regarde l'histoire de tels mouvements, voici ce que nous voyons : les hommes sont emmerdés et veulent parler de masculinité et changer la vision que nous en avons après qu'il y a eu une sorte de transformation de la féminité », a expliqué Bridges. « Quand ça arrive, je pense que les historiens s'accordent à dire que quelque chose d'important s'est produit qui fait que les hommes sentent leur position de privilégiés remise en cause : c'est une réaction culturelle qui se met en place. » Il y a beaucoup de facteurs en jeu ici, et l'un des plus importants (qui guide le mouvement) est le « gender vertigo » (panique de genre). C'est un concept avancé par Barbara Risman qui s'intéresse aux attentes liées au genre et les attaches à ce concept que nous n'arrivons plus vraiment à définir aujourd'hui comme masculin.
Il est difficile d'écouter les plaintes – véridiques ou non – venant de la manosphere, alors que ces groupes utilisent une rhétorique irrévérencieuse, et même parfois radicalement haineuse. Je n'ai pas la prétention de savoir ce que signifie la masculinité pour autant, mais je suis à peu près sûr que ça ne comprend pas plusieurs niveaux d'excommunion de la femme.Mack est sur Twitter.