Si les réseaux sociaux pourraient laisser penser que le confinement a été uniquement consacré à la maîtrise de l’art délicat du pain au levain et à l’apprentissage de nouvelles poses de yoga, une autre occupation a été prévalente : plutôt que de se regarder le nombril, nombre d’hommes se sont concentrés sur leur pénis. Avec, à la clé, une potentielle hausse des demandes de pénoplasties d’élargissement, une procédure qui permet de gagner quelques centimètres de circonférence.
Docteur Bruno Slaviero, médecin esthétique à Liège a remarqué une augmentation notable de pénoplasties depuis le confinement : « Avant le confinement, je pratiquais deux-trois pénoplasties par mois, mais depuis, les demandes ont plus que doublé et j’en suis à cinq à sept procédures mensuelles. J’ai constaté aussi sur les statistiques du site internet de mon centre médical, Medesthétique, que la consultation de la page dédiée aux pénoplasties explosait. »
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S’il est tentant de se dire que c’est parce que ces mecs étaient coincés avec eux-mêmes pendant des mois qu’ils ont pu disséquer tout ce qu’ils voulaient améliorer chez eux, selon le Dr Slaviero, l’explication est ailleurs : « Avec la fermeture de l’Horeca et des magasins, beaucoup de gens n’ont pas pu se faire plaisir, donc ils ont déplacé leur budget ailleurs. »
Une pénoplastie d’élargissement consiste à injecter de l’acide hyaluronique spécifiquement conçu pour cette région dans le fourreau pénien, c’est-à-dire entre la peau qui recouvre le pénis et les corps caverneux. La procédure qui a lieu sous anesthésie locale et le volume sera déterminé au préalable en fonction des desideratas du patient et de la taille initiale de son pénis. « L’opération permet de gagner jusqu’à trois centimètres de circonférence, tant au repos qu’en érection », souligne Dr Slaviero.
Il est intéressant de noter que seule une toute petite minorité des patients qui viennent chez le Dr Slaviero pour une pénoplastie ont réellement un petit pénis par rapport à la moyenne : « Ce qui joue surtout, c’est le syndrome du vestiaire ; des hommes sportifs qui ont l’habitude d’être nus devant d’autres hommes et qui comparent la taille, sans prendre conscience que forcément, ils ne voient pas la leur sous le même angle que celle de leurs camarades et que ça fausse la perception. » S’ajoutent à cela quelques patients qui font appel à cette procédure parce que le vagin de leur femme est plus large après de multiples accouchements et qu’ils veulent retrouver les mêmes sensations qu’avant.
Ce qui est étonnant, c’est que beaucoup de ces hommes choisissent de cacher avoir eu recours à une pénoplastie à leur moitié : « Je me demande d’ailleurs bien comment ils y arrivent, vu qu’il faut attendre au moins dix jours après la procédure avant de pouvoir avoir un rapport, et que les premiers jours, le pénis est très gonflé et couvert de petits sparadraps », s’étonne Dr Slaviero.
Deux de ses patients ont accepté de nous parler de leur opération.
Simon*, 38 ans
« J’ai pris rendez-vous pour une pénoplastie juste après le confinement, dès que j’ai pu avoir une place chez le médecin. Ça faisait longtemps que j’y pensais, et le confinement a clairement participé à ma décision, parce que j’ai eu plus de temps pour réfléchir et je me suis dit qu’il valait mieux se faire plaisir maintenant parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver après.
Pour la petite histoire, si j’ai commencé à m’intéresser à la possibilité d’élargir mon pénis, c’est parce qu’un très bon ami à moi m’a montré le sien. Il m’a dit qu’il avait fait une pénoplastie d’élargissement, et j’étais très curieux de voir le résultat – entre amis, ce n’est pas particulièrement tabou. Il m’a montré et j’ai trouvé ça très beau, pas excessif du tout, j’aimais particulièrement le fait qu’il n’y ait plus “d’effet accordéon” sur le sexe au repos et l’idée a commencé à me travailler.
J’ai pris plus d’un an à me décider, il a fallu que je pèse le pour et le contre, parce que ça a un certain coût – 2750€ non remboursés tout de même – et je me demandais si ça valait le coup. Surtout que j’étais déjà très satisfait de la taille de mon pénis à la base. J’en ai parlé à ma femme, qui a d’abord rigolé puis qui m’a dit que si ça me faisait plaisir, je n’avais qu’à le faire. C’était évident pour moi d’en parler avec elle parce qu’une telle différence de taille et d’apparence aurait été difficile à expliquer, et puis surtout parce que c’était important de jouer franc-jeu. Au début, elle a trouvé ça cher, mais je lui ai répondu que je ne dépense pas souvent d’argent pour moi-même, et là j’avais envie de m’offrir ça. C’était important pour moi d’avoir son feu vert, d’autant qu’on fonctionne avec un compte commun, donc techniquement, on a payé l’opération à deux.
« Un ami qui avait fait l’opération m’a montré son pénis et j’ai trouvé ça très beau, pas excessif du tout. J’aimais particulièrement le fait qu’il n’y ait plus “d’effet accordéon” sur le sexe au repos . »
Le jour de l’intervention, je n’étais pas stressé, je suis juste déçu de ne pas avoir pu voir ce que le docteur faisait, avec l’anesthésie je ne sentais rien et je voyais juste ses bras bouger, mais j’aurais bien aimé voir comment ça se passait. Après les injections, le docteur masse le pénis pendant une quinzaine de minutes, mais ce n’est pas gênant, on a bien conscience que c’est un geste de praticien qui est nécessaire et non une caresse. Le lendemain de la pénoplastie, ça ressemblait plus à un gros concombre qu’à un pénis, ça nous a bien fait rire avec ma femme, elle m’a dit qu’on aurait dit que j’avais été bombardé de piqûres de moustiques.
La première fois qu’on a fait l’amour après l’intervention, par contre, on a moins ri parce que mon pénis n’était pas encore entièrement dégonflé et il était trop gros pour ma femme, c’était un peu inconfortable. On avait dû utiliser un préservatif, comme quand on était ados, et même en prenant un modèle grande taille, c’était limite un peu trop petit. Maintenant que l’œdème a disparu, j’ai gagné environ 2,5 centimètres de circonférence, moi je suis super content mais ma femme me dit que ça ne change rien au plaisir qu’elle prend quand on fait l’amour. Pour moi, ça joue vraiment sur mon mental.
« Le lendemain de la pénoplastie, ça ressemblait plus à un gros concombre qu’à un pénis. »
Quand je vois les bénéfices psychologiques de l’intervention pour moi qui n’était pas complexé à la base, je trouve ça vraiment dommage que les pénoplasties restent un sujet tabou, alors que ça pourrait vraiment aider d’autres hommes. Le pénis au repos change de taille selon qu’on a froid, chaud,… L’opération permet de stabiliser les variations, c’est très agréable. Je ne vois pas pourquoi il faudrait en avoir honte. Un jour ce sera une intervention banale, et je pense que ça ne pourra être que bénéfique pour la mentalité et même l’agressivité de certains hommes, parce qu’ils se sentiront beaucoup mieux dans leur peau. »
Martin*, 31 ans
« Je suis complexé depuis toujours par la taille de mon pénis. J’ai vécu une adolescence difficile entre remarques, regards, petites blagues douloureuses et vie sentimentale complètement bridée. Prendre une douche à l’école après la gym, même en gardant mon slip, était une vraie épreuve de force. Je devais encaisser les moqueries, ça a laissé des traces.
À l’âge adulte, j’ai perdu beaucoup de poids mais je ne me suis pas senti mieux dans ma peau pour autant. Je trouvais toujours mon pénis horrible, tant dans sa forme que sa taille ou sa grosseur, c’était vraiment un complexe très profond pour moi.
« Je peux vivre une relation sexuelle sans angoisser en me demandant ce que ma partenaire va penser de mon pénis ; je n’ai plus peur. »
Il y a quelques années, j’ai commencé à chercher des solutions, mais je ne voyais que des options barbares, avec des risques de complications graves, jusqu’à ce que j’entende parler des pénoplasties d’élargissement lors d’un déplacement à Paris. Pouvoir corriger la taille de mon pénis sans être mutilé : le rêve. J’ai directement été emballé par la procédure, et quand j’ai vu que le Dr Slaviero la pratiquait à Liège, je n’ai pas hésité.
J’ai littéralement décompté les jours jusqu’à mon rendez-vous. Une fois l’intervention passée, je trouve que l’œdème aurait pu rester, ça ne m’aurait pas dérangé du tout ! Aujourd’hui, je suis complètement changé, j’ai retrouvé une vie sociale et amoureuse, je suis plus patient et moins nerveux. Je peux vivre une relation sexuelle sans angoisser en me demandant ce que ma partenaire va penser de mon pénis ; je n’ai plus peur.
Je n’ai qu’un conseil pour tous ceux qui hésitent : foncez. Ce foutu complexe m’a pourri la vie pendant des années, et a disparu en trente minutes. »
*Noms d’emprunt.
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