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Ces amis qui ont opté pour la colocation mais qui n’auraient jamais dû

« Quand S. est parti pour le week-end, on s’est embrassé, sa copine et moi. À partir de ce moment-là, c’est devenu incontrôlable : on s'embrassait secrètement dans la cuisine, et on couchait ensemble quand il n’était pas à la maison. »
Illustration: Mai Ly Degnan

La colocation avec des amis, c’est génial. Mais ça peut aussi flinguer une amitié en très peu de temps. Passer sept jours sur sept avec la même personne peut vous offrir une vision (trop) intime de celle-ci, y compris ses rognures d’ongles sur le rebord de la baignoire. Bien sûr, vous n’êtes pas amis pour rien, vous êtes faits du même bois. Mais en plus d’être un super pote de soirée, votre coloc peut aussi se révéler trop paresseux pour jeter ses cartons de pizza et avoir une préférence pour les tartines au beurre de cacahuète et à la sauce tomate.

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De problèmes plus sérieux peuvent également faire surface si des histoires de cœur entrent en jeu, ou si les attentes de chacun à propos du « vivre-ensemble » se révèlent différentes, ou encore si vos propres habitudes et névroses font obstacle au bon déroulement de la vie en société. Nous avons discuté avec ceux qui ont perdu un ami après avoir expérimenté la collocation.

La copine qui t’arnaque avec le loyer

J’ai vécu avec une très bonne amie à moi et trois autres colocataires. C’était mon amie K. qui avait dégoté la maison, c’est donc elle qui s’était occupée de calculer la part du loyer que chacun devait payer.

On payait tous un loyer différent en fonction de la taille de la chambre qu’on occupait, comme dans pas mal de colocs. J’ai fait confiance à K. C’était peut-être naïf, mais après tout nous étions amies.

Après quelques mois, une autre colocataire m’a dit qu’elle avait fait une estimation des dimensions des chambres et avait pu en déduire le prix. J’avais payé beaucoup trop pendant plusieurs mois, mais ce n’était pas ça le pire : j’ai compris qu’elle m’avait menti. J’ai immédiatement quitté la maison. J’ai dû payer un double loyer, mais je m’en foutais, je voulais partir. Nous étions amies depuis longtemps, mais maintenant on ne se parle plus.

J’avais payé beaucoup trop pendant plusieurs mois, mais ce n’était pas ça le pire : j’ai compris qu’elle m’avait menti.

Anne*, 23

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Mon histoire avec la petite amie de mon coloc

Ça fait plus de dix ans que je connais S. Il y a quatre ans, j’ai déménagé à Rotterdam pour mes études, et après une année passée sur le canapé de S., j’ai officiellement eu ma propre chambre dans cette maison.

Pendant la première année, c’était surtout le désordre qui m’énervait. Les toilettes étaient tellement sales que je me retenais de pisser jusqu’à ce que j’arrive à l’université. J’ai toujours fait le ménage dans la coloc’, mais après un an j’en ai vite eu marre.

La maison est devenue de plus en plus sale. On cuisinait chacun de notre côté, mais lui abandonnait toujours ses plats sales dans l’évier jusqu’à ce qu’on ne puisse plus distinguer le robinet. Pendant ces quelques mois, j’avais perdu tout respect pour lui. Ça m’aurait soulagé que notre amitié s’arrête là.

Cependant au cours de la troisième année de colocation, il a eu une petite amie et ça l’a vraiment changé. Ça s’est mieux passé, il en a fait plus à la maison et a recommencé à travailler. Sa petite amie est venue vivre avec nous pendant quelques semaines et c’était sympa de passer du temps à trois. Mais ensuite, S. a dû s’absenter pour un week-en et sa copine et moi nous sommes embrassés. Nous sommes arriver à la conclusion tragique que nous nous aimions et à partir de ce moment-là, c’est carrément devenu incontrôlable: on s’embrassait secrètement dans la cuisine et on couchait ensemble quand il n’était pas dans la maison.

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Ça fait six mois que ça dure. Mon coloc n’est pas au courant, il est juste super content qu’on s’entende si bien sa copine et moi. On vit toujours ensemble, et je ne suis absolument pas fier de cette situation. Il a peut-être été un mauvais colocataire, mais moi je suis un mauvais ami. En ce qui concerne mon histoire avec sa copine, je sais bien qu’un moment ou un autre ça va foirer et pour être honnête, je pense que j’en serai beaucoup plus triste que de la fin de mon amitié avec S.

Paul, 27

L’ami qui est tombé fou amoureux de moi

Pendant un an et demi, j’ai partagé une maison avec mon meilleur ami B. et un de ses potes. Auparavant j’avais déjà loué deux chambres toute seule, mais B. et moi nous entendions tellement bien qu’il m’a demandé si je voulais venir vivre avec lui. Cette époque était géniale : on est devenu super proches, notre amitié s’est renforcée et on faisait presque tout ensemble.

Je ne pouvais aller nulle part sans avoir l’impression d’être observée.

À ce moment là, il avait une petite amie. Mais ça a cassé au bout d’un moment. Ça faisait plus ou moins un an qu’on habitait ensemble et il m’a annoncé qu’il était amoureux de moi. Mais je n’étais pas amoureuse de lui. Il est devenu obsédé par moi et m’a dit qu’il avait peur que je fasse des choses avec d’autres personnes. Ça m’a rendu super parano.

Je ne me sentais pas à l’aise dans ma propre maison, je ne pouvais aller nulle part sans avoir l’impression d’être observée. Un soir j’ai même intentionnellement eu des relations sexuelles avec mon ex-petit ami dans ma chambre alors que je savais que B. était dans la pièce au-dessus et pouvait tout entendre. Quelques mois après le moment où il a déclaré être amoureux de moi, j’ai décidé que je devais partir. B. l’a très mal pris, il était triste, il pleurait. Je trouvais aussi ça terriblement triste, parce qu’au final on était de très bons amis. Dans la période qui a suivi, je me suis sentie atrocement seule.

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Gwen, 26

La copine qui m’utilisait comme souffre-douleur

Je faisais mes études à Amsterdam où j’avais finalement trouvé un appartement après des mois de recherche. Je m’y suis installée avec deux camarades de cours. Au début tout était rose, mais P. et moi n’étions pas les amies idéales : moi parce que j’étais une solitaire et que j’aimais passer du temps de mon côté, elle parce qu’elle était souvent des très mauvaise humeur et le reportait sur ses colocataires – principalement sur moi.

Je l’ai laissé faire pendant des mois sans vraiment rien dire, jusqu’à ce que ça en devienne trop pour moi. J’ai pété un plomb et je lui ai crié que j’en avais marre d’être son souffre-douleur. À cette époque j’avais encore pas mal de troubles de l’alimentation, et elle s’en est servie pour me rabaisser: « Tu te crois si malheureuse, tu te vois toujours comme une victime! » Je me suis repliée sur le seul mécanisme de défense que je connaissais, c’est-à-dire sprinter jusqu’aux toilettes et m’enfoncer un doigt dans la gorge. Elle frappait hystériquement à la porte, mais j’ai refusé de lui ouvrir.

Peu de temps après, j’ai quitté cette maison et nous n’avons pratiquement plus eu aucun contact pendant un an et demi. Maintenant on se reparle de temps en temps, mais on ne sera plus jamais aussi proches qu’à l’époque.

Simone*, 26

La copine super grande et qui rangeait le Nutella beaucoup trop haut

J’ai vécu quelques semaines dans un squat à Amsterdam avec ma meilleure amie A. Nous avions dix-sept ans à l’époque et étions amies depuis la première secondaire. J’avais déjà vécu seule, mais pas A. Jusqu’alors, elle avait vécu avec ses parents dans une zone industrielle, à une heure de vélo d’Amsterdam.

Quand on a emménagé dans le squat, elle s’y est tout de suite plu et a apprécié la liberté dont elle disposait. J’ai vite réalisé que nos attentes en termes de collocation étaient très différentes. Quand elle est tombée amoureuse, elle n’était presque plus à la maison, alors que je lui avais pourtant dit que j’avais peur d’y dormir seule. J’avais espéré qu’on soit plus souvent à deux dans cette maison.

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Elle ne se souciait de rien quand elle était là : je faisais 1m53 et elle presque 1m90, mais elle plaçait toujours le pot de pâte à tartiner sur l’étagère la plus haute de la cuisine. Du coup je n’ai jamais pu attraper ce foutu pot. Elle ne réalisait même pas qu’elle le faisait, mais même si je lui demandais d’y penser et de descendre le pot d’un étage, elle ne le faisait pas. Finalement, après quelques semaines, on a reçu une lettre de proprio qui menaçait d’appeler les flics, on a donc du quitter le squat. Je pense que c’est clairement ce qui nous a permis de rester meilleures amies jusqu’à aujourd’hui.

Judith, 58

* Les vrais prénoms sont connus de la rédaction .

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