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Santé

Un docteur gentil peut rendre les traitements médicaux réellement plus efficaces

Prenez des notes, médecins impolis.
Un docteur gentil peut rendre les traitements médicaux réellement plus efficaces
Photo par Martin Brosy via Unsplash

On a tous vécu au moins une fois le cauchemar d’un rendez-vous chez un médecin désagréable et expéditif, qui nous regarde à peine et qu’on a tout simplement l’impression de déranger. Une nouvelle étude pourrait encourager ces médecins odieux à apprendre enfin les bases de la politesse entre humains : des chercheurs de l’Université de Stanford viennent de prouver que la gentillesse des docteurs a un impact direct sur la santé de leurs patients.

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Dans un article du New York Times , ils décrivent les résultats de leur étude, qui prouve que l’amabilité d’un médecin permet de soulager les symptômes de ses patients plus rapidement.

Les patients qui ont participé à l’étude ont passé un test cutané, pendant lequel le médecin leur a administré une piqûre d’histamine pour évaluer les allergies. Cette piqûre rend la peau rouge et irritée.

Avec le premier groupe de patients, le docteur a examiné cette réaction sans rien dire.

Avec le second groupe, le docteur a dit cette phrase d'encouragement : « À partir de maintenant, votre réaction allergique va commencer à diminuer et votre éruption cutanée et votre irritation vont disparaître. » Le résultat est frappant, après avoir entendu cette phrase de la part du praticien, les patients du groupe numéro 2 ont déclaré sentir que leur peau était moins irritée, sans que le médecin n’ait donné ni médicaments ni traitement. Ce sont seulement ces quelques mots qui ont permis de soulager leurs symptômes.

Dans une autre étude, menée par les mêmes chercheurs, deux autres groupes de patients ont reçu cette même piqûre d'histamine. Le premier groupe a rencontré une médecin chaleureuse, qui les a appelés par leur nom, a été souriante et a bavardé avec eux en établissant un contact visuel. Son bureau était impeccable, elle parlait clairement et elle semblait sûre d’elle pendant les procédures médicales. Le deuxième groupe a rencontré une médecin qui est restée collée à l’écran de son ordinateur, qui n’a pas pris la peine de se présenter et qui a posé uniquement des questions pratiques. Sa salle d'examen était en désordre et elle ne semblait pas sûre d'elle-même.

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Aux deux groupes, les médecins ont donné la même crème, en expliquant qu’elle allait permettre de réduire la réaction allergique et les démangeaisons. La crème était en réalité un simple placébo. L’étude révèle que la crème placébo a réduit les réactions allergiques uniquement pour les patients du premier groupe. Chez les patients qui ont eu affaire à la médecin désagréable, la crème placébo n'a eu aucun effet.

« La relation médecin-patient n’est pas simplement un bonus réconfortant, concluent les chercheurs, mais un élément des soins médicaux ayant des effets importants sur la santé physique du patient. Il existe des moyens simples de créer de la chaleur et une impression de compétence, comme sourire, regarder les patients dans les yeux et leur demander leur nom. »

Au Québec, depuis quelques années, les futurs médecins apprennent à développer leur écoute dès l’école de médecine. La Dre Nathalie Gaucher, pédiatre-urgentologue au CHU Sainte-Justine, est membre du Bureau de l'éthique clinique de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Elle enseigne l’éthique et l’écoute aux résidents en médecine. « Selon nous, l’écoute est le préalable à l’empathie, explique-t-elle. On apprend le côté cognitif, se mettre à la place de l’autre, et le côté émotionnel, apprendre à reconnaître les émotions de l’autre. »

« On a d’ailleurs des patients qui participent à des ateliers avec les étudiants. On apprend également aux étudiants à se connaître eux-mêmes, parce que, pour reconnaître les émotions des autres, il faut connaître les siennes, accepter la place de ses propres émotions », illustre l’experte.

« Je pense qu’on ne peut tout simplement pas être médecin sans écoute et empathie. C’est de la mauvaise médecine que de ne pas écouter, croit la Dre Gaucher. Les médecins qui ont le plus d’habileté d’écoute, qui ont de l’empathie et qui communiquent bien sont ceux qui ressentent une plus grande satisfaction dans leur propre travail. Tout est corrélé. »

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Pour le Dr Hugo Viens, président de l'Association médicale du Québec, une des difficultés, c’est que les patients vont remettre en question le travail du médecin. « Il faut prendre en compte que les patients sont aussi de plus en plus critiques envers la compétence des médecins, dit-il. L’empathie, avec le stress qu’on vit, c’est la première chose qui va prendre le bord. C’est fort probable que la médecine d’aujourd’hui fasse qu’on ait moins tendance à être aidant, empathique envers le patient, parce qu’on supporte plus de stress. »

Mais le Dr Viens se reconnaît aussi dans les médecins des premiers groupes de l’étude : « Je fais énormément de TLC pour mes patients, de Tender Loving Care. Je crois que ce qu’on retrouve dans l’étude est une réalité. Mon expérience démontre que, fort probablement, mes patients vont mieux que les patients de mes collègues qui n’ont pas la même attitude que moi, à compétence égale. »