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agressions sexuelles

Poussées par la vague médiatique, les victimes d’agression vont chercher plus d’aide

Le SPVM a reçu plus de 50 appels depuis hier. Les acteurs de première ligne veulent en faire plus.

Les victimes d'inconduites ou d'agressions sexuelles sortent de l'ombre. D'abord, le mouvement #MoiAussi a pris de l'ampleur, et ensuite ont éclaté les scandales d'Éric Salvail, de Gilbert Rozon, de Gilles Parent et maintenant de Michel Brûlé, visés par des dizaines de témoignages dans les derniers jours. Mais tout ne se joue pas sur la place publique.

Aux Centres d'aide et de lutte contre les victimes à caractère sexuel (CALACS) et au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le nombre de personnes qui vont chercher de l'aide a récemment augmenté.

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Pour les CALACS, qui regroupent 26 organismes membres dans la province, il est trop tôt pour chiffrer l'augmentation, mais elle est évidente.

« Pour nous, ce n'est pas nouveau. Chaque fois qu'il y a des cas d'agression à caractère sexuel qui sont médiatisés, on a plus d'appels », explique l'agente de communication des CALACS, Stéphanie Tremblay.

Elle donne l'exemple de Nathalie Simard, il y a plus de dix ans et, plus récemment, avec le mouvement populaire de lutte contre les violences sexuelles de l'automne dernier, après les agressions à l'Université Laval à Québec. Ces événements ont eu une incidence considérable sur le nombre d'appels.

Stéphanie Tremblay avance que l'ampleur du phénomène est peut-être plus grande cette fois-ci, ce qu'elle attribue majoritairement au nombre de personnalités publiques concernées, des modèles qui encouragent les femmes à aller chercher du soutien.

Parlant de soutien, Mme Tremblay souligne le manque de ressources pour les organismes venant en aide aux victimes d'agression sexuelle. En mars dernier, au moment de la dernière compilation, les CALACS étaient déjà débordés.

Dans 17 des 26 organismes membres, on recensait plus de 350 femmes sur des listes d'attente. La récente vague de dénonciations vient alourdir ce bilan. Le centre de Val-d'Or a dû créer une liste d'attente, ce qu'il n'avait jamais fait en 35 ans.

Une telle augmentation de la demande de services vient empiéter sur les activités de prévention que les centres veulent faire, déplore Stéphanie Tremblay. « Si on fait juste toujours éteindre des feux, on ne règle pas le problème. »

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Les CALACS saluent la décision du gouvernement provincial d'allouer d'urgence un million de dollars aux organismes venant en aide aux victimes, mais ce n'est pas suffisant, selon Mme Tremblay. La mesure, trop maigre, n'est que ponctuelle. Le manque à gagner pour ces organismes serait plutôt de l'ordre des 5 millions de dollars chaque année, selon les estimations des CALACS.

L'agente en communication exhorte le gouvernement à entendre les revendications et à passer à l'action. « Ce n'est pas avec des mots-clics qu'on va adapter notre système judiciaire pour traiter les cas d'agression sexuelle », illustre-t-elle. Elle évoque le besoin d'investissements dans la prévention et les cours d'éducation à la sexualité, et dans le soutien pour les victimes qui n'osent pas porter plainte (soit environ 95 % des victimes d'agression sexuelle).

La police veut en faire plus

Dans un bref communiqué, le SPVM a annoncé hier avoir mis en place une ligne téléphonique temporaire pour les victimes d'agression sexuelle, de harcèlement ou de comportements inappropriés.

« Nous sommes à l'écoute », assure-t-on. Jusqu'à maintenant, le SPVM a recensé 43 appels dans la seule journée d'hier, et 10 autres dans la matinée d'aujourd'hui.

D'après La Presse, le service de police reçoit un nombre d'appels si élevé depuis les récentes dénonciations publiques qu'il envisage d'augmenter les ressources pour traiter les plaintes. L'option de mettre en place une équipe spéciale d'intervention supplémentaire serait étudiée.

De son côté, le Service de police de Québec affirme avoir reçu 4 plaintes pour agression sexuelle dans la journée de jeudi, à la suite de leur appel à la dénonciation publié sur Twitter.