Image : Santé Canada
Cet article a d'abord été publié sur VICE Canada.En 1942, le gouvernement du Canada a publié ses Règles alimentaires officielles au Canada afin de veiller à ce que les Canadiens mangent bien en temps de guerre, période marquée par le rationnement, la malnutrition, l’instabilité économique et les ressources limitées. On recommandait de manger des aliments qui « protègent la santé », comme du foie, du cœur et des rognons une fois par semaine, et, pour les enfants, de boire « plus d’une chopine » de lait par jour. Ces règles pour une alimentation hypercalorique deviendraient plus tard l’emblématique Guide alimentaire canadien, un arc-en-ciel jaune, vert, bleu et rouge placardé aux murs des couloirs de notre enfance.Un peu plus de 70 ans plus tard, il y a eu une refonte des règles canadiennes, avec streaming en direct sur Periscope pour en faire l’annonce. Depuis Montréal, la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, a montré qu’elle avait saisi l’ère du temps en empruntant des mots d’Anthony Bourdain, selon qui « la nourriture est tout ce que nous sommes », et elle a ajouté que l’idée maîtresse derrière le nouveau Guide alimentaire était que « manger devrait être un plaisir ». D’accord, Madame la Ministre, vous avez notre attention.Alors, quels sont les grands changements? La première chose que l'on remarque, c’est l’absence des quatre groupes alimentaires — les piliers qui soutenaient le Guide depuis 1942 — qui sont substitués par deux thèmes : comment et où l’on mange .Bien sûr, on y trouve d’abord les évidences : par exemple, manger plus de fruits et de légumes. Mais en suite le Guide alimentaire met l’accent sur l’hydratation, recommandant de boire beaucoup d’eau et moins d’alcool, qui, contrairement à ce que pensent des milléniaux, ne sont pas des groupes alimentaires. La viande a perdu son propre groupe et se retrouve dans celui, plus vaste, des sources de protéines, parmi lesquelles on trouve des substituts comme les légumineuses, ainsi que des viandes maigres et le yogourt faible en gras.En d’autres mots, fini les confuses quantités de jadis, comme de huit à dix portions de légumes pour les hommes adultes de 19 à 50 ans, mais de sept à huit pour les femmes adultes. C’est maintenant l’heure de demander aux grands-parents de nous donner leurs recettes. Bien que ces directives semblent avoir été rédigées par Mme Petitpas Taylor pendant qu’elle regardait Parts Unknown, la communauté médicale paraît ravie qu’une approche qualitative succède aux règles quantitatives.Par voie de communiqué, la présidente de l’Association médicale canadienne (AMC), la Dre Gigi Osler a affirmé que « l’AMC se réjouit de l’orientation générale adoptée par le gouvernement fédéral pour le nouveau Guide alimentaire » et « qu’elle appuie particulièrement l’examen fondé sur des données probantes et le vaste processus de consultation utilisé pour rédiger le nouveau guide, afin de s’assurer qu’il est fondé sur une recherche impartiale ».Mais tout le monde n’est pas enchanté des nouvelles recommandations, comme de « planifier un déjeuner avec des amis », ou des « 5 façons d’ajouter de la saveur à votre eau ». Comme la viande, les produits laitiers n’ont plus leur propre groupe. Les Producteurs laitiers du Canada, le lobby du lait, ne sont pas d’accord avec cette rétrogradation, se disant « préoccupés par le fait que la mise à jour du Guide alimentaire ne reflète pas les données scientifiques les plus récentes », lit-on dans un communiqué.La directrice, Nutrition et Recherche, des Producteurs laitiers du Canada, soutient que « des preuves scientifiques toujours plus nombreuses et concluantes démontrent les avantages nutritionnels des produits laitiers dans la promotion de la santé des os et la prévention de plusieurs maladies chroniques. Les preuves récentes et émergentes ne justifient pas que l’on continue à favoriser les produits laitiers faibles en gras, car elles révèlent que les produits laitiers qui contiennent plus de gras ne sont pas associés à des effets nocifs sur la santé et pourraient même procurer des avantages. »
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Plutôt que des portions recommandées, le Guide propose un mode de vie : préparer ses repas soi-même, lire les étiquettes, manger moins d’aliments transformés, tendre vers l’autosuffisance : « Cultivez, récoltez, pêchez, chassez et préparez la nourriture de façon traditionnelle. » Et peut-être encore plus inédit : il suggère de « garder vos racines culturelles et vos traditions alimentaires vivantes en les transmettant d’une génération à l’autre ».
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Pour accompagner ces changements, Santé Canada propose même quelques recettes comme son « ragoût d’orignal » et ses « merveilleux muffins », et nous sommes impatients de voir les prévisibles photos de Justin Trudeau en train de préparer le « houmous super crémeux ».Suivez Nick Rose sur Twitter .Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.