Images via HBO.
On a survécu à huit longues années de Game of Thrones, et malgré tout, on s’attendait toujours à plus. Mais ce n’est plus l’émission dans laquelle on coupait la tête de personnages principaux avant la deuxième saison. Ce n’est plus l’émission dans laquelle plusieurs personnages centraux sont morts au Red Wedding. Ce Game of Thrones n’est plus le phénomène mondial qui dérogeait à tous les codes du genre fantastique. À la place, la grande surprise dans le dernier épisode de la série, The Iron Throne, c’est que tout ce qui était prévisible s’est passé de la pire façon possible.Les téléspectateurs savaient depuis le cinquième épisode qu’un Stark finirait sur le trône, mais pas que le passif Bran serait l’heureux élu. Bien sûr, on se disait qu’il fallait arrêter Daenerys, devenue Reine Folle dans le précédent épisode, mais pas que quelques encouragements de Tyrion suffiraient pour convaincre Jon Snow de poignarder sa tante.Game of Thrones a continué à jouer avec les mêmes thèmes, la politique et l'espionnage, et à multiplier les scènes spectaculaires jusqu’à la toute fin. Mais la dernière saison étant courte — en grande partie parce que les auteurs David Benioff et D.B. Weiss avaient envie de mettre fin à la série avant l’heure —, la fin a été l’une des pires de l’histoire des grandes séries télévisées.Bien qu’on ait tout le temps de chercher les raisons pour lesquelles cette série phénoménale a eu une fin aussi bâclée, il est atrocement facile de trouver les éléments qui ont rendu le dernier épisode ridiculement frustrant.
Il est très difficile de justifier ce choix. Les auteurs de Game of Thrones ont toujours eu un penchant pour les dénouements inattendus — c’est l’œuvre de David Benioff et D.B. Weiss, après tout — mais seule la corneille à trois yeux pouvait voir venir celui-là. On est censés croire qu’il ne faut que la suggestion opportune de Tyrion, l’homme duquel toutes les parties se méfient, pour que soudainement Bran devienne le meilleur candidat au trône? On est censés croire qu’après que des saisons entières ont été consacrées à des luttes intestines et des guerres de pouvoir, l’issue de la série est déterminée par une brève présentation de Tyrion au sujet des bonnes histoires?
Même en pardonnant tout ça, il n’y a rien de gratifiant dans l’histoire de Bran. Pendant toute la cinquième saison, il a fait l’école buissonnière. Dans la sixième saison, c’était le type de Westeros qui découvre l’écorce psychédélique, marmonnant sans arrêt qu’il est la « corneille à trois yeux » et qu’il ne « veut » rien. Et une fois le Night King vaincu, rien dans la série n’a préparé la venue du nouveau chef, Bran the Broken, qui est apparemment prêt à régner et d’accord pour s’asseoir sur le trône.
C’est donc la subtilité suprême de la série : Bran, qui connaît le passé, le présent et l’avenir, a passé des saisons entières à regarder silencieusement aller les autres personnages, sachant qu’il allait être roi. On oublie les milliers de personnes brûlées vives par un dragon. On oublie les innombrables innocents dont la vie aurait pu être épargnée grâce à son don de divination. Ça ne va pas.
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