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Crime

Milan donnera 350 euros à ceux qui veulent héberger des réfugiés

Les familles concernées recevront un paiement mensuel pour héberger des demandeurs d’asile et des réfugiés, une mesure qui hérisse le poil des militants de droite alors que le gouvernement prévient les hôtes potentiels que ce n'est pas chose facile.
Leonardo Bianchi
Rome, IT
Des migrants sauvés dans la mer Méditerranée par les forces italiennes le 22 avril 2015. Photo par Alessandro di Meo / EPA

VICE News regroupe ses articles sur la crise migratoire mondiale sur son blog « Migrants »


Milan, la seconde plus grosse ville italienne, veut offrir un dédommagement mensuel de 350 euros à tout habitant désirant héberger un réfugié, ou un demandeur d'asile, à son domicile.

La municipalité a en effet annoncé ce lundi par un message sur sa page Facebook que bientôt, les habitants de la ville seront payés pour offrir le gîte à un réfugié ou plus.

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« Plusieurs familles de la ville se sont déjà faites connaître pour offrir un abri aux gens qui demandent l'asile et qui ont reçu la protection internationale, en fuyant la guerre et la persécution », a précisé la ville.

À lire : Un million de migrants ont rejoint l'Europe en 2015

Les candidats peuvent faire une demande jusqu'au 15 janvier, et pour être acceptés, « les familles prendront part à une formation et seront interrogées par un psychologue qui évaluera les motifs, les attentes et la volonté de chaque membre de la famille, aussi bien que leur compatibilité avec la personne qu'ils pourraient accueillir chez eux. »

Diverse famiglie milanesi si sono proposte per ospitare chi richiede asilo ed è titolare di protezione internazionale,…

Posted by Comune di Milano | Palazzo Marino on Monday, January 4, 2016

Ce programme expérimental est financé par le gouvernement du pays, dans le cadre d'une mesure plus large autour d'un réseau appelé "Système de Protection pour les Demandeurs d'asile et les Réfugiés" ou SPRAR (acronyme italien), qui accueille environ 20 000 personnes à travers toute l'Italie selon des données gouvernementales. La période d'accueil est de six mois, mais peut être étendue.

Pierfrancesco Majorino, qui est en charge des politiques sociales de la ville a déclaré dans les médias italiens qu'il était « fier » de ce programme et qu'il s'agit d'une « manière économique » d'aider les réfugiés. Toutefois, la droite italienne n'est pas de cet avis, à l'image de Matteo Salvini, — chef du parti d'extrême droite de la Ligue du Nord — qui estime que cette mesure est de « la pure folie » et que c'est une forme de « racisme contre les citoyens italiens en difficulté. »

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« Ils offrent 400 euros [sic] aux familles italiennes qui décident d'accueillir un migrant, mais si ces mêmes familles étaient dans le besoin d'une aide financière, elles ne recevraient jamais 400 euros du gouvernement, » a déclaré le député Luca Squeri.

Plusieurs projets non-officiels ont déjà vu le jour afin d'aider les migrants et réfugiés. L'association Refugees Welcome Italia a été créée en décembre. Elle fait partie du réseau international Refugees Welcome, créé à Berlin en 2014 afin « d'aider les demandeurs d'asile et les réfugiés à trouver un logement chez des familles locales. »

Le projet de Milan n'est pas le premier du genre. Ces derniers mois, de grandes villes italiennes comme Bari, Trieste, Parme et Gênes ont lancé des programmes similaires. À Asti, une petite ville dans la région du Piémont (nord du pays), « au moins 50 des 62 familles qui hébergent un migrant sont d'origine étrangère, » a expliqué Alberto Mossino, directeur de PIAM, une ONG qui travaille auprès des migrants et des réfugiés.

« Il est souvent plus facile pour une famille de deuxième génération ou des immigrés qui vivent ici depuis longtemps d'accueillir des réfugiés, que pour des familles italiennes, » a déclaré Mossino. « Les Italiens se retirent souvent du programme, ils en attendent beaucoup, mais dans la réalité, héberger [un migrant] est bien plus compliqué. »

Le ministère italien de l'Intérieur a également alerté les populations sur le fait que l'hébergement de réfugié peut avoir des effets pervers des deux côtés. « La bonté sans préparation peut se révéler risquée à la fois pour le demandeur d'asile et pour quiconque l'héberge, » a confié au Huffington Post une source ministérielle. Le gouvernement préférerait « créer un réseau solide pour accueillir [les migrants et réfugiés] qui ne laisse pas les citoyens seuls face au poids de l'aide à fournir. »

Dans les faits, les familles concernées par le programme d'accueil seront épaulées par les pouvoirs publics locaux et un certain nombre d'ONG, car « les migrants ont besoin d'aide tout au long des démarches bureaucratiques afin d'obtenir leur statut de réfugié. Ils ont également besoin d'une assistance psychologique car beaucoup d'entre eux ont souffert de traumatismes. En fin de compte, ils ont besoin de professionnels, » a expliqué le responsable au sein du ministère.

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Suivez Leonardo Bianchi sur Twitter : @captblicero