Loup brigade mercantour
Photos:  Paul Barlet.  Mission "vallée du Parpaillon" à la Condamine-Châtelard (04). Ben, posté en amont du troupeau, surveille l'horizon aux jumelles tandis que le second binôme part s'installer (4x4 en contrebas). La nuit s'installe peu à peu, le troupeau vient d'être rentré dans son parc de nuit.
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Des loups et des hommes

Nous avons suivi la « brigade loup » : une quinzaine de jeunes chasseurs, déterminés et débrouillards, dont la mission consiste à abattre les loups qui attaquent un troupeau.

Le prélèvement du loup – élément de langage pour désigner son abattage – étant un sujet éminemment sensible, de par le statut mythique de l'animal et les controverses que son retour suscite, on m'interdit de prendre en photo le visage des brigadiers ainsi que la dépouille d'un loup si l'un d'entre-eux est tué un en ma présence. La première mission doit avoir lieu à Isola, dans les Alpes-Maritimes, mais un message de dernière minute m'avertit du refus catégorique de l'éleveur quant à ma présence sur place. Je l'appelle pour vérifier : « Vous êtes le journaliste qui allez faire un article sur la beauté des loups, enculé, et merde va ! ». Il raccroche. J'apprendrai plus tard que cet éleveur, installé sur des versants escarpés de haute montagne à la frontière italienne, a subi la perte de près de 300 bêtes en un seul dérochement. Les brebis affolées par un prédateur seraient tombées d'un précipice, formant un amas sanglant de bêtes mortes et agonisantes. « Lui, me confiera un brigadier par la suite, à chaque fois qu'on tue un loup chez lui, il pleure et nous prend dans ses bras ».

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Personne ne croyait en cette brigade des loups à sa création en 2015. Et pour cause, comment de jeunes chasseurs inexpérimentés, recrutés en contrats aidés, donc ayant entre 18 et 25 ans, pourraient arriver à tirer des loups, alors même que des gardes forestiers chevronnés n'en ont parfois jamais aperçu un seul en 30 ans de pistes forestières ? Trois loups sont pourtant abattus à Isola la première nuit de la première mission de la brigade. L’État a donc trouvé un moyen efficace pour « prélever » des loups, obtenant ainsi le soutien immédiat du monde agricole, mais récoltant la haine farouche de la part des défenseurs de l'environnement. Il est vrai que le loup, Canis lupus en latin, est protégé à l'échelle européenne depuis 40 ans et que son prélèvement, par dérogation nationale, est hautement critiqué – il ne pourrait servir qu'à disperser plus rapidement les meutes.

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Deux binômes sont affectés pour la mission, les quatre brigadiers se donnent rendez-vous près du parc de nuit du troupeau.

Jérôme, le responsable adjoint de l'unité, m'explique que lorsque la brigade tue un loup, elle enlève un poids à l'éleveur : « Ça leur permet de souffler à notre arrivée. Faire des prélèvements de loups limite la prédation, on l'a démontré à Isola, où l'on a presque abattu une meute. » Le loup, après avoir été éradiqué en France, y est réapparu naturellement en 1992, depuis l'Italie. Il a peu à peu essaimé autour de l'arc alpin, rentrant en conflit avec le monde pastoral qui avait acté sa disparition. Si 51 loups ont été abattus en France en 2018, Emmanuel Macron a récemment parlé d'un quota de prélèvements qui pourrait s'élever à 17% de sa population estimée à près de 500, soit un chiffre de 85 pour 2019 – ce qui laisse augurer de longues nuits blanches en perspectives pour la brigade.

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Vue sur la vallée de Thorame-Basse. On comprend que le loup se sente chez lui dans ce vaste oasis inhabité.

Jérôme et Ben viennent me chercher en Dacia Duster sur le petit parking de la Condamine Châtelard, dans les Alpes-de-Haute-Provence près du Mercantour. Après avoir traversé une belle forêt de mélèzes le long d'une piste à demi carrossable, l'horizon s'ouvre tout à coup à notre gauche sur une immense combe dont les flancs vertigineux, alternance de prairies et de pierriers, constituent l'alpage du troupeau. Au loin, de grands sommets dénudés pointent à plus de 3 000 mètres et forment la frontière avec l'Italie.

Nous observons le ballet du troupeau en train de se faire guider par le berger, aidé de deux chiens, jusqu'au parc clôturé pour la nuit. Le mouvement des 1 100 brebis et des 5 chèvres nous invitent à la contemplation. Thomas, le berger nous raconte qu'« il y a 10 jours, j'ai vu un truc marron courir après un mouton. Au début je me suis dit que c'était bizarre qu'un chamois court après un mouton, puis après j'ai compris que c'était un loup. » L'anecdote a plus l'air de l'étonner que de l'alerter. « Cela fait 8 ans que je suis berger, j'ai toujours connu le loup dans mon métier. Je préférerais qu'il y ait des patous dans le troupeau, ça pourrait m'alerter, mais en même temps ça m'emmerde quand il y en a ».

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Des aboiements nous parviennent depuis le Peymian (2 155 mètres d'altitude) : 5 patous, 2 borders et 1 beauceron encadrent le troupeau de Lily, la bergère qui ferme la marche de redescente.

Jérôme, Ben et moi allons nous poster en surplomb du troupeau, de part et d'autre du versant, pour une partie de la nuit. La petite quinzaine de brigadiers travaille toujours en binôme sur chaque mission, au cas où un accident arrive. Ses membres ont tous la vingtaine, hormis les responsables Christophe et Jérôme, plus âgés. Il y a eu des brigadières mais elles ne sont pas restées. Jérôme n'est pas très bavard et donne peu son avis personnel, même si je le titille : que pensez-vous du fait que le troupeau ne soit ni protégé par des chiens ni par la présence immédiate du berger ? « Je ne me prononce pas. » Jérôme connaît bien le loup pour l'avoir pisté et vu plusieurs fois sur son temps libre. « On estime que 80 % du territoire français serait favorable au loup. Je n'en pense rien, c'est la nature. S'il faut en tuer 200 en un jour, il faudra qu'on ait les moyens de le faire, mais on le fera ».

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« Vous pourriez dire par contre qu'on a une vie de nomade, absent la semaine pendant la moitié de l'année, et que c'est un métier difficile » – Jo, membre de la brigade loup

Le temps s’égraine lentement dans les alpages isolés, où le vent et le froid ne sont pas particulièrement des amis. Le binôme reste silencieux et statique. RAS au bout des lunettes, à part un ou deux renards qui s'avancent à moins de 50 mètres de nous sans détecter notre présence. Il est près de minuit lorsque l'autre équipe redescend et nous demandent si nous l'avons vu. Qui, quoi ? Le loup ? « Oui, le loup ! répondent-ils, à environ 260 mètres – chaque lunette possède un télémètre intégré – c'était un peu loin pour le tirer, et il allait à votre rencontre, donc on pensait que vous alliez le tirer ». Jérôme, surpris, presque agacé, réfléchit à haute voix : « C'est ce que j'ai dû voir au loin, c'était gros pour être un renard quand même, tu te souviens Ben, je te l’ai dit à un moment, mais je ne l'ai pas vu ressortir ». Dommage pour nous, tant mieux pour la vie du canidé, nous repartons à toute berzingue.

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Ben prend la pose une fois posté en amont du troupeau. Fusil à lunette et monoculaire thermique seront ses deux atouts pour distinguer et tuer le loup en pleine nuit.

Une semaine passe, je débarque à la Mure-Argens, toujours dans les Alpes-de-Haute-Provence, pour une nouvelle mission avec Ben et Jo. L'accueil est plutôt réservé : « On ne se méfie pas des journalistes, mais faudrait pas que l'article soit uniquement pour le loup », me dit Jo sur le ton de la blague, qui n'en est pas trop une. « Vous pourriez dire par contre qu'on a une vie de nomade, absent la semaine pendant la moitié de l'année, et que c'est un métier difficile ». C'est dit, et c'est vrai : cette fois-ci, pour arriver à l'estive, il va falloir mouiller le maillot : 2h30 de marche à flanc de ravin, depuis la forêt de montagne jusqu'aux versants subalpins à plus de 2000 mètres d'altitude.

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Après les derniers efforts et quelques vérifications sur Géoportail, nous débouchons sur une vaste plaine avec, à son centre, une cabane récemment héliportée. Quatre patous courent à notre rencontre. Lily, la bergère du troupeau, bâton à la main, vient nous saluer. « On a eu trois attaques cette année sur le troupeau, toutes en journée, la dernière en août. En tout on a perdu 12 brebis, dont 6 n'ont pas été retrouvées. » Ben et Jo vont se poster, après s'être changés et avoir avalé un sandwich, en amont du troupeau, à une centaine de mètres. Les deux brigadiers commencent leur relais à la thermique. Jo tient la carabine Sauer, une seul pour deux. On se gèle franchement, c'est long, quelques chamois sont aperçus mais pas grand-chose. Minuit et demi : « Allez on redescend », lance Ben, la torche à la main.

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Les brigadiers emportent avec eux leurs vêtements chauds et un casse-crôute pour passer la nuit au sommet.

Le lendemain à 16 heures, c'est reparti, sauf que c'est pire, la montée de 2 heures par l'autre versant est encore plus rugueuse pour arriver au sommet. Nous arrivons à la cabane de Chalufy où Lily doit passer la nuit avec son troupeau. Nous la saluons et allons nous poster en contrebas cette fois-ci, bien abrités du vent. Rien à signaler mis à part quelques chamois sur les versants, Ben et Jo entament une discussion sur le meilleur 4x4 du moment. Soudain Jo : « Attends, j'ai vu quelque chose, là-haut qui descend vers nous, il y a un loup ». Ben prend la lunette : « Ouais, c'est assez gros ». L'ambiance s'est nettement tendue, Jo s'allonge rapidement, arme la carabine, se positionne et regarde par la lunette du fusil. Je m'apprête à devenir sourd d'une seconde à l'autre. Les deux observent… « Ah non non, je ne crois pas en fait. Putain c'est un renard », reprend Jo.

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La lunette monoculaire thermique est obligatoire pour voir de nuit. On peut distinguer n'importe quelle source de chaleur à plusieurs centaines de mètres à la ronde. L'outil indispensable (avec le fusil) de la brigade, mais interdit pour la chasse.

La nuit en refuge aura été courte, l'objectif pour la journée à venir est d'encadrer de loin le troupeau que mène Lily, les attaques ayant eu lieu de jour. Ben et Jo ont donc décidé de se poster au-dessus de la forêt où s'est produite la dernière attaque. On s'assied, le paysage est enchanteur. Si le soleil daigne émerger des nappes de brouillard, histoire de contrer le froid de l'affût, ce serait le paradis.

« Il y a des bons éleveurs et parfois des moins bons. Il y en a qui sont extrémistes et prêts à tout tuer, d'autres comme Lily, plutôt pacifistes, impactés par le loup mais sans vouloir le tuer à tout prix » – Jo

Lily nous rejoint bientôt alors que les brebis s'enfoncent au goutte-à-goutte dans la forêt en contrebas. Le brigadier et la bergère jumellent de temps en temps. « Qu'est-ce que… », commence Lily alors qu'une dizaine de sonnailles se mettent d'un seul coup à carillonner. Les patous, que l'on distingue parfois entre les arbres, courent en aboyant vers le bruit. Puis plus rien, Jo enlève sa main de la carabine. « Voilà, bon ben y a plus qu'à les compter ce soir ou demain matin, vous venez peut-être d'assister à une attaque » nous expliquons Lily.

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Ce que le binôme amène sur les hauts plateaux : deux sacs à dos (avec de l'eau et des vêtements chauds dedans), une carabine, des balles, deux lunettes thermiques, une torche et une paire de jumelles.

Une attaque pour un éleveur représente toujours un gros stress pour lui et son troupeau, et demande beaucoup de travail ensuite. Il faut retrouver les carcasses d'animaux pour espérer un dédommagement. « Et avant les vautours, sinon il n'y a pas de preuve qu'il s'agit d'une prédation, explique Lily. Après c'est une autre galère pour appeler la DDT pour qu'ils viennent constater nos pertes et tout ça sans que l'on puisse surveiller notre troupeau en même temps. Ça laisse des séquelles quand même ». C'est parfois la goutte qui peut faire déborder le vase d'une profession rudement mise à mal par le système économique dans lequel elle s'insère : libre-échange économique avec des pays producteurs d'agneaux aux prix de vente imbattables, fixation des prix à la baisse par les grandes et moyennes surfaces, GMS, baisse du pouvoir d'achat, baisse de la consommation ovine etc…

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On apprendra plus tard qu'aucune bête n'a été attaquée : dissuasion de l'homme ou imprévisibilité du loup, au choix. Sur le chemin du retour, un impressionnant kangal – une race de chien de défense – nous barre la route : il garde un troupeau de 700 brebis livrées à elles-mêmes et non parquées la nuit. Je m'interroge. « C'est comme partout, me répond Jo, il y a des bons éleveurs et parfois des moins bons. Il y en a qui sont extrémistes et prêts à tout tuer, d'autres comme Lily, plutôt pacifistes, impactés par le loup mais sans vouloir le tuer à tout prix. Et il y en a certains, on se demande si ça ne les arrange pas qu'il y ait le loup ». Le loup, dangereux prédateur, peut également s'avérer être un bon client : sans loup, pas de patou, pas de berger et pas d'indemnités.

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Un petit plateau s'étend au sommet du ravin de Chalufy, d'où l'on distingue une cabane nouvellement installée.

En 2017 en France, pour une population de 350 loups, il y aurait eu 11 803 victimes indemnisées, soit plus de 33 victimes par loups. En Italie et en Espagne, où il y a beaucoup plus de loups, il y a pourtant 10 fois moins d'attaques comparativement. Allez comprendre. « En tout cas, conclue Jo, même si l'on fait un métier qui exige des concessions, on se sent utile auprès des éleveurs ». Aucun loup n'aura été prélevé durant ce reportage, ni même aperçu avec certitude, mais là n'était peut-être par le but : si tuer des loups ne peut être qu'un remède provisoire – inutile ? –, apporter un soutien aux éleveurs n'en demeure pas moins nécessaire.

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La réalité scientifique, c'est que le loup favorise la biodiversité : il contribue à ce que les herbivores n'aient pas d'habitude, à ce qu'ils ne soient pas en surdensité et au final permet à la forêt de se régénérer. La brebis peut seulement entretenir la biodiversité, et encore si elle est bien conduite. Les grands troupeaux induisent une infertilité des sols, notamment avec les parcs de nuit, voire leurs érosions ainsi qu'à la perte du nombre d'espèces florales.

Si on fait le comparatif de tous les aspects économiques, sociaux et écologiques, l'élevage, tel qu'on le pratique aujourd'hui dans la veine de ces 50 dernières années de productivisme à outrance, amène beaucoup plus d'aménités négatives. L'autre réalité donc, c'est que la montagne ne peut pas supporter tant d'herbivores,, il faut revenir à des systèmes plus équilibrés.

En fait le loup fragilise deux systèmes de pastoralisme : le modèle intensif avec libre pâturage, immenses troupeaux, double activité de l'éleveur ; quelque part tant mieux si ce modèle disparaît. Mais par contre le loup entraîne aussi la fragilité des systèmes les plus extensifs : là il faudrait réorienter les aides sur des éleveurs qui font de la qualité car ces gens méritent d'être mieux accompagnés. Malheureusement on a aussi désappris beaucoup de choses.

La suite des photos ci-dessous :

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Thomas le berger a vu le loup il y a quelques jours et l'a fait fuir en criant. De nuit c'est une autre histoire, trois attaques ont eu lieu sur son troupeau cet été.

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Image prise par Ben à la lunette thermique (recoloriée ensuite, certaines caméras affichant cependant ce type de palette). Ici, le binôme en pleine discussion nocturne.

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Mission « ravin de Chalufy » à Thorame-Basse. Ascension harassante jusqu'au ravin de Chalufy, il faut compter 2h30 de marche et 600 mètres de dénivelés pour accéder au col qui nous intéresse. Il est interdit de prendre le visage des brigadiers en photo, ici Jo, abrité derrière une branche d'afatoun, ou prunellier de Briançon.

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Un refuge, construit à l'intérieur d'un joli pli naturel de la roche, permet de faire une petite pause durant la marche d'accès.

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Petite vérification avec Géoportail pour être sur d'arriver au bon endroit après avoir emprunté un raccourci.

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Arrivés en haut du ravin de Chalufy à 2000 mètres d'altitude, le binôme peut souffler. On distingue le petit sommet de Peymian, en contrebas duquel se trouve l'une des cabanes utilisées par la bergère Lily.

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Redescente à la torche et à la frontale. Il est minuit et demi, il reste encore une heure de descente, parfois dangereuse.

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Le lendemain, le binôme accède à la haute vallée de Chalufy par un autre accès. L'objectif est d'y poster une partie de la nuit, de dormir au refuge et de partir tôt le lendemain pour suivre le troupeau durant la matinée.

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Jo, Ben, Lily et Laura en pleine discussion le soir au refuge. Il est plus de minuit et le binôme vient de rentrer de son affût.

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Nuit au refuge où Jo, pour rigoler, prend la pose en train de dormir avec son fusil. C'est selon lui le genre de photo que pourrait rechercher un journaliste.

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Lily, accompagnée de ses 2 borders et de son Beauceron, vient d'amener le troupeau en contrebas dans la forêt, là où s'est produit la dernière attaque de son troupeau en plein jour. Le binôme va donc se poster en amont, dans les mêmes conditions, et voir ce qu'il se passe.

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Ben nous rejoint depuis le sommet voisin où il était parti tôt le matin pour repérer le terrain et choisir un éventuel second lieu pour se poster.

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Finalement, les brigadiers et la bergère vont rester en poste quelques temps ensemble, face au vent en amont de la forêt. Les chiens de troupeau en contrebas ont lancé l'alerte mais il n'y a pas eu d'attaque ce matin-là.

*Jo et Ben : les prénoms ont été changés.

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