Après avoir quitté le Liban pendant une grosse dizaine d’années, le photographe Hassan Ammar est revenu au pays à la fin de l’été 2015. À cette époque, le Liban connaissait son chapitre du « printemps arabe », pendant lequel d’importantes manifestations contre la classe politique congestionnaient les rues de la capitale, Beyrouth. « Dans ces manifs, je me suis aperçu que beaucoup de gens avaient des tatouages religieux, alors qu’en 2003, quand j’ai quitté la ville, personne n’en avait », explique Hassan.
En sillonnant les quartiers du sud de Beyrouth, Hassan et son appareil tombent sur des corps marqués par des tatouages référant au chiisme, mais aussi au Hezbollah et son chef, Hassan Nasrallah. « Dans un salon de tatouage, j’ai rencontré un type pas vraiment porté sur la religion qui s’était fait tatouer l’Imam Ali [un saint de l’islam chiite] à cause de la guerre en Syrie, où des lieux sacrés du chiisme avaient été visés », rembobine le photographe.
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Dans la petite poignée de salons de tatouages visités par Hassan, des combattants du Hezbollah, mais aussi de nombreux civils viennent se faire inscrire dans la peau des portraits de l’Imam Ali ou le chiffre « 313 » (en référence aux 313 commandants chiites qui sont censés accompagner le dernier Imam Mahdi, lors de son retour pour sauver le monde de l’oppression).
Si les tatouages ne sont pas vus d’un très bon œil par les autorités religieuses – si bien qu’ils sont proscrits chez les sunnites – « les gens se tatouent pour revendiquer leurs appartenances à leur communauté », décrypte Hassan. « En revanche, les personnes tatouées ne voulaient pas forcément poser le visage découvert. Si c’est OK d’exhiber votre tatouage de Nasrallah au sein d’un groupe de soutien du Hezbollah, certains ne veulent pas forcément que leurs collègues de travail soient au courant. »
Comme pour les tatouages plus classiques, les représentations de l’Imam Ali seraient aussi pratique pour entamer la conversation sur la plage. « Un policier avec un portrait de l’Imam Ali sur le pectoral me disait que cela plaisait beaucoup aux femmes », se souvient le photographe dans un sourire. Pour aller jeter un œil à la série complète d’Hassan, cela se passe à l’Institut des Cultures d’Islam jusqu’au 28 juillet 2019.
Les photos ci-dessous :
L’exposition « C’est Beyrouth » s’ouvre ce jeudi 28 mars à l’Institut des Cultures d’Islam (XVIIIe arrondissement) et se tiendra jusqu’au 28 juillet 2019.
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