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Crime

Le « boss » d'une prison tué lors d'une émeute au Guatemala

Byron Lima — un ancien capitaine de l’armée condamné à 20 ans de prison pour avoir tué un évêque en 1998 — était l’un des prisonniers les plus puissants du pénitencier le plus corrompu du pays.
Photo de Moises Castillo/AP Photo

Une importante émeute dans une prison guatémaltèque a fait plusieurs victimes dont un des « boss » de la prison, sa petite amie venue d'Argentine et onze autres personnes.

Byron Lima — un ancien capitaine de l'armée condamné à 20 ans de prison pour avoir tué un évêque en 1998 — était l'un des prisonniers les plus puissants du pénitencier le plus corrompu du pays. Dans toutes les prisons dans lesquelles il était passé, Lima avait réussi à devenir le boss de l'économie souterraine qui y régnait.

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Les violences ont commencé ce lundi matin quand un gang rival a attaqué Lima avec une grenade, avant de l'exécuter de deux balles dans la tête. Quatre autres personnes tuées auraient été décapitées et 25 autres ont été blessées.

Le ministère de l'Intérieur Francisco Rivas a indiqué à la presse que l'attaque contre Lima a été commanditée par un autre prisonnier surnommé El Taquero — le vendeur de tacos — qui voulait prendre le contrôle de la prison.

Luis Lima, le frère de Byron, a fait savoir aux médias locaux qu'il s'agissait en réalité d'un assassinat commandité par l'État, qui essayerait de faire porter le chapeau à El Taquero.

« Une opération comme celle-ci ne peut pas être du seul fait d'un vieux criminel. Il y a forcément quelqu'un derrière qui a des moyens et la logistique pour faire entrer des armes dans la prison, » a dit Luis Lima au journal Prensa Libre. « Pour moi, il s'agit d'une exécution extrajudiciaire. »

Lima pense que l'assassinat de son frère est lié à la réouverture de l'enquête du meurtre de l'évêque Juan José Gerardi pour lequel son frère avait été condamné en 2001. Selon Lima, des nouveaux éléments ont été révélés par un témoin qui se cache aux États-Unis et qui aurait été entendu par le FBI.

L'évêque était connu pour critiquer les abus de l'armée guatémaltèque commis au cours de la guerre civile qui a agité le pays pendant 36 longues années. Des centaines d'autochtones ont été massacrées dans le cadre d'une politique de la terre brûlée menée par l'armée qui voulait s'assurer que les guérillas d'extrême-gauche ne trouveraient pas de soutiens parmi ces populations. La guerre a pris fin en 1996 avec la signature d'un accord de paix. Le meurtre de l'évêque a eu lieu deux ans plus tard, alors que les cicatrices du conflit étaient à peine refermées.

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Des années plus tard, la mort de l'évêque a refait les gros titres quand de possibles liens ont été révélés entre Lima et l'ancien chef des renseignements, Otto Pérez Molina, qui a été élu président du Guatemala en 2012.

Francisco Goldman, qui a écrit un livre sur l'assassinat de l'évêque Gerardi en 2007, révélait que Pérez Molina était en quelque sorte le mentor de Lima, et qu'ils se rencontraient souvent en prison. Goldman affirmait aussi que Lima était devenu un détenu puissant du système pénitentiaire grâce à Pérez Molina qui lui aurait permis de développer sa lucrative mafia en l'échange de son silence sur la nuit où l'évêque a été tué.

Pérez Molina a démissionné de son poste de président en septembre dernier, quelques heures avant de se faire arrêter et d'être emprisonné pour sa possible participation à une combine illégale : des officiels du gouvernement exigeaient des pots-de-vin à des importateurs en échange de tarifs réduits.

« C'est triste, [Byron Lima] n'est pas responsable de l'assassinat de Monseigneur Gerardi, » a fait savoir ce lundi l'ex-président incarcéré qui était au tribunal pour son procès. « C'est vraiment une histoire injuste. Je ne vais pas vous dire que Byron Lima était un saint, mais c'était un bon gars. »

Avant de mourir, Lima devait à nouveau passer devant la justice pour ses activités criminelles poursuivies en prison.


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