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Culture

Pour n10.as, Montréal est grand et la terre est petite

« Ça va peut-être prendre cinq ans avant qu’on ait la chance de célébrer notre première année! »

Ce n'est pas nécessairement d'une passion pour la musique, pour la radio ou pour les podcasts qu'est née la station web n10.as, mais surtout d'un désir de créer une communauté.

En février 2016, ils ont fait leur première diffusion (officielle) en direct du set de DJ à leur party de lancement.

Tam Vu, un des fondateurs, dit qu'ils aimeraient célébrer le premier anniversaire de la station, mais que l'équipe n'arrête pas de le repousser tellement ils sont occupés. Les cinq personnes du petit groupe qui assurent le roulement de la radio y travaillent toutes comme bénévoles en plus de l'emploi qu'ils occupent pour gagner leur vie.

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En un an, la radio est passée de quelques émissions, quelques heures par jour, à une diffusion continue toute la semaine, comprenant près de 24 heures par semaine de radio en direct, complétées par les rediffusions et préenregistrements.

Le nom astucieux de la radio se prononce comme antennas. Les locaux sont situés dans un grand loft industriel du Mile End. Tout au long de la fin de semaine, des DJ et leurs amis y passent pour jouer leur heure de musique et se retrouver.

Une idée qui s'est vite concrétisée

« C'était l'hiver à Montréal, et tu sais comment les gens hibernent durant ce temps, c'est difficile de voir tout le monde. Alors, j'essayais de générer une idée qui me permettrait de voir le plus de personnes possible sans avoir à sortir, raconte Vu. Ça a commencé à partir de là. »

Vu s'est aussi inspiré de la radio web new-yorkaise Know-Wave dont il appréciait l'atmosphère détendue. « Je me suis dit que ce serait vraiment bien et facile à faire… il s'avère que c'est plus compliqué que je l'aurais cru, même si ça en vaut le coup », ajoute-t-il en riant.

Il s'est entouré d'amis et de connaissances, et ensemble ils ont monté une équipe et un site web au design rappelant les graphiques d'ordi des années 2000. Il y a aussi un chat à la MSN ou MySpace, qu'il a conceptualisé avec Dylan Bourdeau, graphiste pour la station.

En 2011 environ, Vu est déménagé à Montréal pour une fille. Mais ils ont rompu une semaine plus tard. Il a rencontré Bourdeau en 2014, ils étaient tous les deux inscrits en design à Concordia.

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C'est lors de ses soirées d'hibernation que Vu a connu Sebastian Cowan, propriétaire de l'étiquette Arbutus Records, qui a offert son loft comme espace pour n10.as. Cowan allait régulièrement chez Vu pour jouer au jeu de société Les Colons de Catane. Cowan, aussi ingénieur du son, possédait déjà beaucoup d'équipement nécessaire pour l'enregistrement et la diffusion des émissions. Il a aussi enrôlé son collègue Mason Windels comme coordonnateur.

Une diversité qui atteint l'international

Le formule web a aussi permis à n10.as d'atteindre un auditoire international. Par exemple, l'Inde arrive en troisième position de l'auditoire. « C'est quelque chose qu'on aimerait refléter dans notre programmation », dit Windels.

Déjà, il y a des émissions préenregistrées dans plusieurs pays, de l'Angleterre à la Turquie. Tant la provenance du contenu que les styles d'émissions se sont diversifiés. On peut alors tomber sur le podcast Two Hungry Children, le talk-show de June Moon, Flip Phone Forever, l'heure musicale d' Obsolète Collective ou une musique ambiante, nostalgique, mondiale ou d'avant-garde quelconque. L'horaire du jour est annoncé sur les médias sociaux, sur lesquels on peut aussi voir des clips des DJ à l'œuvre ou simplement en train de chiller avec quiconque se trouve au loft.

Une communauté en expansion

« Lorsqu'on a débuté, c'est nous qui devions contacter les gens pour jouer à la radio. Alors que maintenant, nous recevons des messages et des propositions sans les rechercher; c'est vraiment cool », dit Alie Zacios MacFarlane, qui a participé au projet dès le début après avoir écrit directement à Arbutus pour lui mentionner son intérêt. Elle aide maintenant à monter et faire la sélection des émissions.

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Alie pense que la facilité d'accès de la plateforme, le web, est une des principales raisons du succès de n10.as. « C'est sans effort : les chansons jouent toutes seules, la musique joue déjà; tout ce que t'as à faire, c'est te brancher et écouter », dit-elle.

Le réseau de personnes qui s'est créé y est aussi pour quelque chose. « Notre but, c'est de laisser les gens jouer ce qu'ils veulent dans un environnement accueillant et relaxant », ajoute-t-elle. Et c'est contagieux : « Quelque chose qui donne envie aux amis de ceux déjà engagés de s'impliquer et dans lequel même des gens en dehors du Canada sont investis. »

À mesure que n10.as se développe, les fondateurs espèrent trouver un nouvel espace qui leur permettra de jouer quand ils veulent pour ne plus dépendre des heures de bureau d'Arbutus.

« Nous espérons être en mesure de garantir une sorte de stabilité financière qui nous donnera assez de ressources, afin de compenser adéquatement les efforts et le travail des gens », explique Vu, ajoutant que le peu d'argent que n10.as fait avec ses événements va aux DJ et aux gens qui y participent, ainsi qu'à la station pour réparer ou remplacer des équipements.

Vu gagne sa vie en cumulant plusieurs petits boulots, comme la vérification d'aliments dans un festival ou le transport d'œuvres d'art. « C'est la beauté de vivre à Montréal, dit-il, tu peux faire tes propres projets sans avoir besoin d'un real job. »

Cowan dit que la station est en processus d'enregistrement comme organisme à but non lucratif afin de pouvoir demander des subventions. Et Bourdeau affirme être en train de reconstruire le site web pour offrir plus d'information sur la station aux auditeurs et faciliter la modération du chat.

Le nouvel espace qu'ils trouveront devra accommoder cet esprit de fraternité qu'est l'éthos derrière n10.as. « C'est ce qui nous différencie d'autres stations », dit Cowan.

Vu affirme que ses horizons se sont élargis depuis le début de la station, dans un Montréal qu'il croyait petit : « Je fais partie de la soi-disant scène depuis longtemps et j'ai eu ma part de partys, mais j'ai réalisé comment j'étais dans ma bulle et compris combien il y avait à offrir… comment la scène était grande. »