Société

Avec ces femmes qui se sont rasé la tête pendant la quarantaine

žene obrijanih glava

Après les hommes qui se rasent la tête pendant la quarantaine, c’est au tour des femmes. Mais il y a une différence majeure entre les uns et les autres : les stéréotypes. En tant qu’homme, les gens pourraient penser que vous êtes un sympathisant d’extrême droite, ou quelqu’un qui pourrait – pour paraphraser un de mes anciens patrons – voler le sac à main d’une vieille dame. Ce qui est ironique, étant donné que dans les grandes villes, la plupart des hommes au crâne rasé sont des homosexuels qui écoutent de la techno, ne portent que des t-shirts blancs et rêvent de vivre à Berlin.

Ces mêmes hypothèses ne s’appliquent pas aux femmes, mais il y en a beaucoup d’autres. Une femme au crâne rasé, dans l’imaginaire collectif, s’identifie au mouvement LGBTQ+ et a une allure considérée comme masculine, voire androgyne – ce qui n’est pas une mauvaise chose, bien évidemment, mais qui a souvent été utilisé comme argument pour déféminiser les femmes au crâne rasé. « On me pose beaucoup de questions sur mon genre, dit Jennifer, qui s’est rasé la tête cette semaine. Mais peu importe, si vous avez envie de le faire, ne laissez personne vous en dissuader. »

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Women with shaved heads
Jennifer

« Les cheveux et les poils des femmes sont perçus de manière très sexuée », dit Kitty, qui s’est elle aussi rasé la tête il y a peu. Elle évoque le lien supposé entre les cheveux longs et la féminité – un stéréotype qui n’est pas tout à fait vrai et qui peut être subverti. « J’ai toujours associé les cheveux à un idéal de beauté, surtout quand j’étais plus jeune et que j’avais les cheveux très longs. Ça fait du bien, pour une fois, de ne pas me sentir contrôlée par ce que pensent les autres. »

Robyn, une journaliste dont le crâne rasé a amassé plus de 2 000 messages sur Twitter, est du même avis : « A ma plus grande surprise, je n’ai pas l’air moins féminine qu’avant. »

Contrairement aux hommes, qui peuvent en grande partie mener leur vie de chauve sans trop se poser de questions, les femmes passent par un autre processus de réflexion lorsqu’elles se rasent la tête : il y a aussi l’idée qu’elles pourraient être malades.

women with shaved heads
Grace.

« Je suis allée courir hier, dit Robyn, et les gens m’ont fait de la place. Je n’étais pas maquillée et je suis assez pâle de nature, donc je crois qu’ils ont tous pensé que je sortais de chimio ou un truc comme ça. » Grace, une blogueuse originaire de Brighton en Angleterre, a vécu des expériences similaires depuis qu’elle s’est rasée le crâne il y a deux ans. « Beaucoup de gens pensent que j’ai un cancer, dit-elle, parce que j’ai les cheveux très courts et que je porte un foulard. Une fois, en me croisant dans un centre commercial, une fillette a crié : “Maman, pourquoi la dame n’a pas de cheveux ?” Je me suis contentée de rire et de poursuivre mon chemin. J’ai trouvé ça mignon. Mais ensuite, sa mère l’a prise à part et je l’ai entendue lui dire : “Chut, ne dis pas ça, elle est sûrement très malade.” » Elle poursuit : « J’ai eu envie de les corriger. J’ai dit à la petite : “Hey, je me suis rasé la tête pour collecter des fonds pour une association caritative.” Puis j’ai dit à la mère : “Mais s’il vous plaît, n’allez pas croire que je suis malade.” Elle a eu l’air un peu gênée et s’est excusée. »

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Kitty.

Grace s’est d’abord rasée la tête pour collecter des fonds pour l’association Brain Tumor Charity, un service de psychologie qui l’a aidée pendant sa maladie – car oui, Grace a eu une tumeur du cerveau. Mais le fait d’avoir eu une tumeur n’a pas été un facteur direct dans sa coupe de cheveux. Néanmoins, elle se heurte encore souvent à cette hypothèse, ce qui me paraît extrêmement sexiste. Ayant moi-même le crâne rasé, je n’ai jamais eu l’impression que les gens pensaient que j’étais sous chimio. Le côté positif de ce confinement, c’est qu’il y aura peut-être plus de femmes au crâne rasé et qu’on pourra mettre un terme à cette stigmatisation sexiste.

Même si les perceptions du crâne chauve peuvent varier d’un sexe à l’autre, une chose les relie : se raser la tête est une réponse extrêmement cathartique au stress. Joely était en voyage au Pérou lorsque la pandémie a frappé, un pays où le confinement est beaucoup plus strict qu’en France : elle ne pouvait pas sortir pour faire de l’exercice, il y avait des policiers partout et le port du masque était obligatoire tout le temps.

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Joely.

« Il ne s’est rien passé d’excitant pendant très longtemps parce que je ne pouvais rien faire, dit-elle. Donc, me raser la tête a été une énorme libération. Je me suis dit que j’allais faire quelque chose d’intéressant, comme ça, au moins, quand je rentrerai à la maison, j’aurai quelque chose à raconter. » L’envie de prendre les choses en main est un thème qui revient dans les conversations que j’ai eues avec des hommes et des femmes qui se sont rasé la tête.

« La pandémie est une situation stressante pour tout le monde, dit Kitty. Être coincé à la maison, ne pas pouvoir vivre normalement… En me rasant la tête, j’ai eu l’impression de contrôler quelque chose. C’était une sorte de réaction au stress, je suppose. C’était assez libérateur. »

Pour Robyn, se raser la tête est un moyen de tirer le meilleur parti de la pandémie. « C’est une belle opportunité, dit-elle. C’est le moment de faire quelque chose que vous avez toujours voulu faire mais dont vous n’avez jamais eu le courage. Pour les femmes, c’est vraiment cathartique. »

De toute façon, qu’avez-vous d’autre à faire ?

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