Cet article a été initialement publié sur VICE Australie.
À chaque drogue ses stéréotypes. L’ecstasy est réservé aux fêtards invétérés, la méthamphétamine aux personnes qui vivent dans une caravane. La weed est consommée par des philosophes de comptoir, tandis que la cocaïne fait le bonheur des psychopathes qui travaillent au sein d’agences créatives. Chaque « groupe » de consommateurs semble défini par un certain nombre de caractéristiques plus ou moins avérées – ainsi, chaque consommateur aurait ses propres idées reçues sur les autres consommateurs de drogues.
Pour en savoir plus, on a discuté avec des « consommateurs type » de différentes drogues pour leur demander de nous parler de leur consommation, et d’évoquer la substance qu’ils ne toucheraient pour rien au monde.
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MÉTHAMPHÉTAMINE
Profil : Les consommateurs de méthamphétamine sont principalement des hommes, âgés en moyenne de 28 ans. Ils sont souvent issus de classes socio-économiques défavorisées.
Abdul, 27 ans
Sans emploi, vit à Blacktown
Je ne prendrai jamais de drogue psychédélique, comme les champignons hallucinogènes ou le LSD. Cette merde peut vraiment faire vriller les gens. J’ai déjà pris une pilule coupée au LSD et j’ai détesté l’expérience. Je ne comprends pas ce qui pousse certaines personnes à prendre des choses pareilles. J’ai entendu dire qu’on pouvait prendre des acides et rester perché à vie. Avant même de le savoir, ces gens se retrouveront dans un asile à parler à des pigeons et des dragons fictifs. Ça craint.
Avant, je prenais de la MDMA – mais c’était bien avant qu’ils ne la coupent avec tout un tas de trucs. Ensuite, je me suis mis au speed et à la meth – les drogues les plus clean et les plus puissantes à mes yeux. Dans mon quartier, tout le monde fumait du crack et la transition s’est faite naturellement. Mes amis n’avaient pas de job et moi non plus – on dépensait toutes nos allocations-chômage pour parier au poker et choper de la drogue. C’était une véritable échappatoire. Pour être franc, on a tous essayé de décrocher un boulot. Mes cousins ont réussi plusieurs fois à me rencarder pour des petits jobs, mais je suis beaucoup trop accro. Ça commence toujours par une défonce le week-end, puis un mardi soir pour se donner un peu de force – et en un battement de cils, tu finis par prendre de la meth sur tes heures de travail.
LSD
Profil : En moyenne, les personnes consomment du LSD pour la première fois à 18 ans, et viennent généralement de milieux éduqués.
Chris, 29 ans
Photographe, vit à Heidelberg
Je ne prendrai probablement jamais d’héroïne – ou toute drogue qui s’injecte. La simple idée de chercher une veine et de préparer une seringue me rebute énormément. Je ne suis pas non plus fan de speed et de coke, qui ne font que me rendre anxieux.
Personnellement, j’adore le LSD. Ça me permet de m’ouvrir l’esprit. Les psychédéliques sont les seules drogues qui me font repenser ma manière de voir le monde. Je fumais un peu de weed au lycée, puis un de mes amis s’est mis aux champignons et au LSD. Ce sont les seules drogues auxquelles je touche. Je sais que je vais passer pour le gros hippie de service, mais ce sont les seules drogues sur lesquelles il y a eu énormément d’études. De plus, la balance est plutôt équilibrée entre les avantages et les inconvénients. Par exemple, ma copine souffre de dépression et les champignons l’ont beaucoup aidée.
MDMA
Profil : autant consommé par les femmes que par les hommes, en grande partie par des étudiants âgés en moyenne de 23 ans.
Lisa, 23 ans
Étudiante, vit à Manly
Aucune personne de mon cercle social ne prendrait de la meth. On a vu les dégâts que ça pouvait avoir sur nos anciens camarades de classe et leur famille. Ça a l’air affreux. La simple idée de fumer dans une pipe en verre me dégoûte, et les consommateurs de meth peuvent se montrer très intenses et violents.
La MDMA est la toute première drogue que j’aie jamais testée. Je devais avoir 18 ans. Des filles un peu plus âgées m’avaient donné deux paras – un pour ma meilleure amie, un pour moi. On s’est beaucoup amusées et on a apprécié chaque moment de l’expérience. J’avais l’impression de bénéficier de tous les avantages que l’on peut ressentir quand on est bourré, et je préfère largement une descente de MDMA à une gueule de bois.
HÉROÏNE
Profil : L’âge moyen des consommateurs d’héroïne est de 37 ans. Ils sont souvent sans emploi et issues de classes socio-économiques défavorisées.
Karl, 44 ans
Carrosier, vit à Doveton
Je ne prendrai jamais d’acide ou de coke. Je trouve que le LSD est bien trop mauvais pour le cerveau. Les gens sont déjà suffisamment tarés comme ça. Quant à la cocaïne, c’est une drogue beaucoup trop chère pour trop peu d’effets – quel est l’intérêt ? Je ne pense pas que quiconque devrait être fier de prendre de l’héroïne, et je ne suis pas sûre de la « préférer » à une autre drogue. Mais une fois qu’on est dedans, c’est très difficile d’en sortir. On pense avoir le contrôle, mais c’est faux. En un rien de temps, on peut devenir accro et foutre sa vie en l’air.
Ma mère était héroïnomane, ce qui étonne beaucoup de mes proches. Les gens me demandent : « Pourquoi ? » Parfois, les gens qui ont eu une enfance difficile finissent par reproduire les mêmes erreurs. Je ne sais pas trop pourquoi cela a été mon cas. C’est triste de savoir que j’ai fait la même chose qu’elle, et j’en assume l’entière responsabilité. J’ai aussi probablement fréquenté les mauvaises personnes. Aucune personne de mon entourage n’avait vraiment d’espoir – mes connaissances qui s’en sortaient le mieux dans la vie étaient tous des dealers.
WEED
Profil : En Australie, les consommateurs de cannabis ont en moyenne 22 ans et viennent de milieux bien éduqués.
Damien, 24 ans
Chef d’équipe en construction, vit à Logan
La plupart des consommateurs de meth ou de pilules que je connais sont assez nazes. En général, on les juge beaucoup en soirée, certains se mettent dans des états pas possibles. J’imagine que ça dépend des gens, mais personnellement, je ne toucherai jamais à la meth. Elle peut avoir des effets vraiment dévastateurs.
J’imagine que ça peut rendre des personnes vraiment accros, surtout quand elles viennent de milieux défavorisés. Voilà, maintenant je me sens excessivement mal de les juger en soirée. Mais il faut aussi comprendre que ces drogues peuvent être dangereuses, aussi bien sur le plan physique que mental. Je n’y vois aucun avantage, alors qu’à mon sens, la weed peut avoir certaines qualités. Je n’ai jamais vraiment rien fait d’autre que boire et fumer de la weed. C’est aussi le cas de mes potes – on est tous des anciens skateurs. Ça m’est arrivé de prendre des drogues récréatives en soirée, mais ce n’est pas mon délire.
COCAÏNE
Profil : La majorité des consommateurs d’héroïne sont à la fin de leur vingtaine et proviennent de foyers aux revenus élevés.
Jess, 27 ans
Mannequin, vit dans le sud de Melbourne
Je refuse de toucher à l’héroïne et à la meth. Je vois d’autres filles en prendre avec leurs copains, et ça a l’air affreux. Je ne me vois pas rester éveillée pendant des journées entières. Je vois vraiment des personnes se gâcher la vie avec ça, et faire du strip-tease dans le simple but de financer leur consommation. C’est très triste. Je connais deux ou trois filles qui en prennent, et elles en sont réduites à mentir de manière éhontée.
Je n’ai jamais vraiment pris de drogues psychédéliques, parce que ça me paraît un peu extrême. Les consommateurs que je connais ne sont pas très sociables quand ils en prennent, et j’imagine que c’est ce qui me bloque. Je vois la drogue comme un truc social. Je ne dirais pas qu’une drogue est pire qu’une autre pour autant – simplement qu’elles me paraissent moins adaptées à ma personne. Mes amis et moi prenons de la cocaïne parce que c’est ce qui nous semble être le plus clean, bien que ce soit très cher. Il n’y a pas vraiment de descente et je m’amuse à chaque fois. Mais comme pour tout, je sais que ça peut entraîner une addiction. Le truc, c’est que les consommateurs de coke que je connais s’en sortent plutôt bien. Ils ont des bons jobs, ne consomment pas trop et gardent le contrôle. Il m’est certes arrivé d’aller un peu trop loin, mais mes pires expériences ne sont rien en comparaison de ce que les autres drogues peuvent faire.