L’article original a été publié sur Tonic.
Que signifie « avoir des rapports sexuels? » Eh bien, ça dépend à qui on pose la question. Des recherches ont montré que ce que les gens considèrent comme du sexe varie énormément.
Une étude de 2015 a demandé à des étudiants universitaires hétérosexuels de juger parmi 21 comportements intimes différents s’ils pouvaient être considérés comme du sexe ou non. Il s’est avéré que personne ne s’entendait à cent pour cent sur un seul des 21 cas. Bien que la plupart des répondants étaient d’accord que la pénétration vaginale ou anale constitue un rapport sexuel (surtout lorsque l’un ou l’autre des partenaires a un orgasme), une minorité d’entre eux accordait le même statut à d’autres activités comme le sexe oral, la masturbation mutuelle, le sexe au téléphone, la stimulation des mamelons et même s’embrasser.
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Toutefois, malgré cette grande variabilité entre les individus, il est clair que la plupart des adultes hétérosexuels sont d’accord qu’en cas de pénétration vaginale ou anale, il y a certainement « acte sexuel ».
Mais qu’en est-il des non-hétéros? Y a-t-il des opinions largement partagées sur ce qui est considéré comme un rapport sexuel chez les personnes qui s’identifient comme gais, lesbiennes ou bisexuel(le)s? Un ensemble de nouvelles études publiées dans le Journal of Sex Research a tenté de répondre à cette question. Les résultats suggèrent que s’il semble y avoir un standard chez les hommes gais et bisexuels, ce ne serait pas tant le cas chez les femmes appartenant à des minorités sexuelles.
Dans l’article, les chercheurs rapportent les résultats de deux études pour lesquelles ils ont recruté des adultes s’identifiant comme LGB dans des festivals de la fierté afin de leur demander leur définition d’un rapport sexuel. Nous nous sommes penchés sur la plus vaste des deux études, dans laquelle ils ont demandé aux participants de chaque sexe d’évaluer 16 à 17 actes sexuels potentiels. Les questions adressées aux hommes et aux femmes étaient évidemment différentes étant donné les différences anatomiques propres à chaque sexe.
Ils ont ainsi découvert que comme chez les hétérosexuels, il n’y avait pas de consensus à savoir quelles activités étaient absolument considérées comme un rapport sexuel. Toutefois, ce groupe s’est avéré davantage en accord sur ce qui était considéré comme du sexe.
Chez les hommes gais et bisexuels, les deux seules activités qu’une majorité des participants a définies comme étant « indéniablement du sexe » étaient la pénétration anale active et passive (être au-dessus ou en-dessous, en termes moins techniques). Bien que les répondants étaient d’accord à 90 pour cent qu’il s’agissait là de sexe, seul le tiers d’entre eux jugeait que des activités comme le sexe oral, l’anilingus, la masturbation mutuelle et la pénétration de godemichés en étaient aussi. Un pourcentage encore plus bas de répondants considéraient le frottement de deux pénis ou le sexe téléphonique comme étant un acte sexuel.
En revanche, chez les femmes lesbiennes et bisexuelles, dix actes différents ont été identifiés comme étant du sexe. L’activité la plus consensuelle (à 77 pour cent) était l’utilisation d’un godemiché double. Suivaient la position du 69, d’autres usages de godemichés, le frottement génital (« faire le ciseau »), le sexe oral et la masturbation mutuelle. Comme chez les hommes, seul le tiers des femmes ont compté l’anilingus, et une proportion encore plus faible a inclus le sexe téléphonique.
Une autre découverte intéressante de l’étude indique que tant chez les hommes que chez les femmes, les individus étaient plus enclins à considérer un comportement intime comme étant du sexe si leur partenaire l’avait fait avec quelqu’un d’autre plutôt que s’ils l’avaient fait ensemble. Une précédente étude sur les hétéros avait fait le même constat.
Essentiellement, ça veut dire que peu importe le sexe et l’orientation sexuelle, nous avons tendance à juger les comportements de nos partenaires différemment que les nôtres, sans doute par désir de préserver une certaine image de soi. Par exemple, si l’on peut a posteriori considérer une expérience indésirable comme n’étant pas du sexe, cela pourrait nous aider à nous sentir mieux dans notre peau et à propos de notre historique sexuel.
De manière générale, l’étude révèle donc que les hommes gais et bisexuels ont tendance à avoir une vision plus étroite de ce qu’est un rapport sexuel par rapport aux femmes lesbiennes et bisexuelles. En ce sens, les hommes appartenant à des minorités sexuelles ressemblent beaucoup aux hommes hétéros étant donné leur tendance générale à ne considérer que la pénétration comme étant un acte sexuel.
Si les femmes appartenant à des minorités sexuelles semblent également avoir tendance à inclure les activités de pénétration (avec un godemiché ou avec les doigts), elles semblent toutefois avoir une vision plus large de la chose, puisqu’elles appartiennent au seul groupe qui considère largement le sexe oral comme étant une forme de sexe.
Ces résultats sont importants non seulement parce qu’ils nous aident à mieux comprendre la variabilité des définitions du sexe, mais aussi parce qu’ils peuvent avoir des implications pour les soins de santé. Puisque les gens n’ont pas de définition uniforme de ce qu’est un rapport sexuel, les fournisseurs de soins de santé auraient probablement avantage à poser des questions à leurs patients à propos de pratiques sexuelles particulières, plutôt que de se limiter à des questions générales et peu fiables à savoir s’ils sont « sexuellement actifs » ou s’ils « pratiquent la sexualité ».