Ce mercredi soir, la nouvelle version de l’accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a été définitivement ratifiée par le Congrès. Après le Sénat, la veille, les 130 députés présents à la chambre (sur 166) ont voté en faveur du texte mercredi 30 novembre. Ils doivent désormais légiférer pour rendre les conditions de l’accord possibles.
Lors d’un référendum le 2 octobre dernier, le peuple colombien avait rejeté la première version du texte. Deux mois après, il a été modifié pour tenir compte de certaines propositions de l’opposition, puis signé une nouvelle fois le 24 novembre par le chef de la guérilla marxiste, Rodrigo Londoño — plus connu en tant que « Timochenko » — et par le président Juan Manuel Santos. Celui-ci avait remporté le prix Nobel de la paix la même semaine du référendum pour ses efforts au nom de la paix.
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Malgré l’inscription de certaines de ses exigences dans le texte, le principal parti d’opposition, le Centre démocratique (CD), mené par l’ancien président Alvaro Uribe, a quitté la chambre des représentants lors du vote. Les sénateurs de la formation avaient fait de même la veille, lors du vote au Sénat.
« Nous pensons qu’un vote du Congrès ne peut pas se substituer à un référendum », a déclaré Uribe. L’opposition reste droite dans ses bottes et continue à critiquer l’« impunité totale » des guérilleros suite à cet accord. Uribe reproche aussi à l’accord de rendre éligibles les anciens combattants des FARC avant même qu’ils n’aient purgé leurs peines suite aux crimes commis pendant la guerre civile.
À plusieurs reprises, Bogotá a appelé à la rapide signature de l’accord de paix, évoquant « le risque, qui grandit chaque jour, de voir tout ce qui a été obtenu s’effondrer, étant donné la fragilité du cessez-le-feu ». Car la trêve a été respectée depuis son entrée en vigueur fin août, mais le gouvernement a annoncé la mort de deux guérilleros, mi-novembre. L’ONU enquête toujours sur cet incident. Quelques jours après, trois responsables paysans et défenseurs des droits de l’homme ont également été tués.
Cet accord est issu de quatre ans de discussions menées à La Havane, notamment. Il met fin au conflit opposant le gouvernement colombien aux rebelles marxistes qui dure depuis 52 ans, soit le plus ancien d’Amérique latine. Il a déjà fait au moins 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,8 millions de déplacés.
En Colombie, la presse a majoritairement salué la ratification de l’accord. Le principal quotidien du pays, El Tiempo, explique que « le fait que le nouvel accord avec les FARC ait été voté à l’unanimité au Congrès constitue un atout politique pratiquement sans précédent dans l’histoire récente du pays ». Pour le quotidien El Espectador, « Le jour J est arrivé ».
Suivez Henrique Valadares sur Twitter : @HenriqValadares