Yes. L’été 2022 sonne enfin le grand retour des festivals. Ce qui signifie que la majorité d’entre nous va devenir complètement zinzin pendant minimum trois jours, faire des trucs chelous assis dans l’herbe (ou ce qu’il en reste), s’envoyer des pintes tièdes à 11 heures du mat’ et utiliser un sac poubelle en guise d’imperméable. Pour certains, les festivals sont aussi l’endroit propice à la prise de MDMA, de cocaïne ou de toute autre substance psychotrope. Que cela découle de l’exposition constante aux stroboscopes ou d’un décor qui ressemble à une immense salle de jeu pour adultes, la prise de drogues récréatives et les festivals ont toujours fait bon ménage.
Mais quand on monte, il faut toujours redescendre. Et redescendre encore. Et cette lente chute inévitable est d’autant plus odieuse lorsque la montée a été alimentée par des barres de céréales, des chewing-gums et l’absence de douche. Le lundi qui suit un festival peut vous laisser dans un fumet de string sale, anéanti par un besoin désespéré de chaleur humaine, celle que vous n’avez jamais reçue pendant votre enfance.
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Heureusement, il existe des méthodes pour faire face à cette déprime — ou du moins la surmonter. C’est dans cette optique que j’ai appelé Guy Jones, scientifique senior chez The Loop et directeur technique chez Reagent Tests UK, ainsi que Giulia Guerrini, pharmacienne principale chez Medino. Je leur ai demandé leurs précieux conseils pour amorcer au mieux le Pire des Lundis.
Testez. Vos. Drogues.
Pour se préparer à la descente, il est en premier lieu indispensable de savoir ce que l’on prend. Beaucoup de festivals possèdent maintenant des tentes de test sur leurs sites. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez acheter des kits de test assez bon marché sur internet. Et surtout, n’achetez pas de pilules au hasard à un hurluberlu derrière les portiques à 3 heures du matin.
« Visuellement, il existe de nombreuses drogues identiques à la MDMA. Nous avons constaté une tendance assez fascinante chez les dealers : ils font ressembler des cailloux de caféine à des cailloux de MD ; même les vétérans de la défonce ne sont pas capables de faire la différence », explique Jones à VICE.
« Les pires substances de contrefaçon que nous rencontrons sont appelées “cathinones”, souvent désignées par l’expression argotique “sels de bain” », ajoute Jones, faisant référence à une catégorie de drogues comprenant la méphédrone. « Dans un premier temps, ces drogues procurent un effet euphorisant, qui va rapidement s’estomper. L’utilisateur doit donc en prendre un peu plus pour atterrir là où il veut ».
D’après Jones, l’effet des cathinones sur le corps dure à peu près six heures, chaque fois que l’on prend une dose. « Ça veut dire que si quelqu’un prend cinq doses, il ne pourra pas dormir pendant 30 heures. Ça rend le processus de descente très pénible. Vous devez faire face à la privation de sommeil, vous vous sentez paranoïaque et votre cœur s’emballe. Il est facile d’éviter ça : testez vos drogues. »
Si vous prenez de la MDMA, n’en prenez qu’une seule fois
Bien que certaines études aient montré que la MDMA ne provoque pas de réelle descente, elle a toujours la réputation de vous faire sentir comme un triste sac à merde les jours qui suivent sa consommation. Les raisons de ce phénomène font l’objet de débats (est-ce l’épuisement de la sérotonine ou simplement le fait d’avoir dansé pendant 24 heures d’affilée ?) Quoi qu’il en soit, on se sent souvent déprimé et on a envie de pleurer à peu près n’importe quand (sauf quand il faut).
Bien que prendre une autre dose pour vous en remettre peut apparaître comme une idée de génie, ce n’est en fait pas du tout conseillé. Non seulement vous échouerez à retrouver l’euphorie de la première nuit, mais ça aggraverait votre descente.
« Le problème avec la MDMA, c’est qu’après une seule prise, vous avez déjà épuisé votre sérotonine. Votre système est perturbé. Prendre de la MDMA une deuxième ou troisième nuit va avoir un effet vraiment minime », explique Jones à VICE, ajoutant que « même si vous en reprenez la même quantité, niveau descente, l’impact sera bien pire. »
Les compléments alimentaires peuvent aider (mais il n’y a pas de remède miracle)
Malheureusement, il n’existe pas de pilule magique pour vous remettre d’aplomb. Mais il existe, de manière totalement anecdotique, certaines choses que vous pouvez faire pour adoucir ces moments pénibles. Lorsque j’ai parlé à des festivaliers, certains m’ont juré que le 5-HTP — un complément qui augmente les niveaux de sérotonine — était connu pour atténuer les effets d’une descente particulièrement méchante. D’autres ont mentionné le magnésium, un minéral connu pour aider à stabiliser l’humeur.
En tant que pharmacienne, Giulia Guerrini est souvent interrogée sur les remèdes à appliquer en cas de sale descente. Elle affirme que certains compléments alimentaires ne font pas de mal, même s’ils doivent être pris de manière responsable. « Le 5-HTP peut vous aider à surmonter les baisses d’humeur que vous pouvez ressentir lors d’une descente, en augmentant votre taux de sérotonine », explique-t-elle.
« Cependant, le 5-HTP ne doit pas être pris 24 heures avant ou après la prise de MDMA, car il peut provoquer un syndrome sérotoninergique, soit une accumulation excessive de sérotonine. Il se traduit par des symptômes légers comme des frissons ou une diarrhée, ou par des symptômes beaucoup plus graves, comme des crises ou une rigidité musculaire. »
Dormez, et dormez bien
Vous êtes au bout du rouleau. Que ce soit parce qu’un campeur a visiblement décidé de passer le remix de « On Hold » par Jamie xx pour la sixième fois à 5 heures du mat, ou que vous ayez ingurgité suffisamment de stimulants pour physiquement ne pas pouvoir fermer les yeux, l’épuisement est bel et bien là.
Jones insiste sur l’importance du sommeil dans toute phase de désintoxication — ce qui est logique, puisque c’est essentiellement pendant notre sommeil que le cerveau se soigne et se débarrasse des déchets toxiques. Le sommeil permet non seulement à votre corps de se recharger après s’être affalé avec un bruit mat sur un tapis de yoga pendant trois nuits, mais il peut aussi vous aider à retrouver la santé et à éviter de tomber malade.
D’après Jones, le sommeil est particulièrement important après avoir pris le cocktail coke et alcool. « La cocaïne et l’alcool interfèrent chacune avec la dégradation de l’autre substance dans le corps, ce qui prolonge la durée et maximise la toxicité de chaque drogue », explique-t-il.
« La coke vous rend plus alerte et moins bourré, tandis que l’alcool réduit l’anxiété liée à la prise d’une trop grande quantité de cocaïne. Ce qui peut vous amener à en prendre impulsivement beaucoup plus et à perturber vos niveaux de dopamine. Cependant, si vous parvenez finalement à obtenir cette bonne nuit de sommeil, ça permettra à vos niveaux de dopamine de mettre de l’ordre dans tout ce bordel. »
Mangez quelque chose de vraiment nourrissant
Vous pouvez toujours essayer de nous faire croire que si vous n’avez emporté que quatre snickers et un paquet de Mentos pour tenir tout le week-end, c’est parce que vous êtes trop responsable financièrement pour dépenser 15 balles dans un hamburger tout sec. Plaqué dans votre étui de téléphone, ce billet de 50 tout plié nous crie le contraire.
Les stimulants comme la MDMA et la cocaïne tuent l’appétit, parfois pendant plusieurs jours. Lorsque vous vous sentez capable de manger, Jones recommande de porter votre choix sur quelque chose qui vous aidera à vous sentir mieux.
« En général, manger sainement et s’assurer que votre système disposera des nutriments dont il a besoin est précieux lorsque votre corps traverse une période de stress. Ça ne veut pas dire qu’il faut lui refiler des tas de calories sous forme de chips et de bonbons — mais plutôt prendre un peu soin de lui avec une alimentation variée et équilibrée. »
Allez manger un Bo Bun, un pho ou un truc du genre. Ne cédez pas à l’envie de commander une assiette de plats beiges, mous et gras — cela ne fera qu’empirer votre état.
Quand vous vous sentez hyper mal, rappelez-vous qu’il y a une raison
OK, oui, peut-être que vous avez tellement trippé que vous avez cru que tout ce qui se trouvait sur les stands du festival était gratuit. Ce qui, légalement parlant, n’excuse pas votre vol de quatre paires de boucles d’oreilles en coquillage fabriquées à la main sur le stand de la bijouterie durable. Mais ça peut expliquer pourquoi vous chialez votre race.
« Si vous ressentez un choc émotionnel très intense, c’est probablement parce que vous avez pris une drogue très stimulante », explique Guerrini.
« Les neurotransmetteurs sont naturellement libérés par votre cerveau en plus petites quantités, mais normalement ils sont réabsorbés. Les drogues récréatives empêchent cette réabsorption afin de surstimuler les récepteurs de la sérotonine et de la dopamine. Mais lorsque l’effet s’estompe, vos réserves naturelles sont épuisées. »
En d’autres termes, vous n’êtes pas malheureux par hasard. Vous n’êtes pas non plus une affreuse personne et la vie n’est pas d’un coup devenue laide et enrobée de gris. C’est simplement la chimie de votre cerveau qui vous fait vous ressentir ça. Et la bonne nouvelle, c’est que ça ne va pas durer éternellement ! Si les effets de la plupart des descentes diminuent en deux ou trois jours, le corps de chacun traite le processus différemment et ça peut donc varier d’une personne à l’autre. Quoi qu’il en soit, n’oubliez pas : vous en verrez bientôt le bout !
Et si vous avez encore besoin de conseils sur la façon de gérer votre descente, voici quelques anecdotes anonymes que j’ai recueillies pour cet article. Bon appétit !
« Le coca du Burger King, juste pour ressentir un truc. »
« Les chiens. Les chiens ne vous jugeront jamais. »
« Rester au lit toute la journée, regarder Netflix et s’envoyer un Deliveroo vers 16 h 30, prendre une douche et faire une petite balade avec un autre pote qui a la gueule de bois. »
« Direct au bar. Ou bien prendre des tickets pour un autre festival. »
« Une soupe avec beaucoup de sel, jusqu’à en mourir. »
« Ma cure de désintox ? Le pain grillé. Juste merveilleux. C’était si douloureux de manger avant, mais les toasts ont tout changé. Il y avait un documentaire de la BBC sur la pêche en fond sonore — je m’en souviens très bien. Et on me nourrissait de toasts. Les toasts vont vous sauver la vie. »
« Mon conseil descente serait probablement de ne pas toucher aux drogues si vous ne pouvez pas gérer ça. Je pratique le raving sobre depuis l’année dernière et honnêtement, c’est tellement mieux que les narcotiques. Mais si vous en prenez, dès que vous êtes sobre, allez courir, rentrez chez vous, prenez une douche, trouvez un chien à câliner, mettez une série romantique et passez le reste de votre misérable journée à swiper sur Tinder. »
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