Un satellite d’observation lancé en grande pompe le 17 février NASA grâce à un partenariat entre l’Europe, l’Agence spatiale canadienne, la NASA et le Japon (qui a mené le projet), aurait perdu contact avec la Terre selon un communiqué de l’Agence aérospatiale d’exploration japonaise.
Conçu pour détecter les trous noirs supermassifs au cœur des galaxies lointaines, le satellite Hitomi (également connu sous le nom ASTRO-H) a disparu des écrans de contrôle à 16h40 heure locale, le 26 mars 2016. Le jour suivant, le Centre de contrôle des opérations spatiales américain a signalé qu’il avait trouvé des morceaux de débris spatiaux pouvant appartenir au satellite.
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Les scientifiques du monde entier retiennent leur souffle dans l’attente de nouvelles d’Hitomi. Malheureusement, si les membres de l’équipe canadienne étaient disponibles lors de la célébration du lancement d’Hitomi le mois dernier, aucun n’a souhaité répondre aux questions de Motherboard concernant le statut du satellite à l’heure actuelle. Ils nous ont répliqué qu’il serait « maladroit » voire inapproprié de s’exprimer publiquement avant d’avoir été fixés sur le sort de Hitomi. (L’observation des débris spatiaux suggère que les morceaux se sont détachés du satellite, mais pas que celui-ci a été complètement détruit.)
L’équipe canadienne a laissé planer un silence total sur le statut du satellite
Ce niveau d’anxiété montre à quel point les opérations spatiales sont risquées, quoique gratifiantes lorsqu’elles sont réussies. En 2000, une version moins avancée du même instrument, ASTRO-E, a été détruite juste après le lancement. Une partie du satellite Suzaku a été ruinée en 2005 à cause d’une fuite d’helium. Le Japon, bien sûr, n’est pas seul dans ce cas. L’exploration de l’espace demeure un défi de taille, qui, à chaque mission, implique des milliers de scientifiques et des millions de dollars.
Les incidents de ce genre nous rappellent que finalement, une mission réussie constitue à chaque fois un miracle.
Hitomi a été conçu pour détecter les rayons X émis par les trous noirs supermassifs, la matière noire, et autres sources cosmiques. Equipé d’un spectromètre innovant construit par la NASA, sa mission était de nous renseigner sur la formation des galaxies et la structure de l’univers.
La contribution du Canada au projet s’élevait à 10 millions de dollars ; elle était principalement destinée à un système d’alignement laser. En raison de cet investissement massif, « les scientifiques canadiens ont gagné une place aux premières loges, et ont obtenu de travailler directement avec les autres équipes internationales sur ce télescope absolument unique, » explique Luigi Gallo, professeur d’astronomie à l’Université St. Mary, à Halifax. « Il n’y a aucun doute que Hitomi nous permettra de faire de grandes découvertes lorsqu’il sera en service, » avait-il déclaré à l’époque.
Cependant, lundi dernier, c’est-à-dire deux jours après que la communication avec le satellite ait été rompue, il n’y avait toujours pas eu de communication publique évoquant l’événement. La seule déclaration sur le sujet, somme toute vague, nous laissait entendre que l’équipe « était inquiète, mais optimiste » et espérait le rétablissement du contact avec le satellite.
« Jusqu’à présent, l’équipe JAXA n’a pas réussi à se procurer les données nécessaires pour se prononcer sur l’état du satellite, » explique JAXA dans son dernier communiqué de presse, précisant qu’une procédure d’investigation d’urgence avait été mise en place.
Les astronomes sont pourtant connus pour transformer les défaites en victoires. Il suffit de se rappeler de l’histoire de la mission Kepler. Paralysé par un dysfonctionnement de matériel en 2013, la NASA lui a finalement donné une nouvelle mission : celle de chasseur d’exoplanètes. Désormais, il poursuit sans relâche sa quête de nouveaux mondes.