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Comment réagir face à un ami qui commet des agressions sexuelles

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Si tout va bien, vous avez une bonne opinion de vos amis. Après tout, vous êtes ami avec eux pour une raison. Mais que faire si vous voyez l’un d’eux avoir des comportements inappropriés avec les femmes ? 

Certaines personnes évitent le sujet pour préserver la relation, mais parfois, il est nécessaire d’avoir une conversation désagréable à ce sujet, voire de couper les ponts. J’ai parlé à quatre personnes qui ont décidé de confronter un ami qui a dépassé les limites.

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Esther, 27 ans

Je fais partie d’un cercle d’amis très soudé depuis une dizaine d’années et je suis l’une des deux seules femmes du groupe. Quand on sortait ensemble, je remarquais souvent que nos amis [masculins] essayaient de toucher des femmes qu’ils ne connaissaient pas. À en juger par leurs réactions, je voyais bien qu’elles n’aimaient pas ça. Un mec en particulier faisait ça tout le temps. Je le voyais souvent pousser les femmes dans un coin. Il est grand et costaud, donc il peut être assez intimidant. 

Je l’ai confronté à ce sujet à plusieurs reprises pendant des soirées. Il ne savait pas de quoi je parlais. Il était bourré, mais il semblait aussi incapable de réfléchir à son propre comportement. J’ai cessé de traîner avec lui pendant un certain temps ; je n’aimais pas avoir l’impression de devoir le surveiller. 

Ce mec dort souvent chez des amis après être sorti. Il y a deux ans, on a appris qu’il lui arrivait d’ouvrir secrètement la porte des autres chambres pour regarder ses potes faire l’amour tout en se branlant. Une fois, une fille l’a vu faire et a pété un câble. Je la connaissais par des amis d’amis. Dans notre discussion de groupe, il a admis que ce n’était pas la première fois qu’il faisait ça. Les autres mecs n’en avaient aucune idée et lui en ont touché un mot. 

J’ai également eu une discussion avec lui. Je lui ai dit que je trouvais ça dégoûtant, qu’il avait dépassé les limites et qu’il n’avait aucune idée de l’impact que ça pouvait avoir sur quelqu’un. Il s’est montré très calme et m’a écoutée, mais je voyais bien qu’au fond, il ne comprenait pas vraiment pourquoi ce qu’il avait fait était mal. Finalement, il a dit qu’il allait arrêter. Depuis, il a arrêté de boire autant, et je ne l’ai plus vu faire de gestes déplacés. Nous sommes toujours bons amis. 

Jeroen, 33 ans

Je connais mon meilleur ami depuis la maternelle. J’avais une vingtaine d’années quand j’ai découvert qu’il harcelait et agressait des femmes. Une amie m’a raconté que lors d’une fête, il lui avait bloqué le passage et refusait de la laisser passer si elle ne lui taillait pas une pipe. Une autre amie m’a dit qu’elle avait dormi à côté de lui après une soirée et que lorsqu’elle s’était réveillée, il était en train de la doigter. Il a aussi embrassé de force une autre amie à plusieurs reprises. 

Quand j’ai entendu ça, j’ai décidé de ne plus jamais le revoir. Je n’ai pas ressenti le besoin de l’affronter, il ne le méritait pas. Il m’aurait sans doute présenté ses excuses, mais je n’en voulais pas.

Finalement, je ne l’ai plus jamais revu. J’ai arrêté de répondre à ses appels et lui ai dit par texto que je ne voulais plus avoir affaire à lui. Il a fait semblant de ne pas comprendre pourquoi, ce qui m’a encore plus énervé. Sept ans plus tard, il a contacté une de mes amies en lui disant qu’il était désolé d’avoir été « bizarre ». J’ai été déçu par le peu de réflexion sur lui-même qu’il avait faite pendant toutes ces années. 

Parfois, j’ai des nouvelles de lui via Instagram. C’est un peu triste de perdre quelqu’un avec qui je partageais tant de souvenirs, mais je ne veux pas être ami avec quelqu’un qui abuse de son pouvoir comme ça, surtout avec des gens que j’aime.

Dorien, 26 ans 

Je travaille dans une grande entreprise technologique où tout le monde est jeune et se connaît. On sortait beaucoup avant la pandémie. Un soir, un collègue a agressé sexuellement une autre collègue. J’étais très ami avec les deux.

Le lendemain matin, elle s’est présentée chez moi en pleurant. Elle avait passé la nuit chez lui après avoir raté le dernier train de retour et il en avait profité. Ma première réaction – que je n’ai pas partagée avec elle à ce moment-là – a été l’incrédulité. Je connaissais ce type et je le respectais. Tout le monde l’aimait bien. Mais j’ai vite compris qu’elle n’avait aucune raison de mentir à ce sujet.

On a beaucoup parlé de ce qu’il fallait faire. Elle ne savait pas si elle devait aller voir la police ou raconter ce qui s’était passé à la direction. Il n’est pas facile de signaler un incident dans ce genre d’environnement de travail où les employés sont proches.

J’ai dû me retenir de l’appeler – elle m’a demandé de ne pas le faire. J’ai décidé de contacter la psychologue de notre entreprise parce que je m’inquiétais pour elle. Celle-ci m’a conseillé de l’encourager à porter plainte, et elle a fini par le faire. Il y a eu une enquête et il a été renvoyé deux semaines plus tard. Mon entreprise a traité la situation rapidement et a pris sa demande très au sérieux.

Je ne dis pas que c’est une mauvaise personne en soi, mais il l’a cherché. C’était une situation délicate parce qu’ils étaient tous les deux mes amis. Mais apparemment, je ne le connaissais pas aussi bien que je le pensais.

Larissa, 20 ans 

Le meilleur ami de mon copain m’a agressée lors d’une fête en novembre 2018. Je n’en ai pas parlé à mon copain parce que j’avais peur que ça ruine leur amitié. Mais un an après, je me suis confiée à sa sœur. Elle m’a dit que ce type avait eu le même comportement avec elle et une de ses amies. J’étais furieuse. Apparemment, elles n’avaient pas vécu aussi mal que moi leur agression, mais une limite avait été franchie. La sœur de mon copain m’a dit que c’était juste « sa façon d’être ». Alors, j’ai décidé de parler. Elles étaient toutes les deux plus jeunes que moi et j’avais le devoir de les protéger. 

Je lui ai envoyé un message disant que ce qu’il avait fait était mal et que je savais pour les autres filles. Il m’a dit qu’il regrettait d’entendre que j’avais vécu ça comme ça, mais que pour lui, rien ne s’était passé. Puis il m’a appelée et m’a demandé de passer pour discuter. C’était la dernière chose que je voulais ; je savais qu’il n’avait pas de remords. Au téléphone, il m’a dit qu’il avait trop bu ce soir-là et que les choses ne s’étaient pas passées comme dans mes souvenirs. Après ça, il m’a bloquée. Mon copain était vraiment en colère et a coupé les ponts avec lui.

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