Une baleine morte en Californie, en 2007. Photo via
Imaginons que vous ayez une baleine morte sur les bras. Selon le lieu où vous vivez, il est plus ou moins probable que cela arrive. Mais si vous viviez à Terre-Neuve, au Canada, vous sauriez de quoi je parle : les habitants se sont longuement creusés la tête pour savoir ce qu’ils allaient faire des deux cadavres de baleines qui se décomposent lentement sur les plages de Trout River et Rocky Harbor. Ces nobles géants des mers sont probablement morts piégés dans de la glace, et se sont ensuite échoués de manière grotesque sur les plages. Leurs cadavres se sont alors gonflés de méthane au cours de leur décomposition – heureusement, le gaz qui menaçait de les faire exploser est en train de s’échapper progressivement et il semblerait qu’ils aient enfin trouvé leur future maison.
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Les baleines qui s’échouent encore vivantes posent déjà un sacré problème. Parfois, il est possible de les maintenir en vie en les arrosant et en s’assurant qu’elles respirent jusqu’à ce que la marée permette de les remettre à l’eau. Mais le plus souvent, elles meurent de causes naturelles ou doivent être euthanasiées pour leur épargner des souffrances inutiles. Dans ce cas de figure, on se retrouve dans la même situation que les autorités de Terre-Neuve, puisque le gouvernement avait annoncé aux deux villes concernées qu’il était de leur responsabilité de trouver une solution. Mais que faire de 60 tonnes de viande en décomposition ?
Voici quelques solutions qui s’offrent à vous :
Laisser les cadavres où ils sont. Après tout, ça pourrait dynamiser le tourisme !
Tout le monde adorerait voir un mammifère aquatique géant en état de décomposition avancé. La preuve sur The Wire :
« Les gens ont afflué dans la ville pour jeter un œil à la carcasse, à en croire Jenny Parsons, qui tient un restaurant à proximité de la plage. […] Au moins une habitante de Trout River a l’intention de tirer profit de cette affluence de curieux. Elle a déclaré au Guardian : « Nous avons beaucoup de gens qui viennent voir la baleine, et nous aimerions développer quelque chose autour d’elle qui nous permettrait d’attirer de futurs touristes ».
Le problème, c’est que les gens aiment regarder les cadavres de baleines, sans apprécier particulièrement leur odeur. Ceux qui se réjouissaient de pouvoir prendre des selfies avec une baleine morte seront probablement moins enthousiastes lorsque cette dernière dégagera des effluves de viande en pleine décomposition.
Il y a peut-être un moyen de tirer profit de la mort de ces baleines, on peut sans doute vendre des morceaux en guise de souvenir ?
Non, on ne peut pas. Les baleines bleues sont une espèce menacée, ce qui implique qu’on ne peut pas scier une de leurs nageoires – ce qu’un habitant de Trout River s’est permis de faire -– sans s’exposer à des poursuites judiciaires. De toute façon, vous pourriez attraper tout un tas de maladies en vous approchant de la baleine, sans parler du risque de tomber à l’intérieur de ses entrailles liquéfiées si vous mettez le pied sur une parcelle de peau un peu trop décomposée.
Pourquoi ne pas remorquer les cadavres jusqu’à une décharge ?
Si on part du principe que vous avez à disposition un camion suffisamment grand et une grue capable de soulever une baleine, ça semble être une bonne idée, surtout si vous voulez avant tout éloigner la carcasse de la ville. Cependant, il faut faire très attention en transportant une baleine, car elles peuvent exploser à tout moment, comme l’ont appris les habitants de Taïwan en 2004.
D’ailleurs, si ça vous intéresse de voir l’effet du méthane sur les cadavres de baleine, je vous conseille de jeter un œil à cette vidéo d’un biologiste qui ouvre un cachalot (pour la science !) et disparaît presque au milieu d’un geyser de tripes et de sang. Mention spéciale pour le type un peu nerveux qui passe dans le champ à 0:05.
Pourquoi ne pas taguer ce cadavre ?
C’est une possibilité – c’est d’ailleurs ce qu’a fait un habitant du New Jersey sur une petite baleine qui s’est échouée récemment à Atlantic City – mais ça ne résout pas vraiment le problème.
Quelqu’un a pensé à faire exploser la carcasse, avant qu’elle n’explose elle-même de manière imprévisible ?
Oui, c’est l’idée qu’a eu Paul Thornton, un ingénieur de l’Oregon, à qui on a demandé de s’occuper d’une baleine échouée en 1970. Résultat : des morceaux de chair de baleine, dont certains faisait la taille d’une petite mobylette, ont commencé à pleuvoir sur les curieux qui étaient venus assister à la scène, et qui ont se sont mis à courir dans tous les sens, terrifiés.
Finalement, grâce à un des meilleurs sites du monde, l’histoire de la baleine explosive et de la très, très mauvaise décision de Paul Thornton a gagné une certaine popularité. Le reportage sur l’incident a été vu par des millions de gens, et aurait sa place dans une sorte de Hall of Fame de la baleine :
Pourquoi ne pas enterrer les corps ?
C’est sans doute la meilleur chose à faire : la ville de New York a enterré un rorqual commun de 20 mètres qui s’était échoué en 2012, et c’est également la solution que les autorités uruguayennes ont privilégié avec un cachalot échoué un peu plus tôt cette année.
Mais comme le montre cette vidéo où l’on enterre une baleine à Florence, dans l’Oregon, il peut être nécessaire de couper le cadavre en morceaux, ce qui est CARRÉMENT DÉGUEULASSE BORDEL DE ZEUS :
Et si on se débarrassait de la chair pour ne garder que le squelette pour l’envoyer à un musée ?
C’est précisément ce que les habitants de Terre-Neuve ont choisi, à l’instar des personnes qui avaient fait face à ce problème avant eux. Il est cependant précisé qu’il leur avait fallu 10 ans et 640 000 US dollars pour retirer totalement la chair, même si le résultat final « en valait vraiment la peine ».
Bref, si vous voyez une baleine morte sur une plage, prévenez tout de suite un adulte. Et si vous voulez avoir des nouvelles des baleines non-explosives de Terre-Neuve, rendez-vous à cette adresse.
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