S’il y a bien une chose à savoir au sujet des Républicains, c’est que lorsqu’ils piquent une colère, le monde entier les entend. À l’heure actuelle, quelque part à Washington DC, un tas de petits blancs riches aux cheveux blancs et au cœur de pierre tapent du pied dans leur costume trois-pièces parce qu’ils refusent que les pauvres aient accès à des services de santé qu’ils peuvent se payer. Heureusement pour les riches et puissants d’Amérique, vous pouvez aussi bien boycotter votre golf s’il décide d’admettre une personne étrangère que stopper les activités de votre gouvernement s’il ne pas vous écoute pas. Qu’importe si ça entraîne le monde entier dans une « récession profonde et sombre » ? Vous pouvez simplement déménager dans votre ranch au Texas en attendant que l’orage passe. Le bon côté, c’est que votre petit personnel de maison sera probablement d’accord pour travailler pour des sommes encore plus dérisoires parce qu’il n’y a pas de boulot et qu’ils ont vraiment besoin d’argent pour payer leur assurance santé.
Une récession profonde et sombre. On ne vient pas de juste de s’en taper une ? Il est peut-être temps que le reste du monde se révolte. Le reste du monde s’est laissé piétiner par ces enfoirés de Yankees depuis trop longtemps. Il n’y a pas un seul endroit, sur la planète, où ils n’aient pas joué un rôle disruptif. Leur politique étrangère a entraîné la mort de millions de gens, et leur économie s’est longtemps fondée – et se fonde encore – sur le pillage pur et simple des ressources des autres. Ils n’ont jamais cessé de déblatérer sur la liberté et la terre des braves tout en entravant la liberté et le courage des autres. J’emmerde ces connards de patriotes, ces agitateurs de drapeaux instables qui sucent la bite de Dieu le matin pour mieux fourrer la leur dans l’anus béant du monde qui les entoure le reste de la journée.
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Il est temps que le reste du monde se ligue contre les États-Unis. Il faut qu’une armée mondiale piétine les pelouses de la Maison Blanche. S’ils ne peuvent pas s’occuper de leur propre économie, nous avons besoin de les envahir et de prendre le relais. On va se faire ces enfoirés.
Mais peut-on vraiment les vaincre ? Est-ce une option envisageable, ou sont-ils vraiment plus forts que la Chine, la Russie, l’Iran, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Islande, la Biélorussie et tous les autres pays réunis ? J’ai contacté Dylan Lehrke, analyste des Forces armées des États-Unis pour IHS Jane’s, afin de savoir si l’heure de la revanche avait sonné.
VICE : Commençons par le début. Comment le reste du monde peut-il désactiver la capacité nucléaire américaine ?
Dylan Lehrke: Il est pratiquement impossible d’éliminer l’arsenal nucléaire américain, car il est basé sur la triade sol-air-mer qui fournit une vraie capacité de contre-attaque. Les missiles balistiques lancés par sous-marins sont largement considérés comme l’élément clé de la dissuasion nucléaire américaine, puisqu’une partie de cet arsenal est toujours au large. Les missiles basés au sol sont aussi très difficiles à éliminer car ils sont entreposés dans des silos situés au centre du pays. Tout adversaire désireux de se frotter aux États-Unis doit se préparer à essuyer une attaque nucléaire ou à développer un système de défense contre les missiles balistiques, ce qui est technologiquement impossible aujourd’hui.
OK. Sinon, on pourrait attaquer le problème à sa source : Obama. Est-ce qu’on peut lui voler son arsenal nucléaire ?
Je ne peux pas vraiment répondre à cette question puisque nous avons très peu d’informations sur les aspects techniques.
OK. Admettons qu’il le transporte dans sa poche et que je le lui pique. Une fois ses capacités nucléaires neutralisées, à quoi pourrait ressembler une invasion des États-Unis?
Les États-Unis sont le seul pays au monde qui a la capacité de projeter des forces à travers le globe à grande échelle. La capacité militaire de transport aérien et maritime de tous les autres pays du monde ne serait pas suffisante pour poser un pied en Amérique du Nord. Les capacités amphibies d’assaut de toutes les armées du monde cumulées – à l’exception de l’armée US – sont simplement insuffisantes.
Cela signifie que l’adversaire devrait saisir et utiliser des avions et des navires civils qui ne sont pas conçus pour les environnements non permissifs. Ces navires auraient besoin de bases sûres au Canada et au Mexique, car ils n’ont pas la capacité d’amener des forces sur des côtes non aménagées. Ainsi, toute tentative d’invasion des États-Unis se ferait d’abord par un mélange hétéroclite de navires et d’avions civils particulièrement vulnérables.
Si ces forces parvenaient à éviter les attaques américaines et continuaient de s’accroître, elles pourraient envisager d’attaquer le sol américain.
Je suis sûr qu’on pourrait gérer ça. Où commencerait l’invasion ? Quelles parties de la côte américaine sont les plus vulnérables aux attaques ?
Comme je l’ai déjà mentionné, la capacité d’assaut amphibie des armées combinées du monde est tout simplement trop mince pour attaquer les côtes. Si elles réussissaient à passer inaperçues – ce qui est en soi un exploit impossible compte tenu des dispositifs de surveillance actuels –, elles seraient repoussées à la mer avant même d’avoir eu le temps d’attaquer.
Ainsi, une invasion devrait venir d’une frontière terrestre, par exemple la frontière sud – avec le Mexique –, laquelle est la plus propice aux opérations militaires. Mais, étant donné que la plus grande base militaire américaine se trouve au Texas, cela nuirait naturellement à une telle attaque. Passer par la frontière canadienne – par l’ouest, afin d’éviter les Grands Lacs et la voie maritime du St-Laurent – serait plus aisé, même si l’invasion se limiterait alors à l’infanterie légère. En outre, ça ne permettrait pas de s’emparer des foyers de population ou de points stratégiques importants, car il y a surtout des parcs nationaux là-bas.
Mais avec les parcs nationaux, on a les ours et les loups de notre côté, ce qui nous rendra imbattables. Mais est-ce que les forces combinées du monde – y compris celles des fous de la Corée du Nord, parce que chaque petit geste compte – sont assez puissantes pour vaincre celles des États-Unis ?
Oui, mais seulement si les États-Unis sont sur l’offensive, ou si par « vaincre » vous n’entendez pas conquérir et détruire. Le monde pourrait, par exemple, contenir les États-Unis, comme les États-Unis l’ont fait avec l’Union soviétique par le passé. Mais la question que vous posez, si je ne me trompe pas, c’est si les forces combinées de la planète sont suffisantes pour conquérir les Etats-Unis. Et là, la réponse est non. Cela nécessite des moyens logistiques que le reste du monde n’a tout simplement pas.
OK. Je dois vous avouer que je suis un peu déçu.
C’est un problème principalement géographique. Tout comme les vastes steppes russes engloutissent les armées, les océans qui entourent les États-Unis peuvent réduire à néant les velléités offensives. Peu importe le nombre de soldats ou les armes dont ils disposent, ils doivent être livrés de l’autre côté du Pacifique et de l’Atlantique pour être amenés à servir. C’est là que la Marine et la puissance aérienne américaine détruiraient n’importe quel adversaire bien avant qu’ils n’approchent la côte américaine.
Et c’est là que vous rencontrerez un deuxième problème majeur : la technologie. Il n’y a pas assez de porte-avions et de navires de guerre amphibies dans toutes les forces navales combinées du monde pour rivaliser avec l’US Navy. Il n’y a pas assez d’avions d’attaque pour assurer une supériorité aérienne contre l’US Air Force. C’est de cette façon étonnamment déséquilibrée que s’agence la puissance militaire du monde aujourd’hui.
Pouvons-nous contourner cela ?
La solution serait de nier l’importance de la géographie et de la technologie. Cela signifie ne pas compter sur l’infanterie, les navires et les avions, mais plutôt cibler les États-Unis dans l’espace et les domaines cybernétiques. En battant les satellites américains et en attaquant les réseaux américains, on arrive à contourner la géographie et à éliminer la technologie, à la fois celle de l’armée et celle de l’industrie qui est au cœur de cette puissance militaire.
Cool, on a juste besoin de rallier les hackers à notre cause, en fait.
Même avec ça, on ne parviendrait pas à conquérir le territoire. Donc, nous arrivons à la même conclusion : au vu du déséquilibre militaire mondial, même dans l’hypothèse fantaisiste d’une alliance planétaire, il serait impossible de conquérir les États-Unis. On peut seulement les vaincre. Je suppose que vous imaginiez un scénario similaire à celui de L’Aube Rouge, mais je ne peux pas abonder dans votre sens sans faire preuve de déraison. Ce projet relève de la science fiction.
Merci de me ménager, Dylan.
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