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Crime

Empoisonnement radioactif d'un ancien du KGB à Londres : Poutine a "probablement" donné son aval dit l'enquête

Le rapport rendu ce jeudi matin exclu les pistes du suicide, de l'empoisonnement accidentel, ou d'un quelconque piège tendu aux protagonistes de l'affaire
Photo par Sally Hayden/VICE News

En 2006, l'ancien agent du KGB et citoyen britannique Alexander Litvinenko meurt dans d'atroces souffrances et est enterré dans un cercueil en plomb. Sur son lit de mort, il accusait l'État russe d'être responsable. Le rapport d'enquête britannique publié ce jeudi semble aller dans ce sens.

Le rapport fait 328 pages. Il dit qu'il y a une "forte probabilité" que le FSB (considéré comme le principal descendant du KGB) ait dirigé deux hommes pour empoisonner Litvinenko à Londres, et que cette opération ait été "probablement" approuvée par le chef du FSB de l'époque, Nikolai Patrushev, et par le président russe, Vladimir Poutine.

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Le rapport exclu les pistes du suicide, de l'empoisonnement accidentel, ou d'un quelconque piège tendu aux protagonistes de l'affaire. Le texte estime que les principaux suspects, Andrei Lugovoi et Dmitry Kovtu, sont responsables de l'avoir tué. On apprend aussi que Litvinenko a été empoisonné par deux fois, et que la dose de polonium 210 radioactif qui lui a été fatale lui a été donnée dans le Pine Bar de l'hôtel londonien Millennium, le 1er novembre 2006.

Il est indiqué que Lugovoi et Kovtun n'avaient rien de personnel contre Litvinenko, et qu'ils ont donc dû le tuer pour le compte d'autres personnes. "Le fait que Monsieur Litvinenko a été empoisonné avec du polonium 210 qui a été fabriqué dans un réacteur nucléaire, suggère que Messieurs Lugovoi et Kovtun agissaient pour le compte d'un État, plutôt que pour une organisation criminelle", dit le rapport.

On apprend également que l'État russe avait des raisons de vouloir sa mort, l'enquête dit qu'"il y avait indubitablement une dimension personnelle à l'antagonisme entre" Litvinenko et Poutine. Le rapport conclut : "L'opération du FSB qui a conduit à l'assassinat de Monsieur Litvinenko a probablement été approuvée par Monsieur Patrouchev et aussi par le président Poutine."

La page 178 du rapport qui montre une analyse de la théière qui contenait du polonium radioactif. (Photo par Sally Hayden/VICE News)

Le document a été remis dans sa version finale au secrétaire d'État à l'Intérieur britannique ce mardi, mais son contenu est resté secret jusqu'à ce jeudi.

La veuve de Litvinenko, Marina, a déclaré : "Je suis bien sûr très contente que les mots prononcés par mon mari sur son lit de mort accusant monsieur Poutine de son meurtre soient reconnus comme vrais par une cour Anglaise respectant les normes les plus hautes en termes d'indépendance et de justice."

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Elle demande des sanctions économiques ciblées, visant des individus comme Poutine et Patrushev, et elle demande l'expulsion des officiers russes des services secrets oeuvrant au Royaume-uni. Marina Litvinenko a aussi déclaré avoir reçu une lettre de la Secrétaire d'État à l'Intérieur, Theresa May, qui a promis des actes.

L'enquête a eu lieu entre janvier et juillet de l'année dernière. Elle comprend 34 jours d'auditions, 62 témoignages oraux, de très nombreux documents, et des preuves écrites données par un nombre significatif de témoins.

Ce mercredi, Viktor Ivanov, chef de la puissante agence anti-drogue de Russie, et un proche de Poutine, a rejeté toutes les accusations portées à son encontre, disant que cette enquête était "un théâtre de l'absurde". Lugovoi et Kovtun ont également nié les faits qu'on leur reproche.


Suivez Sally Hayden sur Twitter: @sallyhayd