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Culture

Le gouvernement chinois s'est lancé dans une vague de censure des médias indépendants

En février, le président Xi Jinping avait délivré un message limpide : les médias doivent servir les intérêts du parti au pouvoir.

Quand Consensus Net, un site Internet qui donnait une tribune aux intellectuels chinois, a fermé cette semaine, un message de service indiquait que le site procédait à une « mise à jour ». Cette « MAJ » survient après plusieurs mois de répression du gouvernement chinois envers la liberté d'expression sur Internet — censurant un peu tout ce qui ne leur plaisait pas. Cela va des discours réformistes aux vidéos de filles qui mangent des bananes d'une manière lubrique.

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Consensus Net avait ouvert il y a sept ans de ça et diffusait les analyses de chercheurs chinois sur des sujets politiques sensibles comme la Révolution culturelle et la corruption endémique qui ronge le Parti communiste. En juillet, Consensus Net a organisé son deuxième « Symposium sino-américain sur le contre-terrorisme », auquel des officiels du Département d'État américain ont été invités. Les responsables du site se sont exprimés au cours de conférences de divers think tanks, dont l'une était consacrée à l'état des think tanks en Chine.

En février, le président Xi Jinping a délivré un message limpide : les médias doivent servir les intérêts du parti au pouvoir. « Tous les médias dirigés par le parti doivent s'exprimer sur la volonté et les propositions du parti et protéger l'autorité et l'unité du parti, » avait déclaré Xi lors d'une rencontre avec des responsables de médias chinois.

Depuis cette annonce de février, plusieurs épisodes tendent à attester que le gouvernement serre encore plus la vis sur la liberté d'expression. En avril, le ministère de la Culture a ouvert une enquête sur les sites de streaming qui diffusent des contenus qui « heurtent la moralité sociale ». Le mois suivant, la « consommation érotique de fruits phalliques » a été bannie des streamings, comme le fait de porter des porte-jarretelles et des bas sur ces sites.

Dans les médias américains, ces mesures ont été qualifiées d'excentriques, mais pas vraiment sérieuses. Mais le gouvernement chinois ne s'est pas arrêté là. En juillet, plusieurs responsables du mensuel libéral historique Yanhuang Chunqiu ont été renvoyés ou rétrogradés avant d'être remplacés par des journalistes plus en ligne avec la politique de Xi. Un ancien directeur exécutif de Yanhuang Chunqiu, Wu Wei, a confié au New York Times que « ce qui s'est passé illustre les grands changements qui ont cours dans l'environnement politique chinois. »

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Un autre responsable du mensuel, Hong Zhenkuai, a indiqué au South China Morning Post que : « Le magazine représentait les réformistes du parti et les libéraux de l'establishment. » Quelques semaines plus tôt, Hong a été contraint de s'excuser après avoir pointé des inconsistances dans une histoire officielle de la Seconde guerre mondiale, à l'occasion d'un article paru dans Yanhuang Chunqiu en 2013.

En juillet, l'Administration chinoise en charge du Cyberespace a indiqué que les médias qui publient des informations se basant sur « des informations trouvées en ligne, comme sur les réseaux sociaux » seront punis. L'agence étatique a précisé que les sites d'informations devront « accepter de guider l'opinion publique dans le bon sens ».

Des sites de premier ordre comme Sohu.com et Netease ont reçu l'ordre d'arrêter de publier des articles rédigés par leurs journalistes et de se contenter de re-poster des informations publiées par les médias contrôlés par le pouvoir. « Cette vague de censure donne aux autorités un contrôle quasi-absolu sur les sites d'information et sur le discours politique, et permet de garder le contrôle sur l'information qui est de plus en plus diffusée sur Internet, » pouvait-on lire sur Bloomberg.

En août, des séries télévisées ont été interdites — coupables de montrer trop de décolletés ou « d'admirer trop distinctement le mode de vie occidental ». En septembre, un opposant aux lois régissant le planning familial a vu ses comptes supprimés sur les réseaux sociaux. Une pop star de Hong Kong a aussi vu sa musique supprimée des sites de streaming chinois à cause de son soutien trop affiché à la démocratie.

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Un autre possible cas de censure concerne l'application Fenda. Cette application de question-réponse a été lancée en mai pour atteindre 1 million d'utilisateurs en six semaines. Puis en août, l'application ne marchait plus.

Les utilisateurs de Fenda pouvaient payer une célébrité ou un expert pour répondre à une question sous la forme d'un fichier audio d'une minute. Si d'autres utilisateurs voulaient entendre la réponse, ils devaient aussi payer. Les questions les plus populaires portaient sur l'avortement et les positions sexuelles. Quand Fenda a fermé, beaucoup ont émis l'hypothèse que le principal problème posé par l'application était que l'audio est plus difficile à censurer que l'écrit.

Fenda a assuré que sa fermeture temporaire n'était pas due à une demande du gouvernement. Après 47 jours de mise à jour, l'application a réapparu, mais elle avait changé. Avant, les utilisateurs pouvaient poser des questions sur les ragots et les films à des célébrités ou des journalistes. Mais aujourd'hui, il est seulement possible de poser des questions sur le travail, la médecine ou la science.

Technopode indique que les utilisateurs doivent aussi s'inscrire avec un numéro de portable — ce qui pourrait permettre d'en apprendre plus sur leur identité. L'écrivain Tang Que a eu droit à un message d'erreur quand il a voulu répondre à une question : « Désolé, selon les règles en vigueur, votre réponse contient des propos inappropriés. S'il vous plaît, enregistrez une autre réponse, ou les fonds seront reversés à l'utilisateur qui a posé la question. »


Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News

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