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FRANCE

Yasser Arafat n’a pas été empoisonné au polonium répètent des experts français

Les spécialistes mandatés par la justice française pour étudier des échantillons prélevés sur sa dépouille, ont réaffirmé que le leader historique des Palestiniens n’était pas mort d’un empoisonnement au polonium.
Photo via Wikimedia Commons / EinBanan

Un rapport d'experts mandatés par la justice française, et rendu public ce lundi par Catherine Denis, la procureure de Nanterre écarte une nouvelle fois l'hypothèse d'un empoisonnement au polonium comme cause de la mort de Yasser Arafat en 2004.

La justice française enquête sur la cause du décès de l'ancien leader palestinien, qui s'est éteint à l'hôpital militaire de Percy, près de Paris, le 11 novembre 2004. L'état de santé d'Arafat s'était brutalement dégradé, justifiant son transfert de Ramallah à Paris le 29 octobre 2014 — le dirigeant palestinien venait se faire soigner en France, comme c'est le cas d'un grand nombre de dirigeants du Moyen-Orient et d'Afrique.

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Lorsqu'il s'éteint, après avoir passé plusieurs jours dans un coma profond, les médecins français qui l'ont soigné à Percy s'avouent incapables de déterminer la cause de sa mort. Conformément aux souhaits de sa veuve, Souha Arafat, aucune autopsie n'est réalisée au lendemain de son décès.

La thèse d'un assassinat politique

Le manque d'informations médicales rendus publiques et les circonstances politiques drapent la mort de Yasser Arafat dans un voile de mystère. Avant d'être hospitalisé en France, Arafat avait été assigné à résidence par Israël pendant plusieurs années dans son QG de la Mouqataa, à Ramallah. Un isolement en représailles après une série d'attentats suicides à Gaza. Le journal Le Monde rapporte les propos qu'avait tenus Ariel Sharon, le Premier ministre israélien en avril 2004 au sujet du dirigeant palestinien : « Je ne proposerais à aucune compagnie d'assurances de l'assurer » sur la vie.

Dès le lendemain de la mort d'Arafat, des rumeurs d'empoisonnement circulent, et beaucoup de Palestiniens pointent Israël du doigt. L'État israélien a toujours nié une responsabilité dans cette mort, à l'instar de l'ancien président Shimon Peres qui déclarait en novembre2013 qu'« il aurait été plus facile » de l'assassiner par balles.

Ce n'est qu'en 2012, après la diffusion d'un documentaire d'Al-Jazira qui révèle que l'Institut de radiophonique de Lausanne a retrouvé une quantité importante de polonium, plus élevé que la moyenne, sur des vêtements ayant appartenu au dirigeant palestinien, notamment son traditionnel keffieh, qu'une enquête est ouverte en France.

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Dans la foulée de ce reportage, la veuve Souha Arafat porte plainte contre X devant le parquet de Nanterre (France) le 31 juillet 2012. Huit ans après la mort d'Arafat, sa dépouille est inhumée pour que les analyses nécessaires à l'enquête soient réalisées. Trois équipes, françaises, russes et suisses sont chargées d'étudier individuellement les échantillons prélevés pour confirmer ou infirmer la thèse d'un empoisonnement au polonium. Les experts ont également travaillé sur des échantillons d'urine prélevés lors de l'hospitalisation d'Arafat en 2004.

Cet élément chimique, découvert par Marie Curie en 1898 est un poison extrêmement toxique à des doses infimes s'il est inhalé ou ingéré. En 2006, l'ancien espion russe Alexandre Litvinenko, opposant politique de Vladimir Poutine est par exemple mort à Londres des conséquences d'un empoisonnement au polonium.

Dès 2013, l'équipe française produit un rapport qui « va dans le sens d'une mort naturelle » selon l'AFP, les Russes allaient dans ce sens, mais l'analyse du groupe d'experts suisses avait suggéré, un mois plus tôt, que le dirigeant palestinien aurait bien été empoisonné au polonium 210. Le parquet de Nanterre avait alors demandé des analyses complémentaires, qui ont donc été dévoilées ce lundi.

La procureure de Nanterre a déclaré à l'AFP que les conclusions des experts « infirment l'hypothèse d'une ingestion aiguë de polonium 210 dans les jours précédant l'apparition des symptômes que présentait Yasser Arafat. »

Suivez Mélodie Bouchaud sur Twitter @meloboucho

Photo via Wikimedia Commons / EinBanan