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Food

Le dernier prétexte scientifique pour que l'on ne s'arrête jamais de bouffer du chocolat

Selon une étude publiée dans une revue très sérieuse de cardiologues en blouses blanches, la consommation quotidienne de chocolat — et pas nécessairement le noir intense — pourrait contribuer à diminuer les risques de faire une crise cardiaque ou de...
Phoebe Hurst
London, GB

Ça peut paraître absurde, mais quelque part dans des laboratoires mal éclairés, des scientifiques planchent chaque jour sur des études plus ou moins savantes en rapport avec la bouffe, notre santé et le fait que le chocolat est bon pour cette dernière.

D'autres s'aventurent parfois à expliquer pourquoi la cuisine indienne est si délicieuse (ça paraissait évident ça, mais on a quand même tenu à en faire un papier, merci les gars), pourquoi les sushis ne représentent plus aucun danger pour les femmes enceintes (si vous le dîtes) ou s'appliquent encore à démontrer pourquoi les fruits sont finalement mauvais pour la santé (là vous abusez un peu les mecs).

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Mais l'info du jour risque d'intéresser même les plus blasés par l'actualité culinaire scientifique. Selon une étude récente publiée dans un magazine de cardiologues en blouses blanches — le supplément Heart du British Medical Journal manger du chocolat quotidiennement et en quantité raisonnable pourrait contribuer à garantir une meilleure santé cardiaque.

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Sur une période de 11 ans, des chercheurs de l'Université de Aberdeen se sont intéressés aux habitudes alimentaires de quelque 20 000 sujets — des personnes âgées et d'âge moyen — et les conclusions sont sans appel : ceux qui s'envoyaient chaque jour quelques carrés de chocolat au moins ont vu leur risque de développer des maladies cardiovasculaires diminuer de 11%, quant aux crises cardiaques, la probabilité d'en faire une a diminué de 23%.

Mais depuis qu'une recherche scientifique montée de toutes pièces a voulu nous faire gober que le chocolat pouvait accélérer la perte de poids et faire baisser miraculeusement le taux de cholestérol dans le sang, on est en droit de prendre toutes les « récentes études » sur le cacao avec des pincettes.

Surtout que les chercheurs de l'Université de Aberdeen précisent bien que, au cours de leurs études, ils se sont rendu compte que les sujets qui consommaient du chocolat étaient souvent relativement plus jeunes que la moyenne, ne souffraient d'aucun problème de poids en particulier et pratiquaient même des activités sportives régulières : plusieurs points qui, on en convient, contribuent très fortement à une meilleure santé cardiovasculaire.

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Le professeur Phyo Myint, de la School of Medicine & Dentistry de l'Université d'Aberdeen, a également souligné que l'étude livrée était purement observatoire et « pour cette raison, on ne peut pas clairement identifier les relations de corrélation, les causes et les effets ». Et pour faire simple : « on ne peut pas être sûr que c'est la consommation de chocolat qui est à l'origine des effets positifs observés », poursuit-il.

Bien sûr, ce n'est pas la première fois qu'on nous vante les bienfaits du chocolat. En vrac et à épingler à l'aide d'un aimant sur son frigo : le chocolat est un bon stimulant pour le cerveau, en plus de réduire le stress et le cholestérol. Quoi qu'il en soit, il est à noter que les sujets ayant participé à l'étude ne consommaient pas du chocolat noir à 90% de cacao (celui qu'on trouve dans n'importe quelle surface dédiée à l'alimentation bio ou diététique), super-nutritif et vraiment amer, mais plutôt du chocolat au lait assez classique.

C'est con mais cette donnée change complètement la donne : ce ne seraient donc plus les flavonoïdes, ces molécules protectrices que l'on trouve dans le chocolat noir, qui contribuerait à réduire le risque cardio-vasculaire, mais « d'autres composés chimiques, et probablement des composants présents dans le lait comme le calcium ou les acides gras ». En résumé : les bienfaits supposés du chocolat ne viennent pas du cacao mais des ingrédients avec lesquels il est transformé.

On doit avouer que là, on est un peu perdu — et vous aussi, très probablement, si vous êtes arrivés jusqu'ici. Faut-il consommer plus de chocolat (au lait, donc) pour faire diminuer le risque d'avoir une crise cardiaque ? Ou est-ce que cette étude, une fois de plus, ne nous apprend rien que l'on ne savait pas déjà ?

On a décidé de s'en remettre entièrement à l'avis raisonné du Dr Tim Chico, un expert en cardiologie de l'Université de Sheffield, qui a assez bien résumé la situation au micro de la BBC (en ne coupant toujours pas à ce tic scientifique qui consiste à systématiquement répéter les mêmes affirmations deux fois de suite) : « Ce que je retiens de cette étude c'est que si vous n'avez aucun problème de poids, manger du chocolat de façon modérée n'accroit pas le risque d'avoir des maladies cardiaques et mieux, c'est une pratique qui peut même présenter des avantages. Mais je ne conseillerai pas à mes patients d'augmenter leur consommation de chocolat en me fiant aveuglément à cette étude, surtout s'ils sont en surpoids ».

Ok Doc ! On en reparle dans quelques jours, à l'occasion de notre prochain papier : « Erratum : On est désolés mais finalement le chocolat peut vous refiler des maladies ».