Le camp principal de Standing Rock grossit à vue d’oeil et ses leaders assurent qu’on ne les délogera pas de sitôt.
Alors que le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis a demandé aux milliers de personnes qui vivent dans le camp de l’évacuer avant le 5 décembre, un groupe de leaders de la communauté amérindienne a tenu une conférence de presse pour délivrer un message ferme : Nous ne partirons pas.
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Les manifestants, qui se font appeler « les gardiens de l’eau », s’opposent à la construction d’un oléoduc (le Dakota Access Pipeline), qui pourrait contaminer les réserves d’eau de la région et troubler la quiétude de tombes autochtones sacrées.
« Le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis n’est pas notre proprio, » a lancé aux médias, Isaac Weston de la Sioux Nation, lors d’une conférence de presse tenue au camp Oceti Sakowin. « Ce sont nos terres. Ils ne peuvent pas nous en faire bouger. Ils doivent respecter nos traités et respecter nos droits. »
La diffusion d’images d’affrontements entre les manifestants et la police (qui a fait usage de canons à eau, de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc) a motivé nombre de militants à rejoindre le camp pendant le week-end de Thanksgiving. Lors de ces affrontements, une femme a presque perdu un bras.
Dès vendredi matin, des véhicules faisaient la queue pour rentrer dans le camp. Le camp principal accueille désormais des milliers de personnes.
« Nous ne vous donnerons plus ce que vous souhaitez, » a assuré Thomas Lopez de l’International Indigenous Youth Council. « Quand les pierres sont unies, la rivière fait le tour. Vous ne nous délogerez jamais. »
Alors que la police fait usage de la force et que l’hiver arrive, la sécurité est devenue un problème. La principale autoroute qui mène à la ville la plus proche, Bismarck, est actuellement bloquée par la police, forçant les campeurs et les véhicules d’urgence à faire un détour de 25 minutes pour atteindre le camp.
Le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis avait déjà exhorté les manifestants de quitter les lieux, mais désormais, il serait question de leur sécurité.
Le colonel du Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis, John Henderson, a envoyé une lettre aux manifestants :
« Cette décision est nécessaire pour protéger le public des violents affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre qui ont eu lieu dans cette zone. Il faut fermer le camp pour éviter que les habitants du camp ne meurent, tombent malades, ou soient blessés gravement à cause des conditions extrêmes qui règnent dans le Dakota du Nord pendant la période hivernale… Les services d’urgence (médecins, pompiers, forces de l’ordre) permettant de protéger les gens contre ces conditions ne peuvent pas être fournis. »
Henderson a également indiqué qu’une « free speech zone » avait été ouverte au sud de la rivière Cannonball, où les véhicules d’urgence peuvent accéder plus facilement.
Le président du Sioux Tribal Council, Dave Archambault II, pense que le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis a envoyé cette lettre pour se décharger de toute responsabilité si quelque chose de grave arrive.
« Je n’ai pas été mis au courant de l’arrivée de forces de l’ordre [pour évacuer le camp], » a dit Archambault II aux médias ce samedi. Il pense que les manifestants peuvent rester autant de temps qu’ils souhaitent — du moment qu’ils restent pacifiques.
Ce vendredi, sur la route du camp, Archambault II pointait du doigt un terrain de 20 hectares qui appartient à la communauté amérindienne et qui est situé juste à côté d’une station-service qu’il possède. Alors que l’hiver approche, le président du Sioux Tribal Council estime que cela devient dangereux. Il souhaiterait construire des refuges sur ce terrain pour ceux qui veulent quitter l’actuel camp. Puisque la question de la responsabilité est posée, il espère que cela va montrer que la tribu prend en charge la sécurité de ses invités.
Le terme « camp » semble désormais quelque peu erroné. La zone ressemble plus à une petite ville densément peuplée. Il y a encore des tentes et des camping-cars, mais les structures en bois isolées avec du foin commencent à pousser d’un peu partout. Tout le monde met la main à pâte.
L’été est fini à Standing Rock et l’hiver frappe à la porte. La fumée s’échappant des cheminées et les feux de camp couvrent la zone d’un voile de brume. Engoncés dans des parkas, les militants et leurs alliés se sont blottis devant un feu sacré ce samedi matin. Une femme s’accrochait à une peau de mouton, alors que les autres buvaient un café chaud.
Si cette scène peut paraitre bucolique, beaucoup pensent encore qu’il s’agit d’une zone de guerre. Les hélicoptères survolent le camp pendant la journée, et une fois la nuit tombée, de puissants spots posés sur les collines avoisinantes éclairent le camp.
L’Indigenous Environmental Network a indiqué que 1 500 vétérans de l’armée vont se rendre à Standing Rock le 5 décembre prochain — le dernier jour de l’ultimatum posé par le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis. Reste désormais à savoir comment cela va se passer.
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