Dans le remuant cortège des lycéens contre la « mascarade électorale »

Les blocus des lycéens parisiens ont commencé dès l’aube ce jeudi. À l’appel notamment du mouvement Génération Ingouvernable, certains jeunes de la capitale ont barricadé les portes de leurs établissements scolaires, notamment les lycées Buffon (15ème arrondissement), Voltaire (11ème) et Maximilien Vox (6ème).

Certains membres de l’Action française (AF), un mouvement d’extrême-droite, se sont rendus au lycée Louis Le Grand pour essayer de démanteler le blocus et disperser les lycéens. Mais selon le Mouvement Inter Luttes Indépendant, la tentative de l’AF a échoué.

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Les petits cortèges ont ensuite afflué des quatre coins de Paris sur le parvis de la place de la République, à 11 heures, pour dénoncer la « mascarade électorale », à savoir le second tour de l’élection présidentielle opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen. En fin de matinée, les adolescents grouillaient à République, guettant le coup de sifflet indiquant le début de la manifestation sauvage.

Au coup de sifflet, plusieurs centaines de manifestants se ruent boulevard Beaumarchais. Loin des dizaines de milliers de personnes descendues dans la rue en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen était opposé à Jacques Chirac au second tour lors de la présidentielle. Ceux qui sont dans la rue aujourd’hui n’ont pas tous l’âge de voter. En 2002, pour la plupart, ils venaient à peine de naître.

Quelques fumigènes verdâtres sont craqués, les slogans classiques « Ni Le Pen ni Macron ! Ni patrie ni patron ! » et « Tout le monde déteste le Front national ! » scandés. Les rideaux de fer des commerces se ferment. Les yeux des touristes s’écarquillent sur le passage des lycéens. Coincés dans leur bus en plein boulevard, des touristes chinois font des signes de la main aux manifestants. La police suit le cortège de près. Quelques manifestants explosent la vitrine d’une banque. Ils la barrent de l’inscription « Ni banquiers, ni faschistes (sic) ».

À l’arrivée de la manifestation place de la Bastille, des policiers commencent à être la cible de jets de bouteilles, dont les tessons sont issus d’une poubelle de verre renversée sur le boulevard. Les forces de l’ordre enfument la place de gaz lacrymogène pour disperser les lycéens. Les entrées de la place sont quadrillées. Seul, un musicien muni de sa guitare monte sur un bloc de béton, s’exclame « Allez les jeunes ! » et recueille les vivas de la foule.

Le cortège se dirige vers la gare de Lyon. Dispersé, il se fait assez rapidement « nasser » par les policiers au beau milieu de l’avenue Daumesnil. Les plus audacieux sont montés sur la coulée verte juste avant l’encerclement, et observent leurs camarades en contrebas. Au volant de sa camionnette, un homme demande aux manifestants le pourquoi de leur colère. Une jeune fille répond : « C’est une manif’ contre le FN ! » Avant de reprendre : « Ah… et contre Macron aussi ! ».


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