Des cieux gris et lourds, des bateaux couchés sur leur flanc par la marée. Pas de doute : Darren Reid n’est pas un sudiste. Ce peintre de 46 ans peint à la perfection les paysages de son pays, l’Angleterre. Né dans les Midlands, il n’a jamais reçu la moindre formation. Des autodidactes, il y en a plein les ateliers d’artistes, mais rarement dans l’hyperréalisme. Encore moins à ce niveau de perfection. On lui a posé quelques questions pour expliquer cet étonnant parcours.
« Mon chien est tombé malade et je n’ai pas eu d’autre choix que de le piquer ou de lui donner énormément d’insuline. J’ai choisi l’insuline et je dois lui en donner toutes les six heures. C’est éprouvant. J’ai eu besoin d’un hobby pour penser à autre chose. »
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En grand admirateur de peintre tel que Holbein, Hopper ou du Caravage — tous porteurs d’une certaine vision du réalisme — Darren s’est mis à peindre de lui-même ce qu’il avait autour. Le tout, de la façon la plus réaliste qui soit, avec juste ce qu’il faut de touche personnelle pour s’approprier les paysages qu’il choisit.
« Le truc qui m’a toujours marqué avec la peinture figurative très réaliste, c’est qu’il y a toujours quelque chose de très direct. Il n’y a pas besoin de s’y connaître, on peut simplement débarquer en galerie et profiter. C’est immédiat. Le choix de ce que je peins est important parce que je n’ai aucune formation artistique. Du coup, ce que je peins c’est simplement ce que je vois, ce que j’aime. Je commence toujours mes toiles en me demandant ce que j’ai envie d’accrocher dans mon salon. »
Si beaucoup décrivent son travail comme photoréaliste, Darren ne travaille pas d’après photos. Toutes ses créations sont dessinées à la main, en croquis puis directement sur toile.
« Je réfléchis directement en peinture. Si je trouve une scène ordinaire belle et que cela me donne des idées, ou quand j’ai déjà l’idée et que je dois trouver le lieu adéquat, je reste sur place quelques jours. Je prends des photos à différents moments de la journée. J’essaie de comprendre pourquoi ce lieu me marque. Ce qu’il veut dire pour moi. »
« La photographie et la peinture sont deux médiums tout à fait différents. Vous pouvez faire énormément de choses avec la photo. Jouer avec les lumières et l’ambiance, le tout en une fraction de seconde. Mais pour moi la peinture permet plus de perspective. C’est un long processus qui laisse le temps de s’approprier le sujet. »
En 2014, Darren Reid fut nominé pour le John Ruskin Prize. Depuis, sa cote a explosé et quelques-unes de ses œuvres font partie de l’exposition itinérante « Recording Britain ». Il est actuellement exposé à la galerie Plus One, à Londres.
« J’apprends quelque chose à chaque toile. Les compositions sont de plus en plus complexes et je pense qu’il y a désormais plus de moi dans mes œuvres. Je ne peins que ce que j’aime et ce que je connais. C’est ce que je préfère. »
Tous les travaux de Darren Reid sont à retrouver sur son site et son compte Instagram.