Pendant plus de deux mille ans, une énorme structure mystérieuse est restée cachée dans la ville antique de Petra, en plein désert.
Deux archéologues, qui ont récemment annoncé leur découverte dans la revue American Schools of Oriental Research, ont utilisée les images satellites fournies par Google Earth et des photos prises par des drones pour identifier un gigantesque monument enfoui sous le sable sur ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, en Jordanie.
Videos by VICE
« Je suis convaincu qu’après deux siècles de recherches menées ici [à Pétra], des gens savaient que ce site existait, mais il n’avait jamais été étudié en profondeur », a déclaré Christopher Tuttle, co-auteur de l’étude et directeur du Council of American Overseas Research Center, à National Geographic. « Je travaille à Pétra depuis 20 ans, et je savais qu’il y avait quelque chose à cet endroit, mais on peut dire que c’est une véritable découverte. »
Selon les chercheurs, Pétra est l’un des sites archéologiques les plus étudiés au monde. Des milliers de structures situées dans le centre de la ville antique et aux alentours ont été identifiées depuis que le site a été ouvert au monde occidental en 1812 par l’explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt. Pourtant, la plateforme de 2700m2 a échappé aux archéologues pendant des siècles.
Christopher Tuttle et sa collègue Sarah Parcak, elle aussi archéologue et égyptologue à l’université de l’Alabama, pensent que cet immense monument accueillait des cérémonies publiques. Personne n’a encore été autorisé à faire des fouilles sur le site, mais des poteries découvertes à proximité ont pu être datées et auraient été fabriquées au 2ème siècle avant J.-C. À cette époque, Pétra était un point névralgique du commerce pour l’ancien royaume arabe de la Nabatène.
Des images aériennes ont également révélé qu’un bâtiment plus petit se trouvait sur la structure, ainsi que des colonnes et des escaliers qui ont disparu au fil des siècles.
La plupart des sites les plus célèbres de Pétra ont été bâtis entre la fin du 1er siècle avant J-C. et le 2ème siècle de notre ère, selon National Geographic. L’existence d’un monument nettement plus ancien changerait donc la façon dont les archéologues comprennent la construction progressive de la ville.
Si cette découverte est particulièrement importante, ce n’est pas la première fois que des photos aériennes ont permis d’identifier des sites archéologiques antiques. Sarah Parcak, qui aime à se présenter comme une « archéologue de l’espace », a été une pionnière de l’utilisation des images satellites et du crowdsourcing pour explorer des régions du monde inaccessibles aux chercheurs.
« Je nous souhaite de découvrir encore des millions de sites archéologiques inconnus à travers le monde, a-t-elle déclaré à l’International Business Times au début de l’année. En créant une plateforme scientifique et citoyenne sur Internet et en formant une armée d’explorateurs du 21ème siècle, nous pourrons trouver et protéger l’héritage caché de nos ancêtres, qui contient des témoignages cruciaux de notre créativité et de notre résilience en tant qu’espèce. »
Dans le même temps, une équipe de chercheurs de l’université de Californie tente de retrouver la tombe de l’empereur mongol Genghis Khan, depuis longtemps disparue, grâce à des drones UAV et à des images en haute résolution prises par un satellite. Selon la légende, la tombe secrète de Genghis Khan est cachée quelque part dans le nord-est de la Mongolie actuelle, bien que des générations d’explorateurs aient échoué à la trouver.
Des milliers de gens se sont portés volontaires sur Internet pour participer à la chasse à la tombe du Khan. Une énorme étude collaborative publiée l’an dernier dans PLOS ONE a abouti à 3,4 années de recherches, 6000 kilomètres carrés de terrain explorés, et 2,3 millions de données fournies par des participants partout dans le monde. Les résultats du projet ont donné lieu à une expédition montée par National Geographic, grâce à laquelle on a pu identifier 55 sites archéologiques dans la steppe mongole.
Les archéologues amateurs peuvent désormais explorer à distance les lieux qui les font rêver, grâce à des communautés comme le Megalith Portal sur Google Earth, qui contient environ 25.000 sites préhistoriques et antiques que les utilisateurs peuvent explorer et étudier. Les professionnels et les amateurs s’accordent tous à dire que ces plateformes en accès libre sont une bonne chose pour l’archéologie, en plus de redonner le goût de l’exploration au public.