Culture

Des habitué·es du Kompass racontent leurs meilleurs souvenirs pré-Covid

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Fermés définitivement ou temporairement à cause du Covid, ces légendaires clubs belges et leurs soirées sans fin nous manquent terriblement. La série NIGHTS TO REMEMBER nous en rappelle de bons souvenirs, principalement flous.

Avec le Kompass Klub, on a pu voir qu’il y avait à Gand une grosse demande de techno brute et de house puissante. Le Kompass a ouvert dans le quartier de Gand-Dampoort le 30 avril 2016, avec un concept pop-up. Le concept s’est avéré être un succès et le cub a déménagé peu de temps après dans un entrepôt situé dans une zone industrielle sur Ottergemsesteenweg. Grâce notamment à ses trois salles, où 1500 fêtard·es peuvent se lâcher complet, le Kompass a reçu le prix du meilleur club aux Red Bull Elektropedia Awards en 2018 et 2019

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En 2020, le Kompass Klub a annoncé qu’il déménageait, l’entrepôt étant en cours de démolition. On ne sait pas encore s’il y aura un nouvel emplacement, mais si ça ne dépendait que des habitué·es, ça se ferait maintenant.

VICE a demandé aux habitué·es et au personnel du Kompass de nous raconter leurs meilleurs souvenirs liés à ce club, où tout le monde se fout de la chaleur en l’été et du froid glacial en hiver.

Yaell (25 ans), une habituée

« L’un des meilleurs souvenirs que j’ai au Kompass, c’est le Trillers Halloween, le 31 août 2018. Je venais de terminer l’ouverture d’un nouveau magasin de sneakers à Gand et j’étais crevée. Mais c’était l’anniversaire de mon meilleur ami et on a décidé de le fêter au Kompass. Dans le taxi qu’on a pris pour y aller, on était déjà dans l’euphorie et on chantait des musiques d’anniversaire, ce qui n’était pas trop au goût du chauffeur. Après avoir entonné “Joyeux anniversaire” pour la sixième fois, il en a eu marre, à tel point qu’il voulait nous éjecter du taxi sur une route perdue. Heureusement, on est arrivé·es entier·es au Kompass. Yung Internet se produisait ce soir-là, et c’était fou. Je me souviens d’un pogo tellement violent qu’une fille est tombée et s’est cassé la cheville. Deux de mes potes ont pris soin d’elle, mais moins de dix minutes plus tard, tout le monde était à nouveau dans le pogo. Personne ne voulait manquer une seconde de cette soirée. »

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Photo : Nachtschaduw

Victor (25 ans), un habitué

« J’ai appris l’existence du Kompass Klub sur les réseaux sociaux et quelques mois plus tard, j’ai décidé d’y aller. J’avais pas trop d’attentes pour cette rave techno, qui était d’ailleurs ma première. Charlotte de Witte avait organisé cette soirée avec son label KNTXT. Comme j’étais un peu déçu par son set, je suis allé voir qui jouait dans la petite salle. Et je l’ai pas regretté. L’ambiance était ultra survoltée pendant le set d’ONYVAA. J’étais là, juste devant, à filmer, parce que je voulais en garder un souvenir. Quand ONYVAA m’a vu faire ça, elle m’a pris l’iPhone des mains et a filmé son set et l’ambiance avec mon téléphone. Et comme si c’était déjà pas assez stylé, on m’a aussi permis de me placer sur le côté du DJ-booth pour prendre des photos. Pour moi, c’était une expérience tellement spontanée et amusante que j’oublierai jamais le Kompass et que je l’aurai dans mon cœur pour toujours. »

Kaj (36 ans), employé polyvalent

« J’ai commencé par distribuer des flyers à l’époque de l’ancien emplacement, au Dampoort de Gand. Quand je repense à ces années-là, je réalise à quel point elles ont été importantes. J’ai vu et vécu tellement de choses. L’un de mes meilleurs souvenirs du Kompass remonte à une nuit où il faisait -15°C. Je vendais des tickets boissons et la soirée a duré jusqu’à neuf heures du matin. À un moment, j’ai accidentellement renversé du Coca sur le sol et c’est direct devenu de la glace. Il y avait des radiateurs infrarouges, mais ils étaient dirigés sur nos têtes, donc tu devais choisir entre avoir la tête brûlée et les pieds froids, ou pas de chauffage du tout. Ces conditions extrêmes, ça te rend extatique quand tu survis à ce genre de soirées. Le Kompass, c’était pas un lieu facile ; ça reste une usine brute avec beaucoup de défauts, mais c’est ce qui le rend chouette. Les gens revenaient parfois du dancefloor surchauffé pour acheter des tickets de boisson dans une salle extrêmement froide ; ça créait une atmosphère très spéciale et agréable.  

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Photo : Nachtschaduw

La première année du Kompass, il n’y avait que quinze toilettes, ce qui était beaucoup trop peu. Ce qui est pratique, c’est qu’aucune distinction n’est faite entre les genres. Mais les gens faisaient toujours la queue. Une fois, j’ai dû me précipiter aux toilettes pendant que je travaillais. J’étais là, debout dans la cabine pour essayer de me reprendre un peu mon énergie, quand soudain j’ai entendu un couple en train de baiser dans la cabine à côté de moi. Il y avait plein de gens qui attendaient leur tour pour aller aux toilettes, alors on arrêtait pas de frapper à ma porte. Le couple en train de faire l’amour était totalement à fond et gémissait super fort. Sans doute à cause de la fatigue, j’ai commencé à les imiter. Au début, c’était calme dans les toilettes, jusqu’à ce que d’autres personnes commencent à faire aussi des gémissements et des cris sexuels. Le couple a interrompu son coït et s’est vite barré. »

Tim (27 ans), producteur de musique

« Je venais de vivre ma première expérience techno au Berghain, à Berlin, peu de temps avant le week-end d’ouverture du Kompass sur Ottergemsesteenweg. Pour moi, le Kompass a provoqué un revirement dans la vie nocturne gantoise – tant en termes d’état d’esprit que de vision. Le Kompass, c’est de la techno telle qu’elle devrait l’être : rugueuse, sombre, et qui te procure un sentiment de liberté. 

Avant le Kompass, je connaissais personne d’aussi technophile que moi, et encore moins des gens qui voulaient produire du son. Je me débrouillais tout seul. Je me souviens d’une soirée où James Ruskin jouait. Le sentiment que j’ai ressenti cette nuit-là était indescriptible. Tout était bien au Kompass ; les noms inconnus, l’aspect industriel, cette techno deep… c’était fantastique. Chacun·e dansait harmonieusement dans son propre petit monde, on aurait dit qu’on était connecté·es, mais sur notre propre planète. Il y avait souvent des teufs qui duraient jusqu’à midi.  

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Photo : Nachtschaduw

Je suis tellement heureux d’avoir vécu cette période dorée du Kompass Klub, entre 2016 et 2018. Le Kompass a joué un rôle important dans mon éducation musicale. La musique que j’y entends, je veux aussi la créer moi-même. Parfois, après une soirée, j’étais même autorisé à tester ma propre musique dans le Kompass. C’était génial de pouvoir vivre cette expérience. »

Julie (26 ans), barmaid

« Une de mes meilleures amies, Sylvie, est la copine du booker du Kompass, Tom. C’est par elle que je me suis retrouvée dans le club. Je me souviens que Tom m’avait parlé des voitures qu’il fallait bouger de l’entrepôt pour qu’on puisse en faire un lieu de teuf. Après quelques soirées au Kompass, j’ai commencé à travailler comme assistante au bar. Très vite, j’ai commencé à faire d’autres trucs aussi. L’agenda de Tom étant très chargé, j’allais parfois chercher les DJs à l’aéroport de Zaventem. Un jour, j’étais là avec une pancarte sur laquelle était écrit “The Horrorist”. C’était hilarant de voir comment tous ces gens qui revenaient de vacances ensoleillées me regardaient ; ils n’avaient aucune idée de ce que je voulais dire avec ma pancarte. 

Ce que peu de gens savent, c’est que le Kompass devait régulièrement faire face à des inondations. Parfois, la salle entière était inondée. Mais l’orga était préparée pour ça, avec la créativité qu’il fallait. Une fois, de 21 à 23 heures du soir, une équipe spéciale composée de membres volontaires du personnel avait été mise en place pour évacuer l’eau et rendre le club à nouveau accessible pour le public. Je pense que ça montre bien à quel point on aimait travailler au Kompass. 

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Photo : Nachtschaduw

Même si le hangar avait beaucoup de charme, pendant l’hiver, c’était parfois très difficile d’être au bar. Une partie du bar se trouvait dans la partie froide du club. Avec notre équipe, on avait créé un système de passage : une heure à l’intérieur, une heure à l’extérieur. Parfois, il faisait si froid que tes doigts gelaient presque, mais quand même, personne ne flanchait. On était très heureux·ses de faire partie d’un club aussi spécial. Le Kompass est super inclusif, diversifié et très ouvert d’esprit. 70% de mon groupe d’ami·es sont des personnes que j’ai rencontrées au Kompass. »

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