Il est taquin, Edward Snowden. Depuis la Russie, où il est réfugié depuis l’été 2013 après avoir été inculpé par le gouvernement américain d’espionnage et de vol de documents gouvernementaux pour avoir dévoilé des informations top-secrètes sur les programmes de surveillance de masse des agences de renseignement américaines et britanniques, Snowden tweete beaucoup, et manque rarement une occasion de faire valoir sa science du sarcasme. Récemment, il s’était payé Kanye West en deux mots. Cette fois, sa cible s’appelle François Hollande, et Snowden n’a eu besoin que d’un mot.
“Vraiment ?” O RLY ? C’est ainsi que Snowden a réagi aux propos du président français, qui s’est réjoui lundi de la diffusion des “Panama Papers“, qui révèlent un système d’évasion fiscale à grande échelle via des sociétés offshore hébergées au Panama grâce à une source anonyme qui a fait fuiter plus de 11 millions de documents secrets vers les plus grands medias internationaux. Hollande s’est fendu au passage d’un petit mot pour les lanceurs d’alerte, dont il a estimé qu’il fallait les “protéger” car “ils font un travail utile et prennent des risques“. De belles paroles qui tranchent avec la réalité des positions françaises en la matière : en 2013, alors que Snowden était (déjà) exilé en Russie, François Hollande n’avait pas souhaité lui accorder l’asile, même si officiellement sa demande n’avait pas été examinée par l’Élysée. Il s’en était suivi un imbroglio diplomatique absurde, la France interdisant le survol de son territoire à l’avion du président bolivien Evo Morales, à bord duquel Snowden était soupçonné d’avoir embarqué. L’été dernier, Snowden avait marqué son insistance dans une tribune au Monde, dans laquelle il renouvelait sa demande d’asile.
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Snowden n’est d’ailleurs pas le seul lanceur d’alerte à qui la France a refusé d’accorder sa protection, puisque Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks qui vit reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres, a vu lui aussi sa demande d’asile refusée récemment ; il avait alors vivement critiqué le président français, coupable selon lui de l’avoir “laissé tomber“, d’autant plus que l’Australien affirmait alors avoir un enfant français résidant en France. Quant aux lois françaises, elles ne sont clairement pas favorables aux lanceurs d’alerte, puisque la loi sur la protection des sources ne s’applique qu’aux journalistes, comme le rappelle Numerama, tandis que le gouvernement avait amoindri la protection offerte aux lanceurs d’alerte l’été dernier à travers un amendement controversé.
En 2014, des députés français avaient par ailleurs demandé que la France accorde le droit d’asile à Edward Snowden, tandis qu’une pétition allant en ce sens avait recueilli quelque 170.000 signatures, signe que le lanceur d’alerte américain bénéficie d’un certain soutien dans l’Hexagone. Et ce ne sont pas ses tweets frondeurs qui vont le rendre moins sympathique aux yeux du grand public, alors que le scandale des Panama Papers ne fait que débuter.