Dans la série « Sur le terrain », on suit les personnes qui, pour des raisons diverses, ne peuvent pas rester à la maison en période de pandémie.
Lise (21 ans) travaille dans un supermarché ; alors que la plupart des gens bossent à domicile ou sont au chômage technique, les supermarchés restent ouverts et Lise continue de travailler malgré la pandémie : « Mes collègues et moi sommes tout·es très conscient·es d’appartenir au groupe à risque vu qu’on est en contact avec beaucoup de gens tous les jours. »
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Bien entendu, de nombreuses mesures sont prises pour protéger au mieux le personnel et les client·es. Vous n’avez sans doute pas loupé le plexiglas à la caisse ou le gel d’alcool aux chariots. Lise nous raconte ce que c’est que de travailler dans un supermarché en ces temps étranges.
8 heures – ouverture
À 8 heures du matin, j’arrive au Spar à Kessel. Je mets direct mon masque et mes gants. On s’assure que tout est bien organisé, que les caddies sont désinfectés, et qu’il y a suffisamment de gants et de gel désinfectant pour les client·es.
Il y a toujours quelques personnes qui attendent devant le magasin à l’heure d’ouverture. Heureusement, c’est pas la cohue dans le magasin comme ça l’était au début de cette crise. Les jours les plus difficiles sont derrière nous ; c’était comme si Noël et le Nouvel An étaient tombés le même jour, mais plusieurs jours de suite. Les rayons se vidaient à vue d’oeil. Maintenant, la tempête est passée. Tout le monde reste calme et vient faire ses courses sur des heures étalées.
« Les jours les plus difficiles sont derrière nous ; c’était comme si Noël et le Nouvel An étaient tombés le même jour, mais plusieurs jours de suite. »
Je fais toutes sortes de choses différentes dans le magasin, mais je suis souvent à la caisse. Je dois m’assurer que les gens soient dehors dès que possible pour limiter le nombre de client·es dans le magasin. Pour le reste, je m’occupe principalement du remplissage des rayons, car ils se vident tout de même très rapidement durant cette période. Je commence par les choses les plus importantes comme le papier toilette, l’eau, le lait,…
La ruée vers le PQ
Chaque fois qu’on réapprovisionne le papier toilette, il est déjà épuisé une heure plus tard. Au début, on n’était pas préparé·es à ça, mais maintenant on essaye d’éviter autant que possible les collecteur·ses de PQ et on limite chaque client·e à un seul paquet. On avait essayé d’augmenter notre stock de papier toilette, mais c’était impossible parce que même notre grossiste n’a pas assez de stock. Les autres produits, on a pu les commander sans soucis.
Mesures sanitaires
On a pris toutes les mesures qu’on devait prendre : on a réduit le nombre de caddies et les paniers ne sont plus autorisés. Auparavant il y en avait une centaine de caddies à l’extérieur ; maintenant, il n’y a plus que 70 – soit le nombre de personnes pouvant entrer dans le magasin. Tout le monde doit en prendre un, que vous fassiez des courses uniquement pour vous ou pour toute votre famille. C’est la seule manière de garantir que les gens restent suffisamment éloignés les uns des autres dans le magasin. Il y a des masques et des gants pour le staff et on fournit également des gants et du gel désinfectant aux client·es.
Le but c’est que personne ne reste dans le magasin plus d’une demi-heure. Évidemment, on va pas se promener avec une minuterie et taper sur les doigts des gens s’iels sont à l’intérieur depuis 31 minutes. On essaye simplement de surveiller de près qui entre et nous assurer qu’iels ne traînent pas. Quand il y a du monde, on doit envoyer des gens à la caisse pour payer.
« Malheureusement, tout le monde ne se conforme pas aussi bien à ces mesures. Certain·es s’en tapent complètement. »
Malheureusement, tout le monde ne se conforme pas aussi bien à ces mesures. Certain·es s’en tapent complètement. Et malgré l’obligation du chariot, beaucoup parviennent à ne pas respecter la distanciation sociale. Pareil quand iels passent à côté de nous, le staff.
Heureusement, beaucoup de nos client·es apprécient ce qu’on fait. Les gens semblent encore plus sympa qu’avant. Au final on s’assure qu’iels aient de la nourriture sur la table tous les jours… et du papier toilette.
Plus de pression
La charge de travail est beaucoup plus élevée qu’avant. On doit être le plus dispo possible pour la clientèle et remplir les rayons au mieux. On a des journées longues et difficiles et on prend cher. Le staff est parfois réduit parce que certain·es collègues doivent rester à la maison pendant sept jours sur ordre du médecin. Et bien sûr, tout ça met encore plus de pression sur nos épaules. On a décidé en équipe de nous donner à 100 %. Heureusement, l’ambiance de travail est bonne et tout le monde s’encourage. Il y a quelques jours, un collègue a dessiné un visage sur son masque. On fait ce qu’on peut pour s’amuser et traverser cette période.
« On a des journées longues et difficiles et on prend cher. »
Mes collègues et moi savons qu’on appartient au groupe à risque car on est en contact avec de nombreuses personnes chaque jour. Perso, je n’ai pas peur d’être infectée. Mais j’ai peur que si je contracte le virus, je puisse le transmettre aux personnes âgées.
19 heures – fermeture
Quand le magasin ferme à 19 heures, on essaie de tout nettoyer le mieux possible pour ne pas avoir à le faire le lendemain. Après, je vais me changer. Le meilleur moment de ma journée, c’est quand j’enlève enfin mes gants et mon masque.
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