EuropaCity : le projet de centre commercial géant est maintenu

Depuis 2006, le groupe Auchan mûrit un projet extravagant de méga centre commercial, baptisé EuropaCity, qu’il compte installer dans le triangle de Gonesse, une étendue de terrains agricoles, coincée entre les aéroports du Bourget et de Roissy-Charles-de-Gaulle, à seulement 20 kilomètres du centre de Paris.

Ce lundi soir, après quatre mois de débats publics, Auchan a annoncé dans un communiqué la poursuite de son projet de nouveau temple du « temps libre » malgré des réserves soulevées par la Commission nationale du débat public chargée d’étudier le projet.

Videos by VICE

Auchan a fait savoir que ces débats — qui ont uniquement une valeur consultative — vont permettre « d’enrichir et d’amender le projet ». Le groupe a désormais trois mois pour proposer un projet amendé, avant le début de l’enquête publique environnementale.

1. Ville de Paris.
2. Aéroport du Bourget.

3. Aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.

4. Emplacement prévu du projet EuropaCity.

Via Google Maps

Les opposants du projet, rassemblés au sein du Collectif pour le Triangle de Gonesse, ont eux aussi fait savoir ce lundi qu’ils allaient poursuivre leur combat contre « le démesuré projet EuropaCity », qui « détruit les terres agricoles » et représente selon eux une « zone d’abrutissement pour consommer toujours plus. »

Ferme urbaine et piste de ski

Si Auchan souhaite créer cette mini-ville dédiée à la consommation et aux activités ludiques, c’est que l’entreprise estime que les centres commerciaux classiques sont menacés par l’e-commerce. En effet, pourquoi continuer à aller dans un centre commercial, alors que tout est accessible en ligne ?

Ainsi, Auchan entend donc enrichir l’expérience de ses consommateurs avec le concept d’Europa City : proposer une multitude de services plus délirants les uns que les autres pour attirer les consommateurs dans ces « malls » nouvelle génération qui louchent vers ce qui se fait déjà aux États-Unis, entre temple de la consommation et ville-utopie à la Walt Disney.

Vidéo de présentation d’EuropaCity.

À EuropaCity, il sera notamment possible de faire du ski sur une piste artificielle, de cueillir des légumes dans une « ferme urbaine » de 7 hectares, d’assister à des spectacles de « cirque contemporain » et évidemment de faire du shopping dans les quelque 500 commerces de ce nouveau « spot du temps libre » selon le vocable d’Auchan.

Le complexe commercial pensé par Auchan (qui s’est associé au groupe chinois Wanda, spécialiste des parcs d’attractions) est le plus grand projet d’aménagement public en France depuis EuroDisney.

Inquiétudes et réserves

Si les pouvoirs politiques soutiennent EuropaCity — qui permet notamment de matérialiser le projet de Grand Paris — plusieurs réserves et inquiétudes ressortent du bilan du débat public rendu ce lundi.

Si Auchan promet la création de plus de 11 000 emplois avec EuropaCity, cette estimation ne semble pas tenir compte des potentielles destructions d’emplois que pourrait induire le projet avec la disparition des commerces de proximité alentour.

Vue sur le triangle de Gonesse via Google Street View.

Les opposants craignent aussi l’impact environnemental d’un tel projet, qui ne serait pas vraiment compatible avec les objectifs de la COP 21 dont l’accord a été signé à quelques kilomètres de là, au Bourget. La crainte du « bétonnage » de terres agricoles a aussi été soulignée.

Comme le résume le compte rendu du débat public, ce projet semble opposer « deux visions antagonistes de l’aménagement et de la valorisation de la région francilienne : à la préservation du territoire, notamment des terres agricoles, s’oppose son urbanisation pour répondre à la concurrence des grandes métropoles internationales. »

Une nouvelle ZAD ?

Si le début des travaux est prévu pour 2019 (pour une ouverture du complexe en 2024), certains se demandent s’il est possible que l’opposition à EuropaCity se durcisse comme à Notre-Dame-des-Landes, où de nombreux activistes se sont mobilisés contre le projet d’aéroport nantais.

Ce mardi sur France Inter, la présidente de la commission particulière du débat public sur le projet EuropaCity, Claude Brévan, était interrogée sur la possible constitution d’une ZAD. « Pour le moment on n’en sait rien », répond-elle.

En janvier 2015, Alain Lennuyeux, président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CTG), avait déclaré « Nous ne souhaitons pas la création d’une ZAD à Gonesse mais, malheureusement, si l’absence de débat se prolonge, ça peut arriver ».

Depuis, le débat a eu lieu, confirmant « l’existence d’une vive opposition à ce gigantesque complexe commercialo-ludique » selon le communiqué du CTG, qui raille l’utilité de ce débat qui n’aurait été qu’une « mascarade ».


Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray

Suivez VICE News sur Twitter : @vicenewsFR

Likez la page de VICE News sur Facebook : VICE News FR