Micmac à Marsatac
Fonky Family. Photo - Florian Gallène

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Music

Micmac à Marsatac

Le festival marseillais survivra-t-il à ses infâmes concurrents ? Vald finira-t-il enterré derrière le Vélodrome ? La Fonky Family peut-elle remplacer le parc nucléaire français ?

Pourquoi continue-t-on à vous parler de Marsatac plutôt que de ses innombrables concurrents ? Parce que Marsatac fait encore l'effort de présenter un semblant de projet artistique, à la différence des newscomers brandés jusqu'à l'os qui essaiment depuis plusieurs années, souvent à proximité des plages de Marseille. Et pensent se remplir les poches en dépouillant la jeunesse sudiste à grands coups d'affiches interchangeables pleines de DJ-cachetonneurs. Voilà pourquoi.

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Ceci étant dit, force est de constater que, pour sa 19ème édition, l'événement a réduit sa voilure à un degré quasi-inédit : scénographie creuse, qualité sonore déplorable – fâcheux pour un festival essentiellement basé sur de la Bass music –, accueil-restauration-et-hygiène du public minimaliste… De quoi soulever des questions qui resteront sans réponses jusqu'à la prochaine édition, courant 2019. Soit un an de badbuzz sur des réseaux sociaux déjà bien incendiaires…

À la décharge de Marsatac, sachez que le festival est toujours Sans Domicile Fixe, après pourtant près de deux décades d'organisation en ville (#Gaudin). Et qu'on leur refuse précisément ces plages tant convoitées. Tous les deux-trois ans, les programmateurs doivent donc investir un nouveau lieu, sachant que toutes les options à peu près dignes ont toutes été écumées à ce jour.

JOUR 1
Vendredi vers 20 heures, le public avait rendez-vous pour la première fois au Parc Chanot, un bon vieux parvis de halls rouillés et sans âme, plus habitués à accueillir les Congrès des techniciens en dialyse (véridique) que Vald et ses potes.

Opening remis entre les fines mains de Demi-Portion, de loin un des meilleurs lyricistes de France, super actif à Sète, la ville qu'il continue de faire sortir de l'ombre – le mec a carrément un festival à son nom là-bas –, et qui surtout, charbonne des morceaux de dingue depuis une éternité.

On écourtera malheureusement le live du rapper sétois pour manger un peu de Soulwax. Les millennials qui ont découvert la musique avec LCD Soundsystem l'oublient un peu vite, mais la déferlante DFA doit beaucoup aux projets des frères belges Dewaele, qu'il s'agisse de 2 Many DJ's où de leur consortium instrumental à trois batteurs - Soulwax, donc.

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Soulwax. Photo - Benpi

Scéniquement, le trio de batteries a surtout un intérêt visuel, même si cette triple rythmique confère une dimension mécanique au live qui est assez impressionnante. De toute façon Soulwax joue hyper fort, on a le sentiment, allègre, d'être pris dans un tunnel de métal, jalonné de bumps roads disco et ambiancé par un mini-James Murphy emprisonné dans autoradio. C'est charmant, lumineux, et le son cette fois-ci est impeccable.

Autant vous dire que lorsque l'on switche sur l'entrepôt d'à côté pour House of Pain, le leitmotiv du Stardust (Deux salles, deux ambiances) prend subitement tout son sens.

House Of Pain. Photo - Florian Gallène

L'occasion de lancer une première alerte aux gogoles : les californiens semblent tout droit sorti d'un documentaire genre Boston Beatdown, les morceaux ressemblent tous à des sous-versions de « Jump Around » et le public se fait alpaguer entre les titres par Everlast comme à un concert moraliste de Terror. Le concert se finira, justement, sur « Jump Around », faisant imploser la salle – 7 000 personnes tout de même. Un warm-up de tough guys bien bas du front finalement idéal pour accueillir LE gros morceau de la soirée : la reformation de la Fonky Family.

Fonky Family. Photo - Florian Gallène

Et là, Marsatac a plutôt joué de chance puisque Le Rat Luciano était là - un bon paquet avaient parié l'inverse. Une reformation de la Fonky à domicile, c'est comme chanter « Don't Look Back In Anger » au Maine Road de Manchester : la moindre intro fait déraper tout le monde, le public hurle toutes les paroles, le son est impensable et pourtant la FF peut tout se permettre puisqu'ils sont validés par plusieurs générations de Marseillais.

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Fonky Family. Photo - Florian Gallène

Si le groupe est célébré pour sa musique, il l'est surtout pour ce qu'il représente dans l'inconscient et l'imaginaire collectif de la vieille ville : on croise des trentenaires qui rendent hommage à l'ado qu'ils étaient, des gamins venu célébrer les K7 de leurs grands frères disparus… La Fonky triomphera réunie, et humblement, une des plus belles parties de jambes en l'air du festival.

Côté humilité, il lui arrive quoi à Machine Gun Kelly au juste ? Si une – légère – poignée de morceaux laissait encore espérer un semblant d'espoir, son liveshow les a tous balayés : merci Marsatac d'avoir révélé ce qu'il est vraiment : le fils incestueux de Vanilla Ice et des membres de One Direction, emprisonné à vie dans un clip de Bring Me The Horizon. Alerte aux gogoles code rouge.

JOUR 2
Le lendemain s'ouvre avec classe sur Kid Francescoli feat. Julia, probablement au moment où Vald saccageait ses loges comme un Keith Moon 2.0. Où peut-être était-ce plus tôt dans l'après-midi ? Peu importe, on s'en fout. Le reminder des événements, au cas ou vous seriez résident extra-sidéral : le Parc Chanot, où se tenait le festival pour la première fois est adjacent au Stade Vélodrome. Stade dont une tribune a été mise à disposition d'un artiste pour une session musicale. Session confiée à Vald qui accepte donc de rapper. Avec un maillot du PSG.

Un fashion faux-pas qui a provoqué une longue alerte aux gogoles dans laquelle la mairie de Marseille, l'équipe du stade et Arema, la société qui gère le Vélodrome, ont menacé le pauvre gamin à grands coups d'avocats. Pour avoir porté un t-shirt de foot. Que dire ? Peut-être juste que son concert était juste mortel. Qu'il a mis la fessée à la FF, qui pourtant, avaient bien allumés la gueule du public la veille. Weedim pousse dans le micro comme un mulet, on a entendu « Suce » trois mille fois et ça n'a posé de problèmes à la Mairie de Marseille à aucun moment.

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Vald. Photo - Benpi

Alors qu'on apprend la mort dans l'âme que le tour van des $uicideboy$ est en panne, et qu'ils ne seront vraisemblablement pas sur scène pour clore cette dernière nuit, on se précipite dans la Zef Zone pour faire face à Watkin Tudor Jones et ¥o-landi Vi$$er. Die Antwoord rappent mal sur des prods d'euro-dance. Mais leur univers est tellement magnétique et intense que personne ne sort indemne de leur grande cérémonie cartoonesque.

Die Antwoord. Photo - Florian Gallène

Le light-show est une putain de pyramide fluorescente, les deux rappers exhibitionnistes enfilent trois pyjamas différents par morceaux, le son est toujours à chier mais la transe est dure, presque lubrique. Die Antwoord braille des espèces de sings alongs décentrés, face à un public mi-post-teufeurs, mi-white thrash sudistes ravis, jusqu'à un finish plein de confettis et de fumigènes.

Die Antwoord. Photo - Florian Gallène

Un service après-vente douteux, pour un climax tout de même honorable. On croise les doigts pour qu'il tienne en haleine les fans du festival, jusqu'à l'été prochain.

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