Le « Joker » qui a menacé de tuer un Arabe par semaine va plaider coupable

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Le « Joker » qui a menacé de tuer un Arabe par semaine va plaider coupable

« Je trouve ça ridicule. C’était vraiment une blague. Une blague de très mauvais goût, mais une blague quand même. »

Cette histoire remonte à l'automne 2015, moins d'une semaine après les attentats de Paris. Après quelques verres, le Montréalais Jesse Pelletier avait enfilé un masque de Joker, un vieux costume d'Halloween et s'était muni d'un faux pistolet pour faire, selon ses dires, une vidéo humoristique, qu'il a diffusée sur internet.

Vidéo dans laquelle il annonçait qu'avec l'aide d'un groupe de 10 personnes, il allait « nettoyer » le Québec en tuant un Arabe par semaine.

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La blague a rapidement tourné au vinaigre, lorsque l'homme s'est retrouvé en prison lendemain de la publication de la vidéo. En entrevue avec VICE, le tristement célèbre Joker a affirmé qu'il plaiderait coupable le 23 février prochain, lors de son ultime passage en cour.

Il est accusé de menaces de mort, d'incitation à la haine, d'incitation à craindre des activités terroristes et d'utilisation d'une fausse arme à feu.

« Je trouve ça ridicule. C'était vraiment une blague. Une blague de très mauvais goût, mais une blague quand même, a-t-il expliqué au téléphone. C'était aucunement dans l'intention de blesser qui que ce soit. Le lendemain matin des événements, une fois que j'étais plus à jeun, j'avais enlevé la vidéo tout de suite. Mais quand tu mets quelque chose sur internet, 30 secondes, ça fait le tour assez vite. J'ai perdu le contrôle. Je ne trouve pas ça drôle, ce qui arrive en ce moment. J'encourage pas ce genre de gestes-là. »

Si tout cela n'était qu'une farce, pourquoi ne pas plaider non-coupable? « Parce que j'ai fait la vidéo. Je ne peux pas démentir ça! C'est moi qui ai fait la vidéo », a-t-il tranché.

Quelle sentence pour le Joker?

Jesse Pelletier explique que les négociations sur la peine sont en cours, et ce, depuis le début des procédures judiciaires. Au départ, la Couronne réclamait une peine de cinq ans, puis d'un an, se rappelle l'accusé. Selon les documents d'archives des tribunaux du Québec, la conclusion du procès a été remise plusieurs fois depuis le début des procédures, le 18 novembre 2015.

Les pourparlers se poursuivent entre la défense et la Couronne, ainsi Jesse Pelletier ignore pour l'instant quel sort on lui réserve. Sera-t-il question d'emprisonnement ou de travaux communautaires? « Il est trop tôt pour se prononcer », a-t-il laissé tomber.

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L'homme avait été relâché le 23 novembre 2015, en attendant sa sentence, moyennant une caution de 3500 $. Cela fait maintenant plus d'un an que Jesse Pelletier doit respecter ses conditions de libération. Il ne peut se trouver hors de la maison passé 21 heures, n'a pas accès à un ordinateur ou à internet, il doit conserver la paix et n'a pas le droit de porter d'arme - pas même un jouet.

« Je m'en fais parler à toutes les semaines encore. J'ai très, très hâte que ce soit terminé.  Mais avec tout ce qui se passe dans le monde, ça n'aidera sûrement pas ma cause », avance l'accusé.

Commentaires haineux

Jesse Pelletier fait évidemment référence au récent attentat dans la grande mosquée de Québec du 29 janvier, où 6 musulmans ont péri sous les balles d'un Québécois de 27 ans.

Le SPVM et la SQ rapportent des dizaines de signalements d'incidents et de messages haineux depuis l'attaque. Trois personnes ont d'ailleurs été arrêtées en raison de commentaires diffusés sur le web.

Jonathan Michaud, 27 ans, a été arrêté mercredi à Mirabel, car il aurait souhaité sur les réseaux sociaux que l'attentat fasse plus de victimes. Jeudi, les autorités ont procédé à l'arrestation de Samuel Hulot, 20 ans, à Québec. Il est accusé d'incitation à la haine envers un groupe identifiable.

Le SPVM a de son côté mis la main au collet d'Antonio Padula, 45 ans. Il fait face à des accusations d'incitation à la haine envers un groupe identifiable et de profération de menaces de mort. Pourtant, tel que rapporté par VICE, il semblerait que l'homme ait plutôt usé de sarcasme pour tenter de désamorcer les propos racistes de son interlocuteur.

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La semaine dernière, le chef des communications de la Sûreté du Québec a rappelé les risques associés à la diffusion de propos haineux sur internet.

Les policiers font-ils des excès de zèle, lorsqu'ils arrêtent quelqu'un pour des propos haineux en ligne, même si ce sont des blagues?

Dans le cas du Joker, l'accusé croit que les policiers avaient raison de lui passer les menottes.

« Si tu ne me connais pas, dans la vidéo, j'ai vraiment l'air d'un malade mental, nuance Jesse Pelletier. Les policiers, c'est sûr qu'ils n'avaient pas de chances à prendre. Ils ne savent pas si je suis sérieux ou pas. J'imagine juste qu'ils veulent pas prendre le risque d'en laisser passer un qui était sérieux, comme celui qui a fait un attentat à la mosquée. Lui, c'était loin d'être une blague. »

Le sort de Pelletier devrait se sceller au palais de justice de Montréal, le 23 février prochain.