C’est un truisme de dire que la franchise Metal Gear Solid a marqué l’Histoire du jeu vidéo et les gamers du monde entier. Pour les néophytes, il faut rappeler que cette série, créée par Hideo Kojima en 1987, offre aux joueurs la possibilité d’incarner un soldat d’élite – très souvent Solid Snake – dans le cadre d’une mission d’infiltration qui vous conduit à croiser tout un tas de types plus ou moins interlopes, des armes nucléaires et d’immenses machines bipèdes, les Metal Gears. Malgré un pitch de départ qui peut vous sembler d’une qualité incertaine, le scénario de la série est d’une complexité et d’une intelligence telles que la plupart des joueurs ayant un jour touché à l’un des Metal Gear ont rapidement compris qu’ils avaient entre leurs mains une œuvre brillante, comme on en voit peu – œuvre qui n’hésite pas à recourir à des cinématiques de plusieurs dizaines de minutes, conférant à la série une dimension presque mythologique.
Le simple fait de pouvoir se cacher sous une boîte en carton pour échapper aux emmerdes – tout en entendant des soldats affirmer que « ce n’est qu’une boîte » – rendait ce jeu définitivement trop cool et très en avance sur son temps. Depuis le départ d’Hideo Kojima de Konami, il est devenu évident que la série des Metal Gear appartient au passé – ce que le trailer du prochain Metal Gear, développé sans son créateur, semble confirmer.
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Au risque de passer pour un vieux con, le premier Metal Gear Solid sur PlayStation reste pour moi le meilleur – sans doute parce que je l’ai terminé quand j’avais à peine dix ans. Je n’oublierai jamais la fin de cet épisode lorsqu’après les crédits, on peut entendre une discussion entre Revolver Ocelot et un interlocuteur dont la voix reste inaudible. Ocelot déclare qu’il est en possession des données du Metal Gear et qu’il est sur le point de les vendre sur le marché noir. Le truc le plus dingue est que la conversation se poursuit uniquement si vous avez résisté à une séance de torture s’étant déroulée un peu plus tôt dans le jeu. Si c’est le cas, vous apprenez alors que l’interlocuteur d’Ocelot n’est autre que le Président des États-Unis via l’ultime ligne de dialogue : « Oui. Merci. Au revoir… Monsieur le Président. » À ce moment-là, j’étais fou.
Pour célébrer la mémoire d’une série qui restera à jamais comme l’une des plus grandes, j’ai demandé à plusieurs personnes de me raconter leur meilleur souvenir du jeu.
PIERRE – 27 ANS
J’ai joué à tous les épisodes et je connais par cœur ceux qui sont sortis sur PlayStation 2, à savoir MGS2 et MSG3. Ma meilleure expérience de jeu, ça a été de jouer à MGS2 en mode European Extreme – à l’époque, j’avais 12 ans. Le principe était simple : comme son nom l’indique, la difficulté est poussée dans ses dernières limites. Les boss vous abattent en quelques coups et sont ultra-résistants – certains combats durent plus d’un quart d’heure, d’ailleurs. Les drops d’items de soin et de munitions sont très rares et, surtout, le game over s’affiche dès que vous êtes repéré par un ennemi.
Il faut savoir que dans le jeu, vous pouvez récupérer les plaques militaires des soldats si vous parvenez à les surprendre en les braquant à bout portant sans être repéré. Plus vous récupérez de plaques, plus vous débloquez de bonus à utiliser lors des prochaines parties. Du coup, je m’étais fixé comme objectif de récupérer toutes les plaques sans me faire repérer. J’ai dû refaire les niveaux des dizaines de fois afin de toutes les choper, le tout sans me faire repérer, bien sûr. Ça m’a pris un temps fou. Ça m’épuisait.
Tout allait pour le mieux jusqu’au moment où je suis parvenu aux derniers niveaux. La difficulté était complètement délirante. Juste avant le boss de fin, il vous faut résister à une scène de torture où il faut tapoter comme un cinglé pendant une minute sur votre manette pour survivre. C’était impossible. Je n’ai jamais réussi à passer cette séquence, qui est la dernière séquence jouable avant le boss de fin. Autant vous dire que j’avais les boules.
STEVEN – 38 ANS
Mon meilleur souvenir de MGS est tout récent, en fait. Il a eu lieu dans le dernier Metal Gear Solid, intitulé The Phantom Pain. À un moment donné, j’ai été rappelé d’urgence à la base car elle était « attaquée », c’est du moins ce que l’on disait au personnage. En débarquant à la base, je suis tombé sur les soldats fêtant mon anniversaire – le mien, dans la vraie vie ! J’étais sur le cul et je ne m’y attendais pas du tout ! C’était épique.
Capture du jeu Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty, 2001.
NELSON – 27 ANS
Le premier souvenir qui me vient à propos de la saga Metal Gear Solid, c’est le retour à Shadow Moses dans Metal Gear Solid 4. Des gros pixels, l’écran en 4/3, Campbell qui nous contacte par codec. On retrouve les bruits old school des pas dans la neige, les cônes de vision des ennemis qui s’affichent sur le petit radar en haut de l’écran, l’IA datée avec des soldats prévisibles qu’on peut facilement faire tourner en bourrique autour d’une pauvre caisse, etc. On fait un bond de presque dix ans en arrière. Constater à quel point le jeu a évolué était un bonheur.
Après ce flash-back, on avance dans le niveau jusqu’à la confrontation épique entre Raiden et Vamp. Un ninja-cyborg et un vampire qui s’affrontent sur fond de machines dotées d’armes nucléaires et d’organisation secrète capable de contrôler des populations via des nanomachines, on ne voit ça que dans des jeux signés Hideo Kojima. Et puis que dire du boss final de Shadow Moses, avec l’affrontement de deux Metal Gears. Le fantasme des plus grands fans de la série.
Après, s’il y a un épisode à recommander, ça serait pourtant Metal Gear Solid 3 Snake Eater. La première rencontre entre Big Boss et Ocelot est tout simplement géniale. Tout est parfait, du générique d’intro digne d’un grand film d’espionnage jusqu’à l’affrontement final, presque poétique, contre The Boss. Metal Gear Solid 3 restera l’un de mes plus grands souvenirs de joueur.
DIMITRI – 30 ANS
J’ai encore deux moments dingues en tête. Le premier, à la fin de Metal Gear Solid 4, quand Snake et Liquid Ocelot combattent. Ils sont épuisés, tombent l’un contre l’autre, avec deux seringues par terre. Tu te dis alors que les deux vont se soigner, et que le combat va reprendre, sauf qu’ils se respectent tellement – en tout cas, je l’interprète comme ça – que les deux plantent la seringue dans le cou de l’autre ! Avec les deux barres de vie façon Metal Gear Solid 1 qui apparaissent en même temps. Je me rappelle très bien, je m’étais mis debout et j’avais applaudi !
Le second passage que je retiens est moins surprenant. C’est encore dans Metal Gear Solid 4. Lors de la scène post-générique, Snake est vivant, mais on s’en doutait. Mais là, Big Boss apparaît. Je n’en revenais pas.
JOHANN – 25 ANS
Je n’oublierai jamais le boss Psycho Mantis dans Metal Gear Solid 1. La scène est particulièrement flippante. Déjà parce que la musique est super glauque, ensuite parce que ce boss est habillé tout en cuir noir et enfin parce qu’il faut changer le port de sa manette pour ne pas qu’il puisse « lire dans nos pensées ». C’était vraiment quelque chose de fou pour l’époque – un brin de folie qu’on a encore du mal à retrouver aujourd’hui dans le jeu vidéo.
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